The Witch vs. The Lover : first round. [Alphonse Feldmann, Nawel Devilson & Keyvan Hesediel]

Il était 19h45 lors qu'Al pénétra dans le réfectoire. En fait, il était même le premier arrivé dans la salle, les autres pensionnaires préférant généralement dîner plus tard. Lui aussi habituellement. Or ce soir, Al n'avait qu'une envie : aller se coucher, et retrouver le confort de ses pénates après cette journée riche en émotions.

Al se dirigea donc d'un pas fatigué vers le comptoir, rempli de divers entrées, plats et desserts. L'avantage d'arriver le premier, rien n'était encore en rupture de stock. Il opta cependant pour un plateau simple, contrairement à son habitude : spaghettis carbonara et fromage blanc. Apparemment, la déprime coupait aussi l'appétit. Génial. Enfin bon, comme lui avait répété Maddie, il fallait garder espoir, tout n'était pas perdu avec Azalée. Il irait la voir le lendemain, avec un moyen sourire, lui présenterait ses plus plates excuses tout en lui baisant les pieds, et tout rentrerait dans l'ordre. Du gâteau !

Al poussa un léger soupir en allant s'attabler en face de la grande baie-vitrée du réfectoire. Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait manger seul, songea-t-il avec un petit pincement au cœur. Tant mieux finalement, il ne voulait parler à personne, et encore moins si cette personne s'appelait Nawel. Al était fermement décidé à ne plus adresser la parole à la jeune fille. Ça lui ferait les pieds (admirez cet esprit machiavélique et retors...). Pas hyper au point comme vengeance, mais c'était tout ce qu'il avait sous la main pour le moment.

Sans vraiment d'entrain, Al attaqua donc son plat de pâtes, tandis que les pensionnaires d'Evergreen arrivaient peu à peu afin de prendre leur dernier repas de la journée.

Nawel se faufila parmi les élèves avant de pénétrer dans le réfectoire et, comme tous les soirs, c'était le chaos total. Entre les rires et les batailles de lardons, il en fallait du courage au cuisinier pour ne pas jeter sa toque et/ou s'arracher les cheveux. En tout cas, c'était le seul moment de la journée ou Nawel n'y était pour rien dans tout ce raffut. Et elle n'avait pas vraiment les idées aux bêtises en ce moment. Elle pensait surtout à Keyvan qui lui en voulait et à la future dispute plus si future que ça avec Alphonse.

Au bout de quelques minutes -Qui étaient en fait des secondes- elle poussa un soupir d'agacement, passa devant trois élèves et prit un plateau, assiette, couverts et verre puis se dirigea vers le comptoirs de nourriture. Elle prit une salade en entrée, un plat de pattes en plat chaud et une pomme pour dessert. Pour une fois qu'elle mangeait plus ou moins sainement, elle méritait une tonne d'applaudissement. Une fois servit, elle s'avança de quelques pas et chercha son ami du regard. Elle l’aperçu à côté de la baie-vitrée, prit une grand respiration et se dirigea vers lui. Elle avait encore des doutes sur ce qu'elle allait bien pouvoir lui pondre pour s'excuser, mais elle devait le faire ou du moins, essayer.

- Daudet, dit-elle en posant son plateau sur la table, faut que je te parle...

Al en était à la moitié de son assiette lorsque la personne qu'il souhaitait le moins voir débarqua à sa table et s'y installa derechef.

- Daudet, dit Nawel en posant son plateau sur la table, faut que je te parle...

Le garçon leva lentement le nez de ses pâtes et la dévisagea, le visage dénué de toute expression. Sans même ouvrir la bouche pour lui répondre, il baissa la tête et se remit à manger ses spaghettis. Avec un peu de chance, Nawel ne s'obstinerait pas et repartirait. Il suffisait de garder le silence...
Silence qu'il ne put garder plus de cinq minutes. N'y tenant plus (Diantre, qu'il maudissait son caractère bavard de nature !), Al reporta son attention sur Nawel qui continuait à la fixer.

- Si je te parlais, je te dirais de ficher le camp et de me laisser en paix, loin de tes manigances à deux balles. Mais bien sûr, je ne te parle pas.

Sur ces belles paroles, Al replongea dans l'activité passionnante qu'était le tri des oignons dans ses carbonara. Il détestait les oignons.

