Qui aime bien châtie bien, ou pas ! [Nawel Devilson, Juliette Duchemin & Alphonse Daudet. Euh pardon, Feldmann.]

Nawel, Alphonse et Juliette arrivèrent devant la porte qui menait au sous-sol. Etant la première, donc devant tout le monde, elle se tourna vers eux en posant une main sur la poignet. Elle regarda la petite fille puis son ami.

- Daudet, tu feras le guet pendant qu'on sera en bas. Et tu n'auras cas faire sonner mon téléphone si la directrice ou un surveillant arrive, pour nous prévenir. Quant à toi, Juliette, tu descends avec moi.

Elle posa le sac qu'elle avait porté jusqu'à présent au pied d'Al et ouvrit la porte. Elle fit passer la jeune fille devant elle, regarda une dernière fois son ami et ferma la porte à clef le plus doucement possible. Après avoir descendu quelques marches, la lumière se faisait de plus en plus faible, et elles arrivèrent au milieu de la chaufferie.

- Je t'explique. Il y a deux clefs qui sont cachés. Une se trouve ici et l'autre derrière une de ses 3 portes. Dit-elle en pointa du doigts les trois concernés. Seulement, tu pourras choisir qu'une seule d'entres elles. Si tu ne choisit pas la bonne, pas de clef. Pas de clef, pas de chambre pour faire tes jolis petits rêves ce soir.

Elle sourit et sortie la clef avec laquelle elle avait fermé la porte.

- Ah oui, tu as quinze minutes pour trouver les deux clefs. Et si tu ne trouves pas la première, on reste coincé ici.

Elle jeta la clef qui tomba dans la pièce en émettant un petit cling. Elles étaient enfermés dans les sous-sols.

Juliette avait suivi et écoutée Nawel qui lui expliquait en quoi consistait son bizutage et elle pourrait mériter la palme d'or de la plus belle peste de l'année. L'empêcher de sortir des sous-sols ou d'avoir la clef de son dortoir était...déjà assez puéril, mais dans le fond, bien dégueulasse. Mais si elle n'arrivait pas à trouver la clef, elle pourrait toujours aller se plaindre auprès d'Al et tenter de négocier une nuit avec lui. Quoi de mieux pour énerver la brunette ?
Quand le chrono fit déclenché, pour commencer ses recherches, elle se précipita d'abord en direction des trois portes et choisit la dernière. Elle l'ouvrit et commença à retourner la pièce de fond en comble. Rien, pas la moindre petite trace de clefs.

On fait quoi Oursy...? [...] Ah oui, tu as raison !

La petite fille venait de remarquer une porte sur le côté gauche de la pièce et si on en croyait les déductions de son ours en peluche, elle menait aux autres pièces. Elle recula de quelques pas et passa la tête par la porte. Nawel n'avait pas bougé du mur et jouait à un jeu sur son téléphone qui l'avait presque coupé du monde. Parfait. Elle retourna à ses affaires et ouvrit la porte. En rentrant dans la salle, la première chose qui la frappa fut la petite clef, simplement posé sur un meuble à la vue de tous. Pas très maligne finalement. Elle la récupéra discrètement et rebroussa chemin. Une fois sortie, elle regarda Nawel puis sa montre. Il ne lui restait plus que cinq minutes et elle avait trouvé qu'une seule clef, celle de sa chambre.

Je n'aurais jamais le temps de trouver la deuxième.

Juliette s'assit par terre, ramenant ses genoux contre elle pour poser sa tête dessus. Elle laissait tomber. Elle se mit à renifler et les larmes lui montèrent aux yeux.

Dix minutes s'étaient écoulé depuis le début des recherches de la petite et Nawel avait fait passer le temps en jouant à Candy Crush sur son portable. Etant une vraie accro, encore plus accro qu'aux chocolats, elle jouait dés qu'elle en avait l'occasion et là, elle était parfaite. C'est tout juste si elle se retint de crier de joie quand elle arriva enfin après deux jours à battre son score et à monter de niveau. Oui, il ne lui en fallait pas beaucoup pour se réjouir. Elle leva les yeux pour les poser de son écran à sa montre. Il restait plus que trois minutes. Elle leva la tête pour balayer la salle et regarder où était Juliette lorsqu'elle vit une sorte de bosse dans le fond. C'était elle. Elle rangea son téléphone et s'approcha tout doucement.

- Qu'est-ce que tu fais ?

