La musique donne une âme à nos coeurs et des ailes à la pensée. [Azalée Chêne & Alphonse Feldmann]

Après la classe de mathématiques, les élèves avaient une heure de temps libre avant le prochain cours et ils avaient donc quartier libre, à condition de rester dans les environs. Azalée n'ayant pas envie d'être dérangé et souhaitant passer une heure de plus en compagnie d'Alphonse, l'entraîna sans lui demander la permission devant la salle de musique, qui par chance, était l'une des rares salles de classe à rester ouvertes à tout moment de la journée.

- Puisque je ne peux pas savoir tes talents cachés, je vais te montrer un des miens. Dit-elle en lui souriant. Peut-être que tu préféreras cette facette de moi plutôt que celle qui s'intéresse aux jeux vidéos.

Azalée ouvrit la porte et prit une des mains d'Al pour le faire rentrer avec elle. Habituellement, elle n'aurait jamais osé se comporter de la sorte avec un garçon qu'elle connaissait depuis seulement quelques heures, mais elle s'était attachée à lui et lui accordait toute sa confiance. C'était devenu un ami et non une simple connaissance. Elle le laissa à quelques mètres des instruments de musique et partie chercher son violon ainsi qu'un pupitre. Elle installa le matériel sans dire un mot et ouvrit ses partitions. Elle savait exactement quoi jouer. Elle était persuadée qu'il allait reconnaître.

- Tu me diras si tu reconnais la mélodie. Et quand je te dirais, tu pourras lancer le CD d'accompagnement, s'il te plait ? Il est déjà dedans et c'est la première.

Elle plaça la tête du violon dans sa main gauche et fixa la mentonnière entre son menton et son épaule. Quant à l’archet, elle le plaça au niveau de ses quatre derniers doigts.

- Tu peux lancer.

Aussitôt le CD mit en marche, elle commença à jouer.

Après le cours de maths, Al se fit entraîner par Azalée en direction de la salle de musique. Il protesta pour la forme, mais en vérité, il était ravi de pouvoir voler une autre heure dans l'emploi du temps de la jeune fille, d'autant plus si c'était pour découvrir un de ses "talents cachés" comme elle disait. C'est donc avec un grand sourire qu'Al passa la porte de la petite salle remplie d'instruments en tous genres. L'orphelinat avait ce bon côté : les activités culturelles, comme la musique, étaient fortement encouragées auprès des élèves, du coup Mrs Evergreen accordait un généreux budget à l'achat d'instruments divers et variés, du simple violon à la batterie en passant par le biniou breton.
Al s'adossa au mur, à côté des enceintes et de l'ordinateur.

- Tu me diras si tu reconnais la mélodie. Et quand je te dirais, tu pourras lancer le CD d'accompagnement, s'il te plait ? Il est déjà dedans et c'est la première.

Al opina et regarda Azalée s'équiper d'un violon. À son signal, il appuya sur le lanceur du CD adéquat. Et la jeune fille commença à jouer.
Dés les premières notes, Al reconnut le morceau : le générique de Game of Thrones, sa série favorite. Mais ce que jouait Azalée ne relevait pas uniquement de la simple reprise d'une musique connue. Au violon, c'était... magique.
Al se laissa emporter par les notes lentes de l'instrument. Il était impossible de ne pas voir des images défiler devant ses yeux en les écoutant. Et ce qu'Al voyait à ce moment, c'était des souvenirs et des pensées qu'il s'était toujours interdit d'avoir. Ses plus anciens souvenirs dataient de ses trois ans environ, il vivait déjà dans un orphelinat... Comment aurait été sa vie s'il avait grandi dans une vraie famille, avec des parents, des frères, des sœurs ? Serait-il le même qu'aujourd'hui ? Non, sûrement pas. Il aurait eu une enfance facile parmi des gens qui l'auraient aimé et chouchouté. Il aurait pu rendre ses parents fiers en leur offrant un beau dessin, ou avec une bonne note ramenée de l'école. Il aurait pu jouer au football avec son père, faire la cuisine avec sa mère, aller à la plage et à la montagne. Il aurait pu...
Tandis que la musique touchait à sa fin, une unique larme naquit au coin de l’œil d'Alphonse et roula sur sa joue pour ensuite finir sa course sur le parquais de la salle de musique.

Azalée venait de terminer son morceau de violon avec un immense sourire aux lèvres. Elle allait demander à Al s'il avait deviné ce qu'elle avait joué, mais en relevant la tête, elle remarque les yeux humides du jeune homme. Elle posa son violon au sol sans faire de bruit et s'approcha de lui à pas de loups. Elle se sentait mal d'avoir réussi à le faire pleurer. Était-ce à cause de la musique ? Ou peut-être de toutes autre chose, mais elle se sentait coupable.

- Al ?  Tu vas bien ?

Elle arriva à sa hauteur et sortit de sa poche un paquet de mouchoir qu'elle lui tendit. C'était légèrement bizarre comme situation. Habituellement, ce sont les filles qui pleurent et les garçons qui tendent un mouchoir en soie pour qu'elles puissent sécher leurs larmes. Du moins, c'était son propre opinion, celui qu'elle s'était fait à force de lire des livres à l'eau de rose. De ce fait, elle se sentait mal à l'aise et ne savait pas comment réagir. Son cœur lui hurlait de le prendre dans ses bras, alors que son subconscient lui disait de ne rien faire. Il avait sûrement sa fierté lui aussi et même si elle était sûrement moins bien grosse que celle de Nawel, il pourrait mal le prendre.

- Je joue si mal que ça ? Demanda-t-elle pour détendre un peu l'atmosphère.

Elle fit un petit sourire crispé et poursuivit. Tant pis. Elle allait lui demander !

- Je ne sais pas si je fais bien de dire ce que je vais dire, mais je n'aurais pas de remords si je ne te pose pas la question. Tu veux en parler ?