Vent. Tempête. Tornade. Ouragan. Voilà ce que venait de se prendre Nawel dans la figure, et elle détestait ça. Plutôt bavard d'habitude, Al était aussi muet qu'une carpe l'ignorait royalement. Seulement, elle voulait lui parler et ce n'est pas en parlant à une tombe que ça allait fonctionner. Tant pis, elle n'abandonnerait pas facilement. Elle se mit à le fixer et si elle devait rester comme ça pendant tout le repas, elle le resterait. Il craquerait bien avant elle, il n'y avait aucun doute là-dessus.
Et deviner qui ouvrit la bouche quelques minutes plus tard ? Lui !

- Si je te parlais, je te dirais de ficher le camp et de me laisser en paix, loin de tes manigances à deux balles. Mais bien sûr, je ne te parle pas.

La jeune fille haussa les sourcils.

- Al, c'est ce que tu viens de faire, me parler.

Elle soupira assez bruyamment et poussa son plateau sur la place de libre à côté d'elle. Au moins, le premier qui voulait venir s’asseoir et ainsi les déranger n'était pas prés d'arriver. Elle poussa également le plateau de son ami pour le forcer à l'écouter et le foudroya du regard. Par la barbe de Gorlog, elle était quand même plus intéressante que son foutu plat de pâtes !

- Tu vas m'écouter ou pas ? Parce que sincèrement, si tu crois que c'est facile ce que j'ai à te dire, tu te trompes ! Je me suis jamais excusé de ma vie alors ne rend pas la tâche encore plus difficile !

- Al, c'est ce que tu viens de faire, me parler.

Al releva la tête, et croisa les bras devant son plateau. Le manque de tout second degré de cette fille le consternait au plus haut point. Ça la rendait même insupportable. Comment avait-il pût la côtoyer toute la journée pendant dix ans ? Une seule réponse possible : il était un surhomme.
Al regarda Nawel déplacer son propre plateau d'un air... d'autoroute. En fin de compte, Nawel cherchait l'embrouille, elle allait la trouver.

- Tu vas m'écouter ou pas ? Parce que sincèrement, si tu crois que c'est facile ce que j'ai à te dire, tu te trompes ! Je me suis jamais excusé de ma vie alors ne rend pas la tâche encore plus difficile !

- Oooh ! La Grande Nawel Devilson va s'excuser, incroyable ! Ecoutez tous vous autres, lança-t-il à la cantonade. Ce moment n'est pas près de se reproduire !

Puis il reprit, se penchant légèrement vers la jeune fille.

- Tu veux peut-être des encouragements Nawel ? Une boisson fraîche ?

- Oooh ! La Grande Nawel Devilson va s'excuser, incroyable ! Ecoutez tous vous autres, lança-t-il à la cantonade. Ce moment n'est pas près de se reproduire !

Elle aurait mieux fait de se la fermer et de s'obstiner à faire son plan A. L'ignorer et l'éviter à coûte que coûte pour ne pas avoir cette discussion. Pour une fois qu'elle prenait le plan le plus sympathique, elle se faisait envoyer paître. Gé-ni-al ! Faut croire que quand il voulait, Alphonse était bien plus odieux qu'elle et ça, ce n'était que le début. Elle était fortement touchée dans son amour propre.

- Tu veux peut-être des encouragements Nawel ? Une boisson fraîche ?

Nawel soupira. Qu'est-ce qu'il pouvait être relou des fois ! Et dire que ce matin, avant que la petite Juliette débarque tout allait plus ou moins bien. Pfff, encore la faute de cette maudite gamine. Elle détourna légèrement le regard, mal-à-l'aise et se mordit la lèvre inférieur.

- Non, juste que tu me pardonnes. C'est trop demandé peut-être ?

Elle reporta de nouveau son regard sur lui et se dit qu'elle aurait mieux fait de continuer à observer le magnifique tableau qui était à l'autre bout du self. Ça n'allait pas tarder à péter...

- Non, juste que tu me pardonnes. C'est trop demandé peut-être ?

Al la fixa intensément, une mine dégoûtée sur le visage. Comment pouvait-elle réagir comme ça ? Ce genre d'attitude lui donnait envie de l'étriper sur place.