Puis, se retrouvant à quelques centimètres d'elle, elle l'entendit pleurer. SU-PER ! Il ne manquait plus que ça ! Elle détestait peut-être les mômes, mais elle avait un minimum de cœur et elle détestait voir pleurer quelqu'un, sinon elle pleurait aussi et pleurer, c'était un signe de faiblesse et jamais elle ne pourrait se le permettre. Çà gâcherait sa réputation.

- Juliette ?

Elle se mit à genoux devant elle et soupira.

- Je voulais pas te faire pleurer... Je... J'arrive pas à croire que je vais dire ça, mais je suis désolé. Vraiment.

- Juliette ?

Elle ne répondit pas, ne fit aucun signe en bref, elle ne bougea pas d'un poil. Elle voulait voir ce qui allait se passer par la suite et elle fut servie.

- Je voulais pas te faire pleurer... Je... J'arrive pas à croire que je vais dire ça, mais je suis désolé. Vraiment.

Vraiment ? Elle n'en avait pas l'intention ? Etonnant ! Cette fille avait un cœur ? Encore plus étonnant. Mais tant pis, Juliette avait la ferme intention de se venger et ce ne sont pas des excuses dans le vent qui la ferait changer d'avis. Elle releva tout doucement la tête et essuya ses yeux avant de lui faire un câlin et de piquer la clef de la porte qu'elle n'avait jamais jeté. Pas folle la petite.

Ce n'est pas cool quand même, Oursy... [...] Ok, ok...

Elle se retira et sans laisser le temps à Nawel de faire le moindre mouvements, elle se retira et se précipita vers les escaliers. Une fois la porte atteinte, elle l'ouvrit, sortie et la referma aussi sec derrière elle. Bien fait.

- Daudet, tu feras le guet pendant qu'on sera en bas. Et tu n'auras cas faire sonner mon téléphone si la directrice ou un surveillant arrive, pour nous prévenir. Quant à toi, Juliette, tu descends avec moi.

Ah parce qu'il n'avait même pas le droit d'assister au bizutage ? C'était la meilleure de la journée. Mais ne voulant pas déclencher une deuxième crise, Al s'abstint de tout commentaire et se contenta d'un regard réprobateur à l'attention de Nawel. Celle-ci l'ignora royalement et entraîna Juliette dans l'escalier. Al soupira et s'adossa contre le mur. Qu'avait bien put préparer son amie ? Quelque chose de bien sadique sûrement, pour changer...
Il croisa quelque élèves, auxquels il fit un signe de la main le moins suspect possible, mais aucun signe de Mrs Evergreen ou d'un surveillant.
Cela faisait une dizaine de minutes que Nawel et sa victime étaient descendues et Al commençait à s'impatienter. Soudain, la porte s'ouvrit brusquement, le faisant sursauter, et laissa passer Juliette qui était complètement essoufflée. Elle referma la porte aussi sec alors qu'Al la dévisageait avec des yeux ronds.

- J-Juliette ?! Mais... qu'est-ce que t'as fait de Nawel ?!

- J-Juliette ?! Mais... qu'est-ce que t'as fait de Nawel ?!

Juliette releva la tête vers Al. Parler ou ne pas parler ? Tel était la question. Elle aurait bien aimé ne rien lui dire et le laisser se débrouiller pour la faire sortir de là, mais vu l'inquiétude qui se distinguait dans sa voix, elle préféra faire sa petite fille bien éduquée. Après tout, il n'y était pour rien dans la stupidité et la méchanceté de son amie. Même si elle continuait de croire qu'il la suivait comme un petit toutou et que s'il l'avait défendu, elle ne se serait pas fait bizuter.

- Elle va bien.

Pas vrai Oursy ? Elle va bien...?

Elle lui tendit la clef qu'elle avait volée à Nawel quelques secondes plus tôt et se cacha derrière lui en le tenant à la jambe. S'il la faisait sortir de là, autant s'assurer d'être derrière un bouclier. Elle n'oserait pas toucher à un seul de ses cheveux, donc il ferait l'affaire.

- Tu ne la laisses pas me taper hein...?

Nawel se sentait stupide et sans cœur à avoir réussit à faire pleurer une petite, mais ce n'était quand même pas de sa faute si elle était comme ça ? C'était sa nature et rien ni personne n'arriverait à la changer, pas même Al. Elle avait toujours aimé, enfin, le mot était un peu trop fort, mais disons qu'elle éprouvait un certain plaisir à regarder les petits nouveaux effectuer leur bizutage en se demandant s'ils arriveraient à déjouer ses plans machiavéliques. Bien sûre, Nawel avait toujours fait un sorte que tout se passe pour le mieux, ou presque toujours. L'année dernière, un élève s'était retrouvé avec trois points de sutures suite à une petite expérience de la jeune fille, ce qui lui avait valut trois heures de colles et un mois de corvée a effectuer seule. Et bien sûre, elle ne s'était pas du tout lié d'amitié avec les poubelles ou les balais. Bref. Revenons au contexte. Nawel était accroupis devant Juliette qui venait de la prendre dans ses bras.... Pause ! Elle venait de la prendre dans ses bras. Son cœur s’accéléra, elle était mal à l'aise. Trop mal à l'aise.