- Al ?  Tu vas bien ?

Le jeune homme cligna des yeux en se rendant compte qu'Azalée avait fini de jouer et s'approchait maintenant de lui, une mine inquiète sur le visage. Al s'essuya précipitamment les yeux avec la manche de son sweat. Il s'en voulait d'avoir pleuré, ce n'était pas du tout son caractère habituel, et dans le genre homme virile, on faisait mieux.

- Je joue si mal que ça ? demanda Azalée lorsqu'elle arriva à sa hauteur.

Al émit un petit rire et se redressa vers elle en souriant.

- Non non, pas du tout. Au contraire, c'était magnifique...

- Je ne sais pas si je fais bien de dire ce que je vais dire, mais je n'aurais pas de remords si je ne te pose pas la question. Tu veux en parler ?

Al faillit secouer la tête en signe de négation. Après tout, Azalée aussi était orpheline, tout comme lui, que risquait-il à lui parler de ce qu'il ressentait ? Ce n'était sûrement pas à Nawel qu'il pourrait en parler, et encore moins à un adulte de l'orphelinat. Alors, pourquoi pas... Al rangea sa virilité et sa fierté au placard et se lança, après un léger soupir.

- Je me demandais... ce qu'aurait pu être notre vie hors de ces murs, dans une vraie famille... C'est stupide de penser à ça maintenant, je sais, mais quand même...

Azalée ne put s'empêcher de réprimander un sourire. Combien de fois c'étaitt-elle posée la question ? Combien de fois avait-elle rêvé de la famille parfaite qu'elle aurait pu avoir si son père n'avait pas tout gâché ? Combien de fois avait-elle espéré se réveiller de ce si long cauchemar ? Sûrement un nombre incalculable de fois, empêchant de fournir une réponse.
Elle plongea son doux regard dans celui d'Alphonse. Elle se voulait rassurante, compatissante, mais elle avait aussi besoin d'un peu de réconfort, tout comme lui. Alors sans réfléchir, elle prit délicatement ses mains dans les siennes et les serra.

- Ne dis pas ça, ce n'est pas stupide d'y penser et encore moins maintenant... Tu as le droit, toi aussi, de te poser la question à un moment ou un autre...

La jeune fille cherchait ses mots, elle n'avait pas tellement l'habitude de parler de tout ça avec quelqu'un et c'était difficile de faire part de ses pensées ou sentiments sans divaguer et surtout sans trop en dire dès le premier jour de leur rencontre.

- Tu sais, je me suis imaginé un tas de scénarios possible sur ma vie en dehors de cet orphelinat et celui qui revenait le plus souvent était banal. Il ressemblait à ma vie d'avant, sans mes soucis et mes problèmes avec pourquoi pas un grand frère en plus de ma petite soeur. J'en rêve encore souvent et cette idée de bonheur me rend nostalgique... Mais des fois, le bonheur peut se trouver ailleurs que dans nos rêves et nos espoirs les plus fous. Il suffit d'ouvrir les yeux, il se peut qu'il se tienne juste en face de nous...

Sur ces mots, elle lui lâcha les mains avec douceur et déposa un baiser timide sur sa joue.

- Je ne t'aurais jamais rencontré si ta vie se déroulait ailleurs qu'ici et à cette heure-ci je serais sans doute encore une pauvre fille, seule, dans la bibliothèque à essayer de comprendre quelques choses aux animaux mythologiques.

Elle fit une petite pause et glissa une mèche de ses cheveux qui tombait devant ses yeux derrière son oreille.

- Tu as su raviver une once d'espoir en moi, à me donner confiance... Ton amitié vaut de l'or et ne t'inquiète pas, tu connaîtras assez vite une vie en dehors de ces murs, et tu auras un jour ta propre famille, je n'en doute pas une seule seconde.

Tout en écoutant Azalée d'une oreille attentive, Al essayait de reprendre une contenance. Il s'en voulait d'avoir pleuré, ce n'était pas vraiment dans son caractère. D'ailleurs, la sensibilité n'était pas une de ses qualités premières. D'ailleurs, c'était la première fois qu'il laisser aller ainsi ses sentiments, c'était même sa première larme depuis de longues années.
Azalée continuait de lui parler d'une voix apaisante. Et prit ses mains dans les siennes. Al tenta tant bien que mal de contrôler son rythme cardiaque qui commençait à s'emballer, et lui sourit gentiment en retour. Les paroles de la jeune fille le touchaient. Ce n'était pas des choses qu'il avait l'habitude d'entendre, pourtant, elles étaient emplies de vérité.
Al se redressa lorsqu'Azalée lui lâcha les mains, puis elle glissa une mèche de cheveux blonds derrière son oreille. Al trouva ce geste très mignon, et fût une fois de plus frappé par la beauté de la jeune fille.

- Tu as su raviver une once d'espoir en moi, à me donner confiance... Ton amitié vaut de l'or et ne t'inquiète pas, tu connaîtras assez vite une vie en dehors de ces murs, et tu auras un jour ta propre famille, je n'en doute pas une seule seconde.

Al tiqua sur l'histoire de l'amitié. Ok, mon gars, va falloir revoir ton plan drague parce que là t'es parti sur le chemin de la friendzone ! Mauvais !

- Personne ne m'avait jamais dit ça, pas même Nawel, souffla Al avec un sourire. Merci. Et je te souhaite la même chose...

Azalée méritait de vivre dans une grande famille, au centre de toutes les attentions, et grandir dans un bonheur sans tâche, songea Al. Pourtant, elle se retrouvait là, à l'orphelinat, avec lui. La vie pouvait vraiment se montrer injuste. Mais Al se fit une promesse. Il ferait tout son possible pour apporter du bonheur dans la vie d'Azalée. Il serait toujours là pour elle, friendzone ou pas friendzone.
Bon, il n'allait peut-être pas lui faire ce genre de grande déclaration maintenant, ils ne se connaissant officiellement que depuis trois heures. Elle allait sûrement s'enfuir en courant.