- Evidemment. À quoi je m'attendais ? Des excuses ? Mais non, bien sûr, c'est beaucoup trop demandé. T'es sérieuse là, Nawel ? Limite, c'est moi qui te devrais des excuses ? Non mais redescend sur terre ma vieille ! T'as pas l'air de te rendre compte que tu m'as fait un coup odieux là. En fait, t'es odieuse H24, et tu t'en rends même pas compte. Moi ? J'suis une bonne poire, j'te supporte depuis dix ans sans rien dire. Que dalle, ouais ! Maintenant c'est à moi que tu t'en prends. Alors explique-moi pourquoi je reste traîner avec toi ! Hein ? Pour de la complicité ? De la gentillesse ? De la générosité ? J'suis même pas sûr que tu saches ce que ces mots veulent dire, tu vois.

Al soupira longuement et secoua la tête. Il ne savait plus quoi dire pour lui faire entendre raison. Nawel était et restait une peste égoïste. Même avec lui elle ne pouvait changer. D'ailleurs, elle n'avait pas l'air d'en avoir envie le moins du monde. Que pouvait-il y faire ? Au moins une chose, et ça n'allait pas lui plaire.

- Après tout, je m'en fout. Je ne veux pas de tes pseudos-excuses, tu peux les garder. T'es même pas obligée de t'arracher la bouche à me débiter des salades auxquelles aucun de nous deux ne crois.

Le visage de la jeune fille se décomposa petit à petit, au fur et à mesure où Alphonse débitait tout ce qu'il avait sur la conscience, cœur etc. et elle avala avec grande peine sa salive. Elle avait l'impression de s'être prise une grande claque, un coup de poing voir même un poignard en plein dans le cœur. Dans tous les cas, ça faisait mal et pas qu'un petit peu. Seulement, comme le dit la célèbre citation ; Il n'y a que la vérité qui blesse. Hors, là, la vérité, qui était pourtant à crever les yeux d'une vache aveugle à des kilomètres, elle refusait de l'avouer et ne l'avouerais jamais. Certes, elle n'était pas cool du tout, mais de là à dire qu'elle était odieuse vingt-quatre heures sur vingt-quatre, il ne fallait pas abuser ! Elle ouvrit la bouche pour rétorquer, mais pas grand chose en sortie. Juste une syllabe.

- Je...

Elle était bien incapable de dire quoi que ce soit, trop bouleversée par ce qu'elle venait d'encaisser. Elle sentait les larmes lui montait aux yeux et faisait un effort inconsidérable pour ne pas les laisser couler. Elle se releva lentement de sa chaise en se tenant à la table, essuya d'une main furtive ces petites gouttes d'eau salées qui allait la trahir, dans pas longtemps, prit son plateau et quitta la table. Elle se dirigea en direction de la poubelle, y versa la nourriture qu'elle n'avait même pas touchée et quitta avec hâte le réfectoire, marchant la tête basse.

HRP:

Le jeune homme fit son apparition dans le self peu de temps après Nawel, ce qui lui permit de voir son petit numéro de doublage de queue et le fit hausser les yeux au ciel. Cette fille ne changera donc jamais. Fidèle à elle-même jusqu'au bout des doigts et des orteils.
Après avoir attendu cinq petites minutes, il put enfin choisir quoi manger et opta pour...des pâtes. Visiblement, la cuisinière -ou le cuisinier, car il n'avait toujours pas réussi à déterminer son sexe- n'avait pas eu la folle envie de faire deux menus pour ce soir. Il demanda donc des pâtes, nature, puisqu'il détestait la carbonara et choppa une pomme au passage.

- Alors, alors..., dit-il pour lui-même, où vais-je me mettre ?

Il tourna la tête dans tous les coins de la salle pour trouver une place, mais son regard fut attiré par son amie qui s'attablait en face d'Alphonse. Argh. Mauvaise idée, Nawel, fait demi-tour, ne fait pas la débile ! Too late. Elle était maintenant installée en face de lui et avait la ferme intention de se faire entendre. Il resta donc planté au milieu du self, à regarder la petite scène qui se déroulait devant ses yeux et re-argh, la jeune fille partie presque en courant, sans manger et fut surpris de voir que ses yeux brillaient à cause...de larmes ? Perplexe, il s'approcha lentement d'Alphonse, et ne souhaitant pas subir le même sort que son amie, il resta debout afin de bien montrer qu'il n'avait pas l'intention de revenir comme une fleur.

- Qu'est-ce que tu lui as dit pour qu'elle se mette dans un état pareil...?

HRP:

- Je... murmura Nawel.