- Euh...Juliette...

Mais son malaise fut très vite stoppé quand la fillette se retira et partie en courant en direction de la sortie. Qu'est-ce qu'elle fichait ? De toute façon, elle aurait beau courir, elle n'avait pas la clef.

- Tu ne pourras pas sortir ! Dit-elle en cherchant la clef dans sa poche, qu'elle n'avait bien évidemment pas jeter, la remplaçant par un vieux bout de ferraille. Mais elle est où...?!

Au même moment, elle entendit la porte s'ouvrir puis se refermer. Elle se raidit et laissa tomber sa tête en arrière. Elle le lui avait volé pendant le câlin. Bien joué. Elle l'avait magnifiquement bien eue. Seulement, si elle croyait l'arrêté comme ça, elle avait tort. L'autre clef qui était caché dans cette pièce n'ayant pas été trouvé, se trouvait donc encore là. Elle pourrait facilement sortir et mettre la bonne raclé du siècle à cette petite vermine. Nawel se dirigea vers l'armoire où était caché la clef, se mit sur la pointe des pieds et passa une main sur le sommet de celle-ci. Rien. Pas de clef.

- C'est quoi ce bordel...

Juliette n'avait pas pu la prendre, ce n'était pas possible. Non seulement elle était bien trop petite, mais en plus de ça, elle avait prit grand soin d'enlever tout ce qui aurait pu lui servir d'escabeau. Elle ne devait pas être bien loin. Elle se mit à quatre pattes, fouilla sous l'armoire, derrière l'armoire, aux alentour de l’armoire puis dans toute la pièce. La clef avait bel et bien disparue. Un sentiment d’inquiétude la gagna et elle se précipita vers la porte. Fallait qu'elle sorte de là.

- Al ! Al, ouvre-moi !! Cria-t-elle en tapant de toutes ses forces contre la porte. Al, par pitié, fait moi sortir de là !

- Elle va bien.

- J'me doute bien que tu ne l'as pas découpé en rondelles façon tueur psychotique, railla Al dans sa barbe.

Son sarcasme ne parvenait cependant pas à totalement masquer la légère inquiétude qu'il ressentait. Ou alors... Le bizutage venait de se retourner contre Nawel, l'arroseur arrosé. Une bulle de rire éclata dans son cerveau et Al ne put retenir un sourire à l'idée d'une Nawel humiliée par une gamine de sept ans. Ça lui ferait les pieds tiens, songea Al avec une once de sadisme.
Juliette s'approcha de lui et lui tendit la clé du sous-sol puis se plaça de sorte qu'il soit entre la porte et elle. Hin hin, tu fais bien de te protéger si tu as vraiment fait ce que je pense que tu as fait, ricana Al en son fort intérieur.

- Tu ne la laisses pas me taper hein...?

- Mais non, mais non, la rassura-t-il en levant les yeux au ciel avec un petit sourire.

Soudain, la porte trembla sous les coups de poings dont elle était la malheureuse victime, et le bruit fit sursauter Al d'un bon mètre en arrière.

- Al ! Al, ouvre-moi !! Al, par pitié, fait moi sortir de là ! cria la voix de Nawel à travers la porte.

Le jeune homme tenta de retrouver un pouls normal, c'est-à-dire qui ne frisait pas le 200 pulsations/minute, et expira bruyamment.

- La vache Nawel, t'as failli me perdre définitivement sur ce coup-là... soupira-t-il en reprenant son souffle. C'est bon flippe pas, je vais t'ouvrir.

Alors qu'Al tendait la clé vers la serrure, il suspendit son geste. Un sourire machiavélique éclaira son visage.

- ... Mais avant, tu dois me jurer de ne pas t'en prendre à Juliette. Sinon je te laisse là.

Nawel commençait sérieusement à perdre patience ou à perdre son sang froid, c'était encore à définir lorsque la voix de son ami résonna. Elle soupira de soulagement et posa sa tête contre la porte. Au moins, il n'était pas mort sous d'atroce souffrance à cause d'une gamine de sept ans à moitié psychopathe. Elle entendit la clef rentrer dans la serrure et se recula de quelques pas. Seulement, au lieu de tourner pour ouvrir la porte, elle s'arrêta. Mais qu'est-ce qu'il fichait ? Il n'allait pas la laisser là tout de même ?!