- Bref, revenons sur un sujet moins sérieux et impliquant moins de larmes ! Et dans lequel je pourrais récupérer ma virilité au passage... ajouta Al avec une petite grimace.

- Personne ne m'avait jamais dit ça, pas même Nawel, souffla Al avec un sourire. Merci. Et je te souhaite la même chose...

- Je pense que pour obtenir la moindre sympathie de cette fille, il faut continuer de croire aux contes de fées. Fit-elle en plaisantant. Mais ce n'est pas parce qu'elle ne te le dit pas, qu'elle ne le pense pas. Je crois qu'elle se cache derrière une carapace pour ne pas montrer ses faiblesses. Et être si...peste avec les autres lui permet de ne pas flancher. On a tous notre façon de réagir face aux épreuves que nous donne la vie et malheureusement pour toi, Nawel n'a pas choisi la meilleure.

La jeune fille avait l'étrange manie d'analyser le comportement de chaque personne et depuis ces derniers temps, elle s'était un peu plus intéressée à Nawel. Cette fille restait un grand mystère pour elle et la seule raison logique et valable qu'elle avait trouvé pour expliquer son comportement si détestable était la protection. Elle se protégeait d'elle-même, sans doute de son passé, mais aussi des difficultés qu'elle continuait de rencontrer et sûrement de la perte. Azalée connaissait l'histoire de celle-ci, du moins elle en avait légèrement entendu parler et elle en avait conclu qu'elle refusait de s'attacher à quelqu'un. Voilà pourquoi elle était odieuse même avec Alphonse. Elle ne souhaitait pas lui montrer son attachement pour éviter de souffrir si elle était amenée à le perdre un jour. Elle aurait sans doute continué de penser à elle si la voix d'Alphonse ne l'avait pas fait redescendre sur terre.

- Bref, revenons sur un sujet moins sérieux et impliquant moins de larmes ! Et dans lequel je pourrais récupérer ma virilité au passage...

- Tu veux peut-être que nous parlions de la reproduction des cétacés ? C'est un sujet un peu moins sérieux, mais je doute que tu puisses récupérer ta virilité avec ça.

Elle lui adressa un petit sourire moqueur et reprit :

- Mais je trouve ça plutôt mignon, un garçon sensible et qui pleure... Et à mes yeux, tu n'as perdu aucune virilité.

- Tu veux peut-être que nous parlions de la reproduction des cétacés ? C'est un sujet un peu moins sérieux, mais je doute que tu puisses récupérer ta virilité avec ça.

- Hey ! Le sarcasme c'est chasse gardée, ok ? protesta Al avec un faux air vexé.

Cependant le faux air ne tint pas longtemps, puisque le jeune homme afficha aussitôt un énorme sourire. Ils avaient le même humour, et ça le remplissait de joie. Certes, il ne lui en faut pas beaucoup pour le rendre heureux, mais que voulez-vous y faire ? L'amour rend gaga, c'est prouvé scientifiquement.

- Mais je trouve ça plutôt mignon, un garçon sensible et qui pleure... Et à mes yeux, tu n'as perdu aucune virilité.

Quel changement ! Depuis une bonne dizaine d'années, Al se sentait obligé de dissimuler ses plus extrêmes émotions. Une question de survie sociale, quand on fréquentait Nawel toute la journée. Or à présent, Azalée le trouvait mignon... Un bon point pour lui certes, mais un énorme changement tout de même. Bon, il n'allait pas se mettre à déballer ses sentiments à la première personne venue, ce n'était tout simplement pas dans son caractère, mais il se sentait plus... libre. Et soulagé d'un poids aussi.

Al s'éloigna du mur où il était adossé et s'assit sur le tabouret de la batterie. Il attrapa une baguette et commença à la faire tournoyer entre ses doigts.

- Et sinon, à part le violon et les jeux en lignes, quelles sont tes passions ? Fais-moi rêver, je suis tout ouïe, lui demanda-t-il avec un sourire malicieux.

La jeune fille regarda son petit numéro avec les baguettes de la batterie et sourit. Serait-il lui aussi un musicien ? Elle appréciait énormément la batterie, mais préférait les instruments dégageant une mélodie plus douce et moins... rock and roll, si elle pouvait dire cela ainsi. Elle s'approcha de lui, se plaçant à ses côtés.

- Et sinon, à part le violon et les jeux en lignes, quelles sont tes passions ? Fais-moi rêver, je suis tout ouïe, lui demanda-t-il avec un sourire malicieux.

Azalée planta ses yeux dans les siens. La jeune fille avait une multitude de passions. Que ce soit en sport, en musique ou en littérature. Sûrement à cause de sa mère, qui, pour changer les idées de toute la famille ouvrait ses enfants sur tout ce qui les entouraient. Ainsi, en dix-sept ans, elle savait faire beaucoup plus de choses que les jeunes de son âge.

- Et bien, la musique en général. Surtout le classique, mais j'écoute facilement autre chose, je ne suis pas fermée. Je joue de deux autres instruments en dehors du piano ; Du violon et de la harpe. Sinon, j'éprouve une irrésistible attirance pour les livres, comme tu as sans doute pu le remarquer, mais surtout pour le théâtre que j'ai longtemps pratiqué. J'aime aussi beaucoup écrire et j'aimerais énormément être éditée un jour, mais ça, ce n'est qu'un rêve de petite fille alors je ne compte pas trop là-dessus. Je peins aussi, mais rien de bien glorieux.

Et elle oubliait sans doute plusieurs autres talents cachés comme la cuisine et le chant, mais Alphonse aurait bien le temps de tout découvrir par lui-même.

