Nawel Devilson

Le soir du réveillon de Noël, certains dînent autour d’une dinde fumante, d’autres ouvrent des cadeaux, mais pour Nawel ce n’est plus le cas. Cette soirée censé être la plus belle, elle la fête seule, depuis une dizaine d’année avec pour modeste compagnie une photo de ses parents, un homme et une femme aimants, la seule qui lui reste. Tous les vingt-quatre décembre, elle pense à cette nuit-là, à ce jour que les enfants aiment tant, mais qu’elle aimait encore plus que n’importe qui, car tous les vingt-quatre décembre, elle fête aussi son anniversaire.

Ce que l’on pourrait retenir, c’est que le plus beau cadeau que l’on peut offrir à un couple le soir de Noël, c’est un enfant. Cette petite chose remplit d’énergie quand il s’agit de t’empêcher de dormir en se mettant à pleurer à trois heures du matin et qui, plus tard, viendra te réveiller un samedi matin à sept heures car il voudra déjeuner ou parce qu’il ne saura pas allumer la télé pour regarder ses dessins-animés. On peut dire que Nawel est ce genre de cadeau un peu empoissonné, mais qui fait tout de même le bonheur de ses parents.La jeune fille a vécu une enfance heureuse jusqu’à cette soirée du vingt-quatre décembre, cette soirée où elle aurait la double portion de cadeau pour avoir eu la chance d’être née le soir du réveillon de Noël. Elle était alors âgée de sept ans tout juste, venait de déballer son dernier cadeau dans lequel se trouvait la poupée de ses rêves quand l’impensable se produisit. Un homme sorti de nulle part, débarqua dans le salon et ouvrit le feu. La première balle fût pour sa mère, la seconde pour son père, quant à la troisième, elle l’effleura de peu et termina son voyage dans le mur. Elle apprit plus tard que cet homme était reparti bredouille, qu’il n’eut pas le temps de voler quoi que ce soit à cause des voisins alarmés par le bruit. Suite à cet accident, n’ayant aucune famille proche pouvant la recueillir, Nawel alla de famille d’accueil en famille d’accueil comme un vulgaire objet de brocante que l’on vend à la première personne qui passe. Personne ne tenait à l’adopter. Elle était trop rebelle, trop empotée, trop quelques choses et jamais assez parfaite.
La veille de ses onze ans, elle prit la grande décision de fuir. Fuir pour un monde meilleur, fuir pour vivre, fuir pour se reconstruire. Mais à onze ans, on est encore une enfant, à onze ans, tout ce qu’on espère trouver au coin de la rue, au bout du chemin, c’est un peu d’amour et une peluche pour se réconforter. C’est à ce moment-là qu’elle vous dira que sa bonne étoile veillait sur elle, car au bout de ce chemin ce n’est pas une peluche qu’elle trouva, non, c’est une famille qui venait tout juste de fonder un orphelinat pour les enfants comme elle, les enfants que personne ne voulait.

Même si ce nouveau départ n’effacera jamais les blessures de son passé, elle a enfin trouvé une famille, une très grande famille.