- ... Mais avant, tu dois me jurer de ne pas t'en prendre à Juliette. Sinon je te laisse là.

- T'es pas sérieux là ? Tu oserais me laisser enfermer ici, moi, ta meilleure amie ?

Sauf qu'il était tout sauf pas sérieux. Elle se retint de donner un coup de pied ou un coup de poing dans la porte et reprit d'un air calme.

- Ça va, je ne toucherais pas à un seul de ses cheveux si ça peut te rassurer ! Maintenant, ouvre-moi !!

- T'es pas sérieux là ? Tu oserais me laisser enfermer ici, moi, ta meilleure amie ?

Humm, oui. Et plutôt deux fois qu'une, faillit-il rétorquer le plus simplement du monde.

- Ça va, je ne toucherai pas à un seul de ses cheveux si ça peut te rassurer ! Maintenant, ouvre-moi !!

Al adressa un clin d’œil malicieux à Juliette qui restait cachée derrière son dos. Il n'allait pas s'arrêter en si bon chemin.

- J'ai pas fini, reprit-il avec un sourire de chat qui vient d'attraper un canari particulièrement dodu. Si je t'ouvre, tu devras faire absolument tout ce que je déciderai, sans exception et jusqu'à la fin de la journée. Et je me trouve particulièrement magnanime, j'aurais pu dire toute la semaine voir le mois entier.

Vu comment Nawel lui en faisait baver à certains moment, comme il n'y a pas moins de vingt minutes par exemple, Al estimait avoir droit à cette petite compensation. Rien qu'à l'idée de voir Nawel exécuter sans rechiger le moindre de ses ordres lui procurait un sentiment de jubilation. Etant de natures infiniment moins sadique que son amie, Al avait cependant quelques bonnes idées qu'il rêvait de mettre en pratique.

Nawel se laissa tomber contre la porte quand son ami remit une autre condition. Plutôt crever ici que de faire son esclave pour la reste de la journée. Elle croisa les bras sur sa poitrine et regarda droit devant-elle. Cet endroit lui fichait la chair de poule, surtout depuis qu'elle n'avait plus aucuns moyens d'en sortir, mais elle ne lui ferait pas cette joie. En plus, c'était bien trop humiliant qu'elle se fasse avoir si facilement et elle ne s'en remettrait jamais. Bah oui, faut bien garder sa réputation pour se faire respecter dans ce monde de brut.

- Rêve. Je préfère encore rester enfermée ici plutôt que de t'obéir ! En plus de ça, t'es vraiment dégueulasse ! Je pourrais crever ici et tu en aurais rien à foutre.

Nawel savait qu'Al ne la laisserait pas définitivement ici, du moins elle l'espérait. Au pire, combien de temps passerait-elle au grand maximum enfermée ? Une heure ou deux ? Il serait prit d'énorme regret et viendrait en courant pour la faire sortir de là. Bon, ça aussi elle l'espérait.
Elle allait finalement céder lorsqu'une idée lui vint en tête. Elle se releva et sélectionna sur son téléphone une application de bruitage. Elle en déclencha plusieurs et prit une voix apeurée, comme une actrice professionnelle pourrait prendre pour le tournage d'un film.

- Je rigole plus Al ! Il y a un truc dans la pièce, fait moi sortir !!

- Rêve. Je préfère encore rester enfermée ici plutôt que de t'obéir ! En plus de ça, t'es vraiment dégueulasse ! Je pourrais crever ici et tu en aurais rien à foutre.

- Bah bien sûr, tu vas crever dans un sous-sol qui est aussi la réserve de bouffe de l'orphelinat, et qui dit réserve de bouffe, dit visitée trois fois par jour par le cuisinier, contra Al avec le même sourire. Mais c'est comme tu veux. Après tout, il ne te reste que (il jeta un coup d’œil à sa montre)... deux petites heures à attendre avant le déjeuner.

Il était quasiment sûr que Nawel allait céder, elle détestait l'obscurité. C'est donc plutôt surpris qu'Al constata qu'il n'en fut rien. Son amie s'était tue. Al fronça les sourcils.

- Allo Nawel ? T'es toujours là ?

Mais à la place de la jeune fille, ce fut une série de bruits étranges qui lui répondirent.

- Je rigole plus Al ! Il y a un truc dans la pièce, fait moi sortir !!