- Et on va dire que je me débrouille plutôt bien en patinage. Patinage artistique. Et toi alors ? Tu joues ? Demanda-t-elle en désignant la batterie.

Al se décala sur le tabouret, laissant de la place pour Azalée. La jeune fille planta ses yeux dans les siens, faisant une fois de plus chavirer le coeur d'Alphonse, et commença à lister ses nombreuses passions. Al l'écouta attentivement, très impressionné par tout ce qu'elle savait faire. On aurait dit qu'elle avait déjà tout fait dans sa vie. Bonne chance pour la surprendre après ça, mon pote..., songea Al, légèrement dépité.

- Et on va dire que je me débrouille plutôt bien en patinage. Patinage artistique, ajouta-t-elle. Et toi alors ? Tu joues ?

- Dommage qu'on ait pas de patinoire à disposition, j'aurais adoré te voir en action, ça doit être impressionnant, s'exclama Al avec une pointe d'admiration.

... Alors que lui n'avait jamais enfilé un quelconque patin à glace. Pas même de simples rollers d'ailleurs...

- Et pour répondre à ta question, ouais, je joue, ajouta-t-il en désignant la batterie du bout de sa baguette. Ça permet d'évacuer mon trop plein d'énergie, disons. Je fais un peu de tamtam aussi, et du foot côté sport. Sinon j'ai un certain talent pour le lancer puis gobage de M&M's. J'aurais pu devenir champion olympique, mais malheureusement je me suis blessé au genou ce qui m'a obligé à mettre fin à ma carrière, pourtant si prometteuse. Triste vie, hein ?

- Dommage qu'on ait pas de patinoire à disposition, j'aurais adoré te voir en action, ça doit être impressionnant, s'exclama Al avec une pointe d'admiration.

La jeune fille s'assit à ses côtés et posa ses mains sur ses genoux, nus, puisque ça robe arrivait légèrement au-dessus. Elle baissa légèrement la tête, se crispant légèrement. Impressionnant ? Pas si sûre. Cela aurait pu l'être, il y a quelques années de ça, maintenant, elle doutait fortement de pouvoir réaliser à la perfection un Lutz ou un Flip. Si sa mère l'entendait, elle lui dirait que c'est comme le vélo ou le changement de couche d'un bébé ; Ça ne s'oublie pas. Mais une fois encore, elle en doutait.

- Et pour répondre à ta question, ouais, je joue, ajouta-t-il en désignant la batterie du bout de sa baguette. Ça permet d'évacuer mon trop plein d'énergie, disons. Je fais un peu de tamtam aussi, et du foot côté sport. Sinon j'ai un certain talent pour le lancer puis gobage de M&M's. J'aurais pu devenir champion olympique, mais malheureusement je me suis blessé au genou ce qui m'a obligé à mettre fin à ma carrière, pourtant si prometteuse. Triste vie, hein ?

Azalée lâcha un petit rire. Elle l'imaginait très bien en train de gober des M&M's et la scène était particulièrement comique. Mais pourquoi pas ? Elle avait apprit il y a peu de temps, qu'il existait des championnats de Yo-Yo, alors pourquoi pas de gobage de M&M's ?

- Je pense que tu auras ramener la médaille d'or. Mais c'est peut-être mieux ainsi, comme ça, monsieur le champion olympique peut me laisser des M&M's, car il s'avère que ce soit mon péché mignon...

Ce n'était pas son seul péché mignon. Elle était également raide dingue des Schokobons et des Dragibus. Une vraie drogue.

- Du tamtam ? Demanda-t-elle, amusée en repensant à ce qu'il avait dit. Sérieusement ? Ce n'est pas anodin de jouer cet instrument. Et, tu ne voudrais pas me jouer un morceau ? Batterie ou tamtam, à toi de choisir.

- Je pense que tu auras ramener la médaille d'or. Mais c'est peut-être mieux ainsi, comme ça, monsieur le champion olympique peut me laisser des M&M's, car il s'avère que ce soit mon péché mignon...

- Comme ça je saurai quoi t'offrir pour ton anniversaire... glissa Al avec un clin d'oeil.

Des images particulièrement niaises et romantiques naquirent dans son esprit, à propos de pique-niques dans un parc, de couchers de soleil et de lancers de M&M's, qu'Al s'empressa de chasser avant que la bave ne commence à couler au coin de sa bouche. Pas très sexy la bave.

- Du tamtam ? Demanda-t-elle, après un temps. Sérieusement ? Ce n'est pas anodin de jouer cet instrument. Et, tu ne voudrais pas me jouer un morceau ? Batterie ou tamtam, à toi de choisir.

- Hmm, ok, va pour le tamtam alors.

Al lui sourit puis se leva du tabouret qu'il occupait et se dirigea vers le fond de la salle, où étaient rangés les instruments peu utilisés. Il écarta de la main une housse de trombone et attrapa son tamtam, décoré de perles aux couleurs de la Jamaïque. Al retourna au centre de la pièce et s'assit sur un tabouret qui traînait là, puis cala l'instrument entre ses cuisses.
Après un coup d'oeil vers Azalée, il prit une grande inspiration et commença à jouer. Le morceau n'était pas une reprise de musique connue, plutôt un truc improvisé sur le pouce. Al espérait que son léger stresse ne se voyait pas, c'était la première fois qu'il jouait pour une fille, autre que Nawel bien sûr.
Après quelques minutes, Al cessa de jouer et posa le tamtam devant lui.

- C'est pas aussi mélodieux que le violon, mais c'est tout ce que je peux faire avec ça, mon niveau à la guitare n'étant, à mon grand dam, pas très élevé, grimaça Al en se redressant. Mais je bosse dessus, je devrais pas tarder à chopper le truc !

