« Ce n'est que quand il fait nuit que les étoiles brillent. » [Nawel Devilson & Juliette Duchemin]

Nawel passa la porte après avoir faire rentrer Juliette, la petite nouvelle de sept ans et qu'elle détestait déjà autant que la moitié des autres mioches de l'orphelinat, avec qui elle était contrainte de partager son -oui, son- dortoir. Elle referma aussitôt la porte derrière elle et poussa un long et profond soupir qui se voulait en dire long sur son état d'esprit actuel. Ça faisait des années qu'elle dormait -et vivait en quelque sorte, seule ici et avoir pour compagnie la fillette lui déplaisait beaucoup. Elle avait prit pour habitude de se réfugier ici en cas de soucis majeurs où elle risquait de faire perdre toute crédibilité à sa pestemanie et le fait de ne plus pouvoir se retrouver bel et bien seule l'énervait encore plus, alors elle mit immédiatement les choses au clair.

- Ce qui se passe ici, reste ici ! Tu as beau ne pas parler, je sais que tu peux nuire à ma réputation. Alors amuse toi à divulguer par n'importe quels moyens qui soit ce que tu vois, entend et observe dans cette pièce et je te tord le cou !

Elle ne prit même pas la peine de lui demander si elle avait été suffisamment clair et tourna les talons pour atteindre son placard d'où elle sortie son modeste pyjama.

- Ah oui, dit-elle à l'attention de Juliette, ne t'avise pas de venir traîner dans mes pattes !

Elle retourna à ses affaires, enfila son pyjatee-shirt superwomen/legging et fut surprise de voir que la gamine n'avait pas bougé d'un poil, la dévisageant comme ci elle sortait tout droit d'un zoo. Dans un premier temps, elle songea qu'elle avait enfilé ses vêtements à l'envers, mais ce ne fut pas le cas. Donc elle pensa à son maquillage qui avait pu couler, mais en se regardant dans le miroir, tout était encore parfait. Elle haussa les sourcils et finit par lui poser la question.

- Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?

Juliette pénétra dans le dortoir en serrant Oursy, sa peluche ours, sans adresser le moindre regard à Nawel. Elle lui avait suffisamment rendue la journée difficile pour qu'elle lui rende également sa soirée invivable. Il était peut-être temps de changer les rôles.

- Ce qui se passe ici, reste ici ! Tu as beau ne pas parler, je sais que tu peux nuire à ma réputation. Alors amuse toi à divulguer par n'importe quels moyens qui soit ce que tu vois, entend et observe dans cette pièce et je te tord le cou !

Bon, OK ! Le changement n'était pas pour l'instant, la petite sorcière menait toujours la danse. Elle la regarda tout en l'imaginant avec un nez crochu et des verrues sur le visage et lui tira majestueusement la langue lorsqu'elle se tourna vers son placard pour se changer.
Elle m'énerve... dit-elle pour elle-même ou pour son Ours.

- Ah oui, dit-elle à l'attention de Juliette, ne t'avise pas de venir traîner dans mes pattes !

Gnagnagna ! La petite fille se retint de lui demander si elle était bête de naissance ou si elle avait suivi des cours. Comment voulait-elle qu'elle ne traîne pas dans ses pattes en sachant qu'elles allaient vivre toutes les deux ici ? Certes, Nawel était à l'autre bout du dortoir, isolée de tout le monde, mais Juliette avait besoin de passer par son côté pour atteindre la porte de sortie. Elle soupira, et prenant conscience qu'elle n'avait absolument rien à se mettre pour dormir, elle resta planté devant l'adolescente qui mit du temps à comprendre que pour une fois, ça ne concernait pas sa petite personne.

- Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?

La fillette montra du doigt le pyjama de Nawel, puis se montra du doigt et secoua la tête en signe de négation. Elle ne savait pas comment être plus précise, d'autant plus qu'elle n'avait ni papier, ni stylo sous la main. Pourvu qu'elle comprenne.

Nawel mit un certain temps à comprendre ce que la fillette voulait. Ce qui l'agaçait fortement. Zut, hein ! Elle ne parlait pas le langage des signes ou des doigts et elle détestait les devinettes. Toutefois, consciente qu'elle ne pouvait pas rester dans l'incompréhension, elle se concentra bien sur les gestes qu'elle faisait. Elle finit par comprendre qu'elle ne possédait pas de pyjama... Problématique, en effet. Mettant de côté sa méprise pour celle-ci, elle se leva et ouvrit son armoire. Elle allait bien avoir un vieux tee-shirt trop petit qui traînait quelques part là-dedans.

- Pourquoi tu es si petite ? Même en te donnant mes plus petits tee-shirt, tu vas marcher dessus !

Là, elle chipotait. Mais elle devait bien montrer qu'elle la détestait toujours autant malgré l'aide qu'elle lui apportait. Après une dizaine de minutes à retourner sa penderie, Nawel dénicha un tee-shirt qu'elle avait porté quelques années plus tôt et qui était bien trop petit pour elle. Elle se tourna et sourit avec un air de victoire.

- Met ça. Il t'arrivera jusqu'au pied, mais tant pis. Ça ferra l'affaire le temps qu'ils se décident à t'acheter de nouveau vêtement. Maintenant, oust !

Elle referma les portes de son armoire et attrapa sa brosse à dent. Par chance, chaque dortoir était doté d'un ou deux lavabo ce qui évitait les va et vient jusqu'à la salle de bain. Elle se brossa les dents et s'attacha les cheveux d'un chignon. Prête pour dormir !