- Tu m'as déjà fait ce coup-là Nawel, soupira-t-il sans une once de compassion. Arrête de me prendre pour une truffe, je sais qu'il n'y a ni vampire ni loup-garou dans cette cave. Le pire qui pourrait te tomber dessus c'est un rat. Ou une araignée, ajouta Al sadiquement.

Cette fois-ci, Nawel craqua et donna un coup de pied dans la porte. Si elle pouvait, elle irait de ce pas l'étrangler. Elle ne lui avait jamais rien fait de tel et là, il était odieux, pire que ça, diabolique voir même machiavélique ! Enfin bon, elle abusait un peu, sous le coup de la colère quand même. Et encore, vraiment un tout petit peu.

- Justement ! Je déteste les araignées et encore plus les rats... Et tu le sais !

Elle soupira et se mordit la lèvre. Elle allait craquer. Al n'allait pas changer d'avis et allait sans doute la laisser moisir ici, alors au pire, elle pouvait toujours lui dire qu'elle lui obéirait au doigt et à l’œil et ne rien faire une fois sortie. Mentir, c'était sa spécialité. Du moment qu'elle était dehors, elle s'en fichait de lui mentir ou non. Après tout, c'était pour une bonne cause.

- Ça va, tu as gagné... Je ferais tout ce que tu veux jusqu'au couché du soleil ou même 00h si tu préfère, mais fait moi sortir avant que je meurs d'une syncope...

- Justement ! Je déteste les araignées et encore plus les rats... Et tu le sais !

Al ricana en croisant les bras. Oh oui il savait, il lui avait même collé la peur de sa vie en cachant une araignée en plastique dans son lit, il y a quelques années. Bon, Nawel ne lui avait plus adressé la parole pendant une semaine entière, mais qu'est-ce qu'il avait ri...

- Ça va, tu as gagné... Je ferais tout ce que tu veux jusqu'au couché du soleil ou même 00h si tu préfère, mais fait moi sortir avant que je meurs d'une syncope...

Alleluia ! Al esquissa un geste de victoire. Il tendit insérera la clé dans la serrure et ouvrit la porte de la cave en grand, laissant passer une Nawel furieuse. Le jeune homme croisa les bras et afficha un air de vainqueur.

- Je te préviens : ne songe même pas à te dérober, sinon je dis à tout le monde que tu dors toujours avec une poupée.

La porte s'ouvrit, laissant Nawel voir la lueur du jour et les deux têtes d'abrutis de son ami et de Juliette apparaître. Elle sortie avec fureur, se retenant de lui mettre la pâté du siècle ou de lui couper la tête et de la garder comme trophée. Elle s'éloigna de quelques pas pour se calmer et éviter de faire une bêtise qu'elle pourrait regretter tandis qu'il refermait la porte derrière elle.

- Je te préviens : ne songe même pas à te dérober, sinon je dis à tout le monde que tu dors toujours avec une poupée.

La jeune fille se stoppa en repensant à sa poupée. Le seul et l'unique souvenir qu'elle avait de ses parents, en dehors de quelques photos. Bien sûr, elle ignorait qu'Al était au courant de son existence puisqu'elle s'était bien gardé de lui montrer ou même de lui en parler. Elle serra les poings et se tourna lentement ravalant sa rage, du moins en essayant. Néanmoins, elle essuya ses larmes qui commençaient à couler le long de ses joues d'un revers de manches et le foudroya du regard. Elle s'approcha de quelques pas et le poussa contre la porte où elle le tint contre par le col de son tee-shirt.

- Parle de cette poupée et je t'éclate, Al.

Elle le relâcha et se tourna vers Juliette.

- Où est la deuxième clef ? Je sais que c'est toi qui l'a prise.

Apparemment, sa menace avait fait mouche. Pourtant, Nawel ne réagissait pas exactement comme Al l'avait espéré. Il aurait parié sur une petite insulte, un regard noir ou autre chose dans le style à laquelle il était habitué. Or là, Nawel s'était immobilisée dos à lui. Pas normal.

- Naw... ?

Al n'eût pas le temps de finir le premier mot de sa phrase que son amie se retournait vivement et le planquait violemment contre la porte, ses yeux lançant des éclairs de rage.

- Wow wow ! Qu'est-ce que...

- Parle de cette poupée et je t'éclate, Al.

L'intéressé leva les deux mains au niveau de ses épaules en signe de soumission. Pas fou, il n'allait pas risquer sa peau pour quelque chose d'aussi futile. Même s'il lui était supérieur physiquement, il savait très bien que Nawel pourrait faire de sa vie un enfer. Genre neuvième cercle des Enfers.