- Comme ça je saurai quoi t'offrir pour ton anniversaire... glissa Al avec un clin d'oeil.

La jeune fille sourit et se retint de juste de ne pas rire. Elle s'imaginait avec beaucoup de plaisir, Alphonse lui offrir un paquet de M&M's avec un petit ruban décoratif dessus en lui criant "Joyeux anniversaire !" à s'en arracher les poumons. Oui, elle aimerait bien assister à cette scène un jour, mais pour ça, Al oubliait quand même quelque chose qu'elle lui rappela avec un petit ton moqueur.

- J'en serais très touchée, mais pour ça, il faudrait encore que tu saches ma date de naissance. Alors, sauf si tu es devin, tu ne l'as connais pas...

Après quelques échanges, il choisit de lui jouer un morceau de tamtam. La jeune fille le regarda partir vers le fond de la pièce pour en dénicher son instrument avant de s'installer confortablement et de commencer à jouer.
Dans un premier temps, Azalée ne put pas se résoudre à détacher son regard du jeune homme. Son petit stress qu'il tentait tant bien que mal à cacher, lui donnait un certain charme qui ne la laissait pas indifférente. Sentant son cœur s'emballer, elle secoua vivement la tête pour détourner son regard, qui se posa sur ses mains. Il jouait avec beaucoup d'adresse et pour elle, à ce moment prévis, il ne faisait qu'un avec son instrument. Elle se laissa emporter par le son que lui procurait l'instrument et fut assez surprise de ne pas s'être aperçut qu'Alphonse avait terminé de jouer et s'adressait maintenant à elle.

- C'est pas aussi mélodieux que le violon, mais c'est tout ce que je peux faire avec ça, mon niveau à la guitare n'étant, à mon grand dam, pas très élevé, grimaça Al en se redressant. Mais je bosse dessus, je devrais pas tarder à chopper le truc !

- Je ne pourrais nier ce que tu viens de dire, mais le tamtam a aussi son charme... Dit-elle entre deux sourires. Charme qui ne me laisse pas si indifférente que ça.

Elle resta un petit peu à l'écart, l'observant comme elle ne l'avait jamais observé. Une impression de se sentir en sécurité dès qu'elle était proche de lui se dégageait et l'apaisait. Elle se méfiait de la gente masculine et jamais elle n'aurait cru réussir à passer du temps, seule, en compagnie d'un garçon, dans une pièce fermée et à l'abrit de n'importe quels regards. Toutefois, elle restait méfiante et sur la défensive. Son père aussi avait réussi à tous les berner.

- Je ne pourrais nier ce que tu viens de dire, mais le tamtam a aussi son charme... Dit-elle entre deux sourires. Charme qui ne me laisse pas si indifférente que ça.

- Aaah, le charme inexplicable des joueurs de tamtam... soupira Al avec un sourire en coin.

Tout en triturant les perles qui décoraient son instrument, Al détailla Azalée, toujours assise derrière la batterie. Même si son "plan drague", comme disait Nawel, semblait marcher comme sur des roulettes, Al remarqua un léger trouble chez la jeune fille. La façon dont elle tripotait l'ourlet de sa jupe ne lui avait pas échappé, comme si elle était embarrassée et/ou gênée -rayez la mention inutile. Or, pas imbu de lui-même au point de penser que c'était son incroyable talent de musicien qui lui faisait cet effet-là, Al était intrigué. Il était cependant trop éloigné pour poursuivre son analyse corporelle -pour peu qu'il y ait été doué un jour.
Après un petit temps d'hésitation, Al se décida à rejoindre Azalée sur le tabouret de la batterie, laissant son tamtam au milieu de la pièce.

- À quoi tu penses ? lui demanda-t-il doucement.

Puis, alors qu'elle levait les yeux vers lui (pour lui répondre sembla-t-il), Al ne pu s'empêcher d'ajouter vivement :

- Oh God ! Ne me fais pas le coup des larmes et des réflexions philosophiques et hypothétiques sur le sens de notre misérable vie, je t'en prie, implora-t-il avec une grimace comique.

La jeune fille était perdue dans ses pensées, dans ses lointains souvenirs, enfin, tout dépend par ce qu'on entend par "lointain", mais pour elle, toute sa vie en dehors de l'orphelinat Evergreen lui semblait être une autre vie. Elle repensa à sa famille, ses deux plus jeunes sœurs qui avaient perdu la vie bien trop tôt et à son autre petite sœur, Garance, portée disparu depuis trop longtemps à son goût. Elle n'avait jamais cessé de garder espoir et de la retrouver un jour, au fond d'elle, elle sentait qu'elle était encore vivante à l'attendre quelque part. Seulement, ce n'était pas entre ces murs qu'elle lui serait d'une quelconque utilité et le sentiment de culpabilité à l'idée de l'avoir abandonnée était encore plus présent depuis que la police avait décidé d'abandonner les recherches, classant l'affaire comme résolut. Des fois, elle se demandait bien ce qui pouvait encore la retenir ici, mais fuir pour suivre une piste inexistante n'était pas la meilleure des solutions, loin de là. Dans à peine un an elle serait majeure et libre de faire ce qu'elle souhaitait. Et ce qu'elle souhaitait par-dessus tout, c'était de retrouver sa cadette.

- À quoi tu penses ? lui demanda-t-il doucement.

Sa question avait été posée si calmement qu'elle l'avait à peine entendue. Elle releva lentement les yeux vers lui, ravalant ses larmes et remettant ses soucis et tracas à plus tard. Elle ouvrit la bouche, mais la referma aussitôt lorsqu'il la devança.

- Oh God ! Ne me fais pas le coup des larmes et des réflexions philosophiques et hypothétiques sur le sens de notre misérable vie, je t'en prie, implora-t-il avec une grimace comique.