Al pinça les lèvres et croisa les bras, pas du tout disposé à lui faciliter la tâche. Apparemment, il avait réussi à remettre les idées de la jeune fille en place, même si ça n'avait pas été spécialement agréable, même pour lui. Comme un pansement, qu'ils disent. Vite et d'un coup.
Nawel n'ajouta rien de plus que ce simple mot et quitta la table en embarquant son plateau. Après avoir jeté la nourriture qui s'y trouvait, elle sortit du réfectoire sans se retourner.

- Qu'est-ce que tu lui as dit pour qu'elle se mette dans un état pareil...?

Al leva les yeux vers Keyvan, debout à côté de lui, qu'il n'avait pas entendu arriver.

- La vérité. La dure et cruelle vérité, soupira Al.

Tout en disant ces mots, il lâcha bruyamment sa fourchette dans son assiette et repoussa son plateau. Il n'avait plus faim. Pire : il commençait à se sentir coupable pour avoir envoyer Nawel balader de la sorte.

HRP:

Alphonse se doutait qu'il lui ait dit simplement la vérité, mais quand même. De là, à la faire partir sans se défendre, sans manger et en pleurant, fallait faire fort. Il connaissait suffisamment bien Nawel pour savoir qu'elle ne laissait pas couler ses larmes si facilement ou alors elle cachait très bien son jeu derrière son masque de dure à cuire et de petite fille rebelle. Ce qui n'était pas improbable

- Tu as quand même dû y aller fort, dit-il en regardant du coin de l’œil la porte du réfectoire, je mettrais ma main à couper qu'elle pleurait.

Il reporta son regard sur son ami et lui montra d'un signe de tête la chaise en face de lui, à où s'était tenue leur "amie" quelques temps plus tôt, afin de lui demander s'il pouvait se joindre à lui. Mieux valait demandé. Après confirmation, il s'installa à table et avala une grande fourchette de spaghetti. Ça lui avait ouvert l'appétit, cette histoire !

- Enfin bon, il fallait bien que quelqu'un lui dise un jour... Et je ne me voyais pas le faire...

Il prit une deuxième bouchée de pâtes, puis une troisième et une quatrième et releva les yeux vers Alphonse. Il avala tout rond ce qu'il avait dans la bouche et se racla la gorge, un petit air gêné.

- Ouais... Euh... Écoute, je suis vraiment désolé. Je ne pensais pas que ça se passerait si mal entre Azalée et toi. Le but c'était qu'elle te laisse un peu de côté, pas qu'elle t'ignore totalement. Et je voulais te prévenir de ce que je comptais faire, mais Nawel me collait aux basques... Tu peux me traiter d'imbécile et de tous les noms si ça peut te faire plaisir, mais essaie de ne pas me faire pleurer. Je suis sensible. dit-il avec un peu d'ironie. Et je te jure que si je pouvais t'aider à te rapprocher d'elle, je le ferais, mais je ne suis pas sûre qu'elle ait envie de me reparler. Mais je suis prêt à la supplier à genoux, t'sais. Enfin non, pas à genoux, ça va abîmer mon nouveau jean, mais je peux la supplier en étant accroupis, c'est bien aussi....

Il se stoppa et sourit légèrement à son camarade. Il devait vraiment apprendre à tenir sa langue des fois ou apprendre à arrêter de parler trop vite ou pour dire des choses inutiles.

- Eh. Voilà...

- Tu as quand même dû y aller fort, dit Keyvan en regardant du coin de l’œil la porte du réfectoire, je mettrais ma main à couper qu'elle pleurait.

Super, 'manquait plus que ça...
Non contente de l'avoir mis en colère (ce qui était rare pour lui, jovial de nature), Nawel allait le faire se sentir coupable de lui avoir dit la vérité. Al n'avait jamais fait pleuré Nawel, ni même personne en fait... Bon si, Azalée cet après-midi, mais ce n'était pas de sa faute. Allez Al, reprends-toi. Nawel l'a mérité. C'est pour son bien. Peut-être qu'elle allait même le remercier plus tard. Ou lui foutre trois baffes, aller-retour. Hum.

- Enfin bon, il fallait bien que quelqu'un lui dise un jour... Et je ne me voyais pas le faire...

- Ouais c'est ça. C'est à moi de jouer le méchant. Merci Keyv', t'es vraiment un pote, maugréa Al en levant les yeux au ciel.