- Ok ok, calme-toi, je dirais rien.

Le jeune homme ne savait absolument pas pourquoi Nawel tenait tant à cette poupée, mais il sentait que ce n'était pas vraiment le moment de lui poser la question. Après une dernière fusillade visuelle, Nawel le lâcha et se tourna vers Juliette.

- Où est la deuxième clef ? Je sais que c'est toi qui l'a prise.

Al défroissa son t-shirt en soupirant discrètement.

- Ce n'était pas le but du bizutage ? Qu'elle prenne la clé j'entends. Elle a réussi.

- Où est la deuxième clef ? Je sais que c'est toi qui l'a prise.

Juliette haussa les épaules. La seule clef qu'elle avait, c'était celle qu'elle avait récupéré dans la poche de Nawel et qui était maintenant entre les mains d'Al. Elle ne savait pas de quelle deuxième clef elle parlait et encore moins pourquoi elle l'accusait de l'avoir dérobé. Une seule lui aurait amplement suffit pour sortir de là et cette clef, c'est celle qui avait permis à Nawel de sortir.

- Ce n'était pas le but du bizutage ? Qu'elle prenne la clé j'entends. Elle a réussi.

Elle ouvrit la bouche pour répondre, mais se ravisa. Il n'était pas seul, elle ne pouvait donc pas lui parler. Elle ouvrit son sac et en sortie un petit carnet ainsi qu'un stylo. Elle déchira la feuille et la montra à Al.
Il y était écrit : Je n'ai pas prit la deuxième clef et si Nawel l'avait, elle n'aurait pas eu besoin de nous pour sortir.
Elle lui fit un petit signe de tête pour qu'il la montre à Nawel et soupira.

Contrairement à ce à quoi Al s'attendait, ce ne fut pas Nawel qui lui répondit mais Juliette. La petite lui tendit un bout de papier sur lequel elle venait de griffonner une phrase : Je n'ai pas prit la deuxième clef et si Nawel l'avait, elle n'aurait pas eu besoin de nous pour sortir.
Plutôt précoce pour une gamine de sept ans, songea Al. Lui-même n'était pas sûr d'avoir su écrire si parfaitement au même âge... Bref. Il se re-concentra sur le morceau de papier. Apparemment, personne n'avait pris cette mystérieuse clé. Al tendit le papier à Nawel comme le lui indiquait Juliette. Il attendit quelques secondes le temps qu'elle en prenne connaissance puis soupira :

- T'es sûre de pas l'avoir perdue cette clé ? Elle s'est pas enfuie sur son petit vélo...

- Ce n'était pas le but du bizutage ? Qu'elle prenne la clé j'entends. Elle a réussi.

- Ce n'est pas a bonne clef qu'elle à prit, Al, du moins pas celle qu'elle était censé trouver.

Juliette griffonna sur une bout de papier quelques lignes qu'elle passa ensuite à Al, qui en prit connaissance avant de lui passer. Elle lit le mot et hausse les sourcils. Cette gamine avait raison, bien sûre, mais elle Nawel l'avait cherché de partout. Elle ne s'était pas envolé, impossible.

- T'es sûre de pas l'avoir perdue cette clé ? Elle s'est pas enfuie sur son petit vélo...

- Je suis aller vérifier juste avant de venir te rejoindre... Et j'avais les deux clefs et la porte était fermé. Donc personne ne pouvait rentrer ou même en sortir.

Nawel marqua un tant d'arrêt.

- Et elle ne ment pas, elle ne peut pas avoir la clef. Elle était cachée de façon à ce qu'elle ne puisse pas la trouver ou l'atteindre.

- Je suis allée vérifier juste avant de venir te rejoindre... Et j'avais les deux clefs et la porte était fermée. Donc personne ne pouvait rentrer ou même en sortir.

Al se frotta les cheveux de la main, signe d'une profonde réflexion. Allons bon, ils étaient tombés sur la clé d'Houdini, rien que ça. Cependant, malgré le côté étrange de la situation, l'esprit mathématique et logique d'Al était persuadé qu'il y avait une solution... ben logique justement.

- Et elle ne ment pas, reprit Nawel. Elle ne peut pas avoir la clef. Elle était cachée de façon à ce qu'elle ne puisse pas la trouver ou l'atteindre.

- Ça m'aurait étonné tiens, railla Al en levant les yeux au ciel.

La loyauté et le fair-play n'étaient pas les qualités premières de Nawel. Jamais elle ne laisserait un bizut avoir l'avantage sur elle, question de fierté. Et Al était bien placé pour savoir que l'ego de Nawel était particulièrement... énorme.