Elle lâcha un petit sourire et soupira en tournant légèrement la tête pour regarder un horizon encore inconnu devant-elle. Peut-être était-ce le cadre comportant une peinture représentant une clef de sol ou un des pupitres qui attendait sagement d'être utilisé, personne ne le savait.

- Ne t'inquiète pas. Je n'ai pas pour habitude de pleurer devant quelqu'un, même un ami... Et je ne suis pas d'humeur à faire un débat sur le sens misérable de notre vie, comme tu le dis si bien. En revanche, je peux répondre à ta question, te dire à quoi je pensais, mais ce n'est pas très intéressant, tu sais.

Elle posa lentement sa main sur celle d'Alphonse qui était posé sur le tabouret et reporta son regard vers lui.

- Je pensais à une de mes sœurs. Elle me manque énormément. Les autres aussi, mais ce n'est pas pareil. J'ai... Elles n'ont pas eu à vivre le même enfer que Garance et moi, elles n'ont pas eu à traverser tout ce qu'on a dû endurer après qu'elles soient parties et...

Sa voix se brisa avant même de pouvoir terminer sa phrase, ce qui n'était pas plus mal dans le fond . Elle dût alors faire preuve d'un immense courage pour contenir ses larmes et ne pas éclater en sanglots dans les bras de son ami. Même si elle n'en demandait finalement pas moins...

- Ne t'inquiète pas. Je n'ai pas pour habitude de pleurer devant quelqu'un, même un ami... Et je ne suis pas d'humeur à faire un débat sur le sens misérable de notre vie, comme tu le dis si bien. En revanche, je peux répondre à ta question, te dire à quoi je pensais, mais ce n'est pas très intéressant, tu sais.

Al leva les yeux au ciel. Le simple fait de la regarder pouvait le distraire pendant des heures. Comment pouvait-elle donc l'ennuyer en lui faisant partager ses pensées ? Cette fille n'était pas consciente du charme fou qu'elle avait. Et ça la rendait encore plus attirante aux yeux d'Al.
Trop occupé à la dévorer du regard, Al ne se rendit pas tout de suite compte du geste qu'Azalée avait esquissé. Il se sentir fondre de l'intérieur lorsqu'elle posa sa main sur la sienne. Dieu que sa peau était douce ! Al dut se faire violence pour ne pas prendre sa main à son tour, n'étant pas sur à 100% de l'état d'esprit de la jeune fille. Autant éviter de l'effrayer.

- Je pensais à une de mes sœurs. Elle me manque énormément. Les autres aussi, mais ce n'est pas pareil. J'ai... Elles n'ont pas eu à vivre le même enfer que Garance et moi, elles n'ont pas eu à traverser tout ce qu'on a dû endurer après qu'elles soient parties et...

La voix d'Azalée se brisa tandis que les yeux d'Al se remplissaient de compassion. Lui n'avait pas de frère ni de soeur, il pouvait donc difficilement comprendre ce qu'elle ressentait, mais la tristesse dans ses paroles l'affectait profondément. Al ne connaissait pas l'histoire d'Azalée, et ce n'était de toute évidence pas le moment de lui poser la question. Il se sentait impuissant.
Tout plan de drague envolé (pour le moment du moins), Al fit la seule chose qui lui venait à l'esprit. Il la prit dans ses bras, comme un ami aurait pu le faire, pour lui apporter toute la chaleur et le réconfort dont il était capable. Et tant pis s'il tombait dans cette friendzone de malheur, le bonheur d'Azalée passait avant son bonheur personnel.

- Même si on ne se connait officiellement que depuis ce matin, si jamais t'as besoin de quelqu'un à qui parler ou pour faire n'importe quoi d'autre, je suis là, lui souffla-t-il. Je t'autorise même à venir me réveiller au beau milieu de la nuit, petite veinarde, ajouta-t-il pour détendre l'atmosphère.

Trop occupée à contenir ses larmes la jeune fille fût complètement prise au dépourvu lorsqu'il la prit dans ses bras et qu'il la serra contre lui. Elle sursauta -bien qu'il soit à peine perceptible, son cœur s'emballa et elle hésita longuement à se retirer de sa chaleureuse étreinte qui lui procurait un certain bien-être et la consolation dont elle avait tant besoin. Il n'est pas comme lui, s'obligea-t-elle a penser, arrête d'être sur la défensive. Pour être sur la défensive, ça elle l'était. Si elle n'avait pas une confiance aveugle en lui, il se serait déjà retrouvé avec la marque de sa main sur sa joue. Pas très glamour, pas très sympathique non plus, mais c'est la seule chose dont elle aurait pu faire pour se protéger de ses mauvaises intentions, si toutefois il en avait eu, mais là, ce n'était pas le cas et elle put se permettre de se détendre un peu. Juste un peu.

- Même si on ne se connait officiellement que depuis ce matin, si jamais t'as besoin de quelqu'un à qui parler ou pour faire n'importe quoi d'autre, je suis là, lui souffla-t-il. Je t'autorise même à venir me réveiller au beau milieu de la nuit, petite veinarde, ajouta-t-il pour détendre l'atmosphère.

Une fois encore, le jeune homme arrivait à lui faire décrocher un semblant de sourire alors qu'elle n'en avait absolument pas envie. Ses paroles la frappèrent, comme un coup de poignard en plein cœur, mais dans le bon sens. Il s'inquiétait pour sa misérable personne bien plus qu'elle se soit inquiété pour elle-même et ça la touchait, profondément. Finalement, son corps se détendit et elle laissa la chaleur de celui d'Al réchauffer son âme qui partait à la dérive. Elle ferma les yeux et s'autorisa à poser la tête sur son épaule. Après tout ce qui venait de se passer en quelques heures, dire qu'ils n'étaient pas suffisamment amis pour réagir de la sorte serait mentir. Elle resta silencieuse, se laissant bercer par les battements du cœur de son ami et finit par prendre la parole, son ton était le plus bas possible pour ne pas briser cet instant si...apaisant.

