"L'après sport ou comment découvrir l'existence de certains muscles" [Alphonse Feldmann & Nawel Devilson]

Finalement, Al ne voyait pas la différence entre avant sa séance de sport et après. Il ressemblait toujours autant à un zombie. Mais à un zombie trempé de sueur cette-fois-ci. Et il avait l'impression que tous ses muscles (même ceux dont il n'avait jamais soupçonné l'existence auparavant) criaient grâce. Al traîna sa carcasse endolorie à l'étage où se trouvaient les salles de bain. Heureusement, personne n'était encore levé à cette heure, il n'aurait donc pas à affronter le regard moqueur/surpris/dégoûté de ses camarades.
Al entra dans la salle et commença à se dévêtir en grimaçant à cause des courbatures. Il jeta ses affaires en boule dans un casier libre, prit sa serviette et alluma la première douche de la rangée. "Le meilleur moment dans le sport, c'est la douche bien chaude qui vient après." -Alphonse Feldmann, adolescent philosophe. Il poussa un long soupir de bien-être et se savonna énergiquement sous tous les angles. Une fois parfaitement propre et débarrassé de toute trace de sueur, Al éteignit la douche avec une pointe de regret, avant de ruiner l'eau chaude de tout l'établissement. Il attrapa sa serviette et la noua autour de ses reins sans prendre la peine de se sécher avec.
Slurk. Il n'avait pas pensé à prévoir une tenue de rechange. Le jeune homme grommela et fourra ses vêtements sales dans son sac à dos et ouvrit la porte, en priant pour ne tomber sur personne sur le trajet vers son dortoir. Et tomba nez-à-nez avec Nawel. Re slurk.

Nawel avait passé une mauvaise nuit, tiraillé entre une affreuse migraine et des cauchemars tout aussi horrible les uns que les autres manquant de peu, de lui coller une crise de panique. Le sommeil s'était fait désiré et n'avait pas duré longtemps, ce qui n'arrangeait pas son humeur qui était des plus massacrante. Aux alentours de sept heures, la jeune fille s'était réveillée en sursaut dans son lit, se cognant contre celui du dessus qui par chance, était inoccupée, et elle n'avait pu se rendormir. Pour cause, dés qu'elle prenait le risque de fermer les yeux, elle revoyait son rêve et il lui était complétement impossible de le revivre ne serait-ce qu'une seule fois. Elle s'était donc levée, tout en s'enveloppant dans une grosse veste en laine et était partit se chercher un chocolat chaud dans la salle commune où elle était restée pendant plus d'une heure et demi, à regarder les aiguilles tourner, ruminant tout ce qui c'était passé durant ces dernières semaines.
A neuf heures et des brouettes, agacée par cette journée qui commençait le plus mal possible et après s'être enfilé trois ou quatre chocolat, elle se dirigea vers son dortoir, dans l'optique de prendre ses vêtements pour se doucher. Seulement, comme un samedi matin qui commence mal et qui se devait de mal continuer, elle se retrouva en face à face avec la dernière personne qu'elle souhaitait voir : Alphonse. Elle resta plantée devant lui quelques minutes sans savoir quoi dire ni quoi faire. Ils ne s'étaient pas re-parlés depuis son comportement -débile- le concernant lui et Azalée et ce petit tête à tête de bon matin n'allait sûrement pas arranger les choses.

- Eh... Salut... dit-elle pour briser le silence qui commençait à se faire lourd. Je... Tu... Ça va ?

Elle avait l'impression de se transformer en Keyvan à bégayer comme une idiote ! Elle se mordit l'intérieur de sa joue et s'insulta mentalement de tous les noms. Elle n'avait qu'à continuer à lui parler comme ci de rien n'était et l'inviter à boire un thé aussi !