- Tu as dû mal chercher Nawel, ou alors la clé est tombée et a glissé sous un meuble. En tout cas, je ne compte pas rester planté là une heure à la recherche d'une clé magique, on bouge ?

- Tu as dû mal chercher Nawel, ou alors la clé est tombée et a glissé sous un meuble. En tout cas, je ne compte pas rester planté là une heure à la recherche d'une clé magique, on bouge ?

- Ouais, c'est ça, dit-elle en croisant les bras, je devrais sans doute porter des lunettes moi aussi. Je ne suis pas bigleuse ! J'ai fouillée là où elle aurait pu tomber et elle n'y était pas. Mais c'est toi Einstein, donc si monsieur décrète que je suis incapable de trouver une clef, monsieur à raison !

Nawel lui lança un deuxième, ou plutôt un énième regard froid. Elle faisait que ça de la journée ; le foudroyer du regard. C'était à ce demander s'ils étaient réellement amis. En fait, tout le monde se posait cette question. A part s'engueuler ou se lancer des piques à longueur de journée, ils ne faisaient pas grand chose ensemble. Si, faire les zouaves. Mais ça s'arrêtait là, surtout à cause du caractère pourris de Nawel et de sa stupide fierté.

- Ouais... On s'tire.

Elle reprit le sac de Juliette et passa à côté de son ami en lui donnant un coup d'épaule.

- En fait, dit-elle en se tournant vers lui, il y a ta future petite amie dans la bibliothèque. Alors si j'étais toi, j'irais lui parler une bonne fois pour toute pour conclure. Ça commence à me donner la migraine de t'entendre parler d'elle comme ci tu n'allais jamais pouvoir l'atteindre.

- Ouais, c'est ça, dit-elle en croisant les bras, je devrais sans doute porter des lunettes moi aussi. Je ne suis pas bigleuse ! J'ai fouillée là où elle aurait pu tomber et elle n'y était pas. Mais c'est toi Einstein, donc si monsieur décrète que je suis incapable de trouver une clef, monsieur à raison !

Al leva les bras en signe de victoire.

- J'aurais pas dit mieux.

On aurait pas dit comme ça, mais c'était le maximum syndical que pouvait faire Nawel pour accepter qu'elle avait tort. Disons que leur relation amicale était encore cohérente uniquement grâce à un consensus : Nawel acceptait plus ou moins de lâcher l'affaire, et Al n'en demandait pas trop non plus. On pourrait les comparer aux deux puissances de la Guerre Froide. Al soupira. Lui-même ne comprenait pas vraiment comment ils arrivaient à se supporter mutuellement. Les mystères de l'amitié...

- Ouais... On s'tire, lâcha finalement Nawel qui ne manqua pas de le bousculer en passant près de lui.

Al étouffa un "Aïe" et se massa l'épaule en grimaçant. Heureusement pour son amie qu'il s'était imposé quelques principes du genre "pas taper les filles"...

- En fait, dit-elle en se tournant vers lui, il y a ta future petite amie dans la bibliothèque. Alors si j'étais toi, j'irais lui parler une bonne fois pour toute pour conclure. Ça commence à me donner la migraine de t'entendre parler d'elle comme ci tu n'allais jamais pouvoir l'atteindre.

- En fait, dit-elle en se tournant vers lui, il y a ta future petite amie dans la bibliothèque. Alors si j'étais toi, j'irais lui parler une bonne fois pour toute pour conclure. Ça commence à me donner la migraine de t'entendre parler d'elle comme si tu n'allais jamais pouvoir l'atteindre.

Al devint rouge pivoine. Ça lui apprendrait à parler de ses histoires de cœur à Nawel, tiens ! Il aurait dû se douter qu'elle allait lui envoyer une pique à ce propos un de ces quatre.

- Depuis quand tu t'intéresses à ça toi ? maugréa-t-il en la fusillant du regard. Oh et puis nan, pas la peine de répondre, je connais la réponse de toute manière.

Al soupira et fourailla dans ses cheveux en cherchant quoi dire de plus pour se tirer de ce mauvais pas.

- J'ai déjà développé une stratégie vois-tu ? La méthode douce. Du genre j'essaye de l'aborder de temps en temps, en espérant qu'elle n'ait pas ses écouteurs dans les oreilles, et peut-être qu'un jour elle me remarquera. En attendant ce jour béni, je t'interdis de faire quoi que ce soit qui pourrait compliquer d'avantage mes affaires, capiche ?