- Tu pourrais éviter de préciser qu'on se connait que depuis ce matin, car sincèrement, je n'en ai pas tellement l'impression...

Elle ouvrit lentement les yeux et laissa un petit soupire s'échapper. Elle pleurait.

- Je prends note de ta charmante invitation..., mais pour ça, il faudrait que j'arrive à rejoindre ton dortoir sans me faire renvoyer par tirage d'oreille dans le mien par un des surveillants...

Al sentit Azalée se raidir contre lui. Quelques secondes passèrent puis elle se détendit finalement. Ouf, la baffe qu'il s'était attendu à recevoir pendant un instant ne viendrait pas. Dieu soit loué. Et pourtant, Al ne croyait en rien d'autre que la science, c'est dire s'il était soulagé.
En attendant, Al se sentait incroyablement bien, sentant le corps chaud de la jeune fille tout contre le sien. Il aurait voulu rester ainsi indéfiniment, à respirer le doux parfum de ses cheveux, sa tête blonde contre son épaule.

- Tu pourrais éviter de préciser qu'on se connait que depuis ce matin, car sincèrement, je n'en ai pas tellement l'impression...

- Moi non plus...

En une journée, il en avait plus appris sur Azalée qu'au cours de ces deux dernières années, pendant lesquelles il avait essayé de réunir le plus d'informations possible sur elle dans le but de l'aborder un jour... Qui l'eût cru ? Pas lui en tout cas.

- Je prends note de ta charmante invitation..., mais pour ça, il faudrait que j'arrive à rejoindre ton dortoir sans me faire renvoyer par tirage d'oreille dans le mien par un des surveillants...

- Fais-moi confiance sur ce coup-là, sourit-il. Je suis plutôt doué pour créer des diversions puis me faufiler entre les pattes des surveillants. Le roi de la faufilade.

Al sentit quelque chose mouiller son t-shirt, au niveau de son épaule gauche. Inquiet, il s'écarta doucement d'Azalée, et remonta légèrement le menton de la jeune fille de ses doigts. Elle pleurait.

- Ma blague était si nulle que ça ? fit-il dans une maigre tentative pour la faire sourire.

Puis, plus sérieusement, un pli soucieux barrant son front :

- Je ne vais pas te demander si ça va puisque, de toute évidence, non, ça ne va pas. Donc je demanderai plutôt : c'est à cause de moi ?

Azalée ne broncha pas lorsqu'Alphonse s'écarta doucement d'elle, à un mouvement près. Par réflexe afin qu'il ne puisse pas la voir pleurer et elle baissa la tête. Elle se haïssait déjà pour lui avoir déballer une partie de sa misérable vie et se haïssait encore plus pour ce moment de faiblesse qu'elle ne se serait jamais autorisée à avoir auparavant par simple principe et aussi pour une petite fierté, même si elle n'était pas bien grosse. Il faut dire que le jeune homme la tourmentait un peu trop et lui faisait perdre ses moyens. Bien sûre, elle se doutait qu'une tête basse n'allait certainement pas l'arrêter, donc elle ne fut pas surprise de sentir son menton se relever avec la simple pression d'un doigt.

- Ma blague était si nulle que ça ?

Quelle blague ? Il avait dit une blague ? Ah, celle-là ! Celle qu'elle n'avait pas écouté, trop occupé à pleurer. Oui. Logique. Elle haussa un petit sourcil, en espérant que ses larmes cessent bien vite de couler, mais visiblement elles n'en avaient pas envie et n'étaient pas prête de s'arrêter en si bon chemin.  To lose, se dit-elle pour se redonner un peu de vivacité, try again !

- Je ne vais pas te demander si ça va puisque, de toute évidence, non, ça ne va pas. Reprit-il plus sérieusement. Donc je demanderai plutôt : c'est à cause de moi ?

La jeune fille plongea ses yeux dans les siens et lui répondit le plus sérieusement possible.

- Oui. C'est de ta faute... Tu ne te rends pas compte que ta présence me dérange, que tu es vraiment le type le plus relou de la planète et qu'en plus de ça, tes blagues à deux balles vont finir par me rendre folle. Franchement, si je pouvais croiser le chemin d'un vampire afin qu'il utilise son charisme pour me faire oublier cette horrible journée, je serais la fille la plus comblée de la galaxie.

Son ton ne l'avait pas trahis et elle en était plutôt fière. Elle n'était pas si faible que ça finalement ! Ok. C'était grâce à lui et de la perche qu'il lui avait tendu. Puis, ne résistant plus, elle sourit et le poussa tout doucement.

- Je plaisante. Pourquoi ce serait à cause de toi ?

- Oui. C'est de ta faute... Tu ne te rends pas compte que ta présence me dérange, que tu es vraiment le type le plus relou de la planète et qu'en plus de ça, tes blagues à deux balles vont finir par me rendre folle. Franchement, si je pouvais croiser le chemin d'un vampire afin qu'il utilise son charisme pour me faire oublier cette horrible journée, je serais la fille la plus comblée de la galaxie.

Al palissait au fur et à mesure qu'Azalée reprenait du poil de la bête. Son visage se décomposa sous l'avalanche de ses dures paroles, et, pour une fois, ne savait pas quoi dire et restait complètement bouche bée. Diantre, s'il s'était attendu à ça... Il commençait à se maudire intérieurement pour avoir fait pleurer la fille de ses rêves, quand celle-ci le poussa gentiment de la main.

- Je plaisante. Pourquoi ce serait à cause de toi ?

Al lâcha un énorme soupir de soulagement virtuel. Il n'était donc pas le dernier des abrutis ! Enfin si, un peu, vu qu'il venait de se faire avoir. Et en beauté en plus.

- Ok, j'avoue, tu m'as eu, lâcha-t-il en se détendant sur son siège. Sérieux, je ne me serais jamais pardonné de t'avoir fait pleuré, ne me refais plus jamais ça !

Pour appuyer ses paroles, Al plissa les yeux d'un faux air menaçant avant de reprendre :

- Et pour en revenir à ta question : avoue que je suis en droit d'avoir des doutes. On est que deux dans cette pièce, et tu es triste. Donc j'ai dû faire ou dire quelque chose que je n'aurais pas dû... Me trompe-je ?

- Ok, j'avoue, tu m'as eu, lâcha-t-il en se détendant sur son siège. Sérieux, je ne me serais jamais pardonné de t'avoir fait pleuré, ne me refais plus jamais ça !

Azalée continuait de sourire et dû faire un effort inconditionnel pour ne pas rire aux éclats. Il faut dire que la tête qu'avait tiré Alphonse lorsqu'elle avait commencé à lui dire tout ce qu'elle pouvait lui reprocher était parfaitement hilarante. Et sincèrement, si elle pouvait recommencer juste pour le plaisir des yeux, elle le referait et sans la moindre hésitation.

- Et pour en revenir à ta question : avoue que je suis en droit d'avoir des doutes. On est que deux dans cette pièce, et tu es triste. Donc j'ai dû faire ou dire quelque chose que je n'aurais pas dû... Me trompe-je ?

Elle le regarda en écarquillant les yeux et prit la parole :

- Oui, tu te trompes, Alphonse. Tu... Tu es une personne géniale, tu es doux et à l'écoute, tu ne pourrais pas faire pleurer une fille, même involontairement et si jamais cela se produit, c'est qu'elle t'aura cherché et mit tes nerfs à bout. Par conséquence, elle l'aura bien mérité. Tu vas me trouver bête, mais si un jour tu arrives à me faire pleurer, ce seront des larmes de bonheur et pas de peine. Tes gestes et tes paroles m'ont réchauffé le cœur. Personne ne s'était inquiété comme ça pour moi. Alors, crois-moi, tu n'y es pour rien dans ma tristesse et le seul fautif a disparu de la circulation et ne réapparaîtra sans doute jamais.

Elle se rapprocha de lui en glissant légèrement sur le banc et s'approcha de ses oreilles pour pouvoir lui murmurer quelques mots.

- N'oublie jamais que tu es quelqu'un qui vaut de l'or... Alors, merci. Merci d'être venu me parler ce matin et d'être mon ami.

Elle déposa un baiser sur sa joue et le gratifia d'un sourire. Si après ça il n'avait toujours pas compris, elle ne pouvait rien faire de plus pour que ça rentre...

Al tiqua à peine lorsqu'Azalée le nomma par son vrai prénom. Soit-dit-en-passant, c'était la première fois qu'on l'appelait ainsi sans un air moqueur dans la voix. Il devrait s'y habituer.
Les paroles de la jeune fille étaient sincères -Al le sentait- et elles le touchaient profondément. En même temps, il ne s'identifiait pas vraiment comme l'ami idéal que lui décrivait Azalée. Il était bourré de défauts, comme tout le monde. Sans compter qu'il ne voulait pas du tout être juste son ami !

- N'oublie jamais que tu es quelqu'un qui vaut de l'or... Alors, merci. Merci d'être venu me parler ce matin et d'être mon ami.

Al grimaça discrètement sur le dernier mot.

- Baah, tu sais, soupira-t-il en se frottant la nuque, je n'ai fait que mon devoir en me portant au secours d'une demoiselle en détresse ! Mais merci. Ça fait longtemps que je n'avais pas eu une discussion intéressante sans m'attendre à une pique en retour...

Machinalement, et sans vraiment s'en rendre compte, Al avait attrapé la baguette de la batterie et s'était remit à jouer avec, la faisant tournoyer entre ses doigts. Il était comme ça, impossible de rester immobile plus de cinq minutes... Hyperactivité qu'ils appelaient ça. Comme de par hasard, la sonnerie du prochain cours retentit dans le couloir.
Al se leva et s'étira le dos avant de s'adresser à Azalée :

- Cours de bio. Avec un peu de chance le prof ne sera toujours pas arrivé et on écopera d'une deuxième heure de liberté ! On y va ? proposa-t-il en lui tendant la main pour l'aider à se lever.

La jeune fille l'écouta avec attention. C'est vrai que si en dehors de Nawel il ne parlait pas à grand monde, ses conversations devaient être assez limitées et être plutôt orientés vers des disputes ou engueulade en tous genres. Elle lui sourit et le regarda faire tourner la baguette de la batterie entre ses mains...
Elle n'eut pas le temps de répondre que la sonnerie pour le prochain cours se mettait déjà à retentir. Déjà ? Elle soupira. Le temps était passé bien trop vite.

- Cours de bio. Avec un peu de chance le prof ne sera toujours pas arrivé et on écopera d'une deuxième heure de liberté ! On y va ? proposa-t-il en lui tendant la main pour l'aider à se lever.

Elle accepta sa main, se leva et lui murmura un petit sourire.

- Tu sais, elle est difficile à cerner ta copine, enfin Nawel. Je suis persuadé qu'elle est tout le contraire de ce qu'elle laisse paraître. Donc dans le fond, même si elle passe son temps à te prouver qu'elle ne t'aime pas tant que ça, je suis persuadé du contraire. Je ne connais pas la raison de son placement dans cet orphelinat, mais je suis sûre que son comportement a changé à cause de ça. Ou à cause de son passé, je ne sais pas. Alors, un jour, tu pourras sans doute tenir une conversation très intéressante avec elle sur comment dessiner une licorne de la corne à la queue. Conclut-elle avec un petit sourire ironique aux lèvres en repensant au cours de maths.