S'ensuivit un petit silence pendant lequel son ami dévora la moitié de son assiette de pâtes. Al toussota : il n'avait pas oublié quelque chose ? Genre, de plates excuses, à tout hasard ? Heureusement, Keyvan parut s'en rappeler et s'engagea dans un long plaidoyer.  
Adossé dans le fond de sa chaise, Al écouta attentivement. Au moins, il avait l'air sincère. Et il n'en fallait pas plus.

- Eh. Voilà...

- Ça va, c'est pas la fin du monde.

Ça l'était une heure plus tôt en fait... Merci Maddie.

- J'te pardonne, reprit Al. Mais j't'ai à l’œil. Abruti.

Ah bon ? Ce ne l'était pas ? Pourtant, Keyvan aurait juré que c'était le cas. Qu'est-ce qui avait bien pu se passer dans l'esprit et dans le cerveau -oui, Alphonse en a un et plutôt un gros, très gros...- du jeune homme pour qu'il change d'avis ? Sans doute d’innombrable choses ni plus ni moins que mathématique. Ce qui dépassait le dépassait totalement. Oui, il était doué en maths, c'était un fait, mais à côté de lui, Alphonse était l’Einstein de cette matière. Lui, il préférait la physique et la chimie. Surtout la chimie. Il pouvait rester des heures à contempler avec des yeux brillants d'admiration des tubes à essaie remplit de différentes couleurs... Il ressentait un sentiment de...bonheur dès qu'ils en voyaient. Un peu comme quand il réussissait à faire des gâteaux. Mais revenons à nos moutons.

- J'te pardonne, reprit Al. Mais j't'ai à l’œil. Abruti.

Keyvan poussa un soupire de soulagement. Il voulait a tout pris éviter le même sort qu'avait eu Nawel. Il se sentait beaucoup mieux en ayant obtenu le pardon de son ami, un poids en moins sur ses épaules et une sensation de libération en plus. De plus, il n'aurait pas besoin de l'avoir à l'oeil. Comme il l'avait dit à la jeune fille, il arrêtait de l'aider dans ses plans foireux. D'ailleurs en parlant de plan foireux...

- Dit, Al... Tu veux vraiment que je t'aide à te venger de Nawel ? Parce que jouer la balle de ping pong me fatigue. Et ne me dit pas que j'aurais dû y penser avant, je me sens déjà assez coupable pour que tu en rajoutes une couche. Il ne serait pas plus judicieux de vous asseoir autour d'une table et de parler ? Après tout, tu connais Nawel mieux que personne et je pense que c'est qu'un rôle qu'elle joue. En fait, j'en suis même sûr depuis que je l'ai vu pleurer. Tu n'es pas d'accord ?

- Dit, Al... Tu veux vraiment que je t'aide à te venger de Nawel ? Parce que jouer la balle de ping pong me fatigue. Et ne me dit pas que j'aurais dû y penser avant, je me sens déjà assez coupable pour que tu en rajoutes une couche. Il ne serait pas plus judicieux de vous asseoir autour d'une table et de parler ? Après tout, tu connais Nawel mieux que personne et je pense que c'est qu'un rôle qu'elle joue. En fait, j'en suis même sûr depuis que je l'ai vu pleurer. Tu n'es pas d'accord ?

- Je ne comptais pas me venger, si ça peut te rassurer, déclara Al derechef. C'est débile comme état d'esprit.

Al lâcha un petit soupir. Ce n'était pas du tout son genre de manigancer des vengeances à tout bout de champs. Il préférait perdre son temps à réfléchir à d'autres choses non moins importantes. Le contraire de Nawel en fait. À moins que Keyvan n'ait mit le doigt sur le pot-aux-roses -ou quelle que soit l'expression- : Nawel jouait un rôle.

- T'as raison. On ne peux tout simplement pas être si méprisant avec tout le monde tout le temps. À moins d'être la bibliothécaire de l'orphelinat Evergreen, mais ça, c'est une autre histoire. Bref, je pense... et j'en suis même certain, Nawel a un bon fond. Mais elle le cache depuis qu'elle est ici. Même à nous. Et je ne comprends pas pourquoi.

Et s'il y avait bien une chose qui pouvait l'agacer au plus haut point, c'était de ne pas comprendre. Que ce soit un problème mathématique, scientifique (*tousse* la gente féminine *tousse*) ou même sentimental (*tousse* Azalée *tousse*), ça revenait au même.
Al se frotta le visage d'une main lasse et dévissa sa bouteille pour boire une gorgée d'eau rafraîchissante.

- Et toi, t'as une idée ? s'enquit-il ensuite auprès