- Depuis quand tu t'intéresses à ça toi ? maugréa-t-il en la fusillant du regard. Oh et puis nan, pas la peine de répondre, je connais la réponse de toute manière.

Nawel ne répondit pas. Elle s'intéressait toujours aux soucis de ses amis, enfin son ami, même si elle ne le montrait pas. Elle voulait qu'il soit heureux et s'il était heureux avec une fille, ça lui allait parfaitement bien. Ou presque. Fallait quand même pas oublier que c'était son ami, son meilleur ami et son Daudet. Elle voulait bien le partager, mais avec modération, sinon, qui resterait avec elle ? Qui arriverait à la supporter ? Et bien la réponse, c'est personne. Donc autant essayer de le garder le plus possible pour elle. Déjà que c'était relativement difficile alors si en plus une petite amie rajoutait un niveau de difficulté supplémentaire, elle était mal barrée.

- J'ai déjà développé une stratégie vois-tu ? La méthode douce. Du genre j'essaye de l'aborder de temps en temps, en espérant qu'elle n'ait pas ses écouteurs dans les oreilles, et peut-être qu'un jour elle me remarquera. En attendant ce jour béni, je t'interdis de faire quoi que ce soit qui pourrait compliquer d'avantage mes affaires, capiche ?

Elle l'écouta attentivement et se souvenant qu'elle était censé faire tout ce qu'il voulait pendant une journée, elle sourit. Elle allait pouvoir en jouer. Décidément, elle n'était vraiment pas cool avec lui. Remarque, il n'était pas bien plus cool avec elle. Quoi que...

- Alors tu attends quoi pour aller l'aborder du genre maintenant ? Comme ça je te tiens éloigné de moi, tu me fiches la paix pour le reste de la journée et tout le monde est content !

Puis comme ça, elle pourrait régler ses comptes avec Juliette et lui en faire voir de toutes les couleurs. C'était une merveilleuse idée ça. Ou alors, il embarque Juliette avec lui. S'il s'occupe d'une petite fille, nouvelle qui plus est et muette, ça le fera gagner des points.

- Et je ne ferais rien du tout pour t'aider, car oui si je fais quelques choses c'est uniquement pour t'aider et pas pour compliquer la situation. Du moins, jusqu'à minuit. Après, faudra que je réfléchisse à ça. Mais je pense que tu devrais prendre Juliette avec toi ! Peut-être qu'elle trouvera ça très héroïque de t'occuper d'une gamine sans cervelle et sans voix.

- Alors tu attends quoi pour aller l'aborder du genre maintenant ? Comme ça je te tiens éloigné de moi, tu me fiches la paix pour le reste de la journée et tout le monde est content !

Al ignora royalement la première phrase. Nawel lui tendait une perche pour changer de sujet, il n'allait surement pas s'en priver.

- Ne crois pas t'en tirer si facilement, tu me dois une journée tu te rappelles ? ricana-t-il. D'ailleurs, il faut que je réfléchisse à ta première tache.

- Et je ne ferais rien du tout pour t'aider, car oui si je fais quelques choses c'est uniquement pour t'aider et pas pour compliquer la situation. Du moins, jusqu'à minuit.

Al leva les yeux au ciel pour la énième fois. Pour l'aider, et puis quoi encore ? Depuis quand Nawel se souciait de son bien être ?  

- (...) Après, faudra que je réfléchisse à ça, continua Nawel. Mais je pense que tu devrais prendre Juliette avec toi ! Peut-être qu'elle trouvera ça très héroïque de t'occuper d'une gamine sans cervelle et sans voix.

Al lâcha un petit rire. Sans voix, pas vraiment, sans cervelle, surement pas. Il doutait cependant qu'amener une gamine sur le champs de bataille était une bonne idée. Sauf que s'il ne la prenait pas avec lui, il devrait la confier à Nawel. Problèmes en vue. Mais avait-il vraiment le choix ?

- Ça m'étonnerait que ça fonctionne, soupira-t-il enfin. J'ai trouvé ta première épreuve Nawel : tu vas surveiller Juliette jusqu'à ce que je revienne. Et interdiction de la toucher, de l'insulter ou d'exercer une quelconque pression mentale dont tu as le secret, ajouta-t-il en appuyant ses dires d'un regard noir.

Puis Al se tourna vers Juliette.

- Désolé de t'imposer ça, mais je me dépêche, promis.

Sans laisser le temps à Nawel de protester et de le retenir, Al leur fit un signe de la main et fila en direction de la bibliothèque. Avec un peu de chance, le jour tant espéré était enfin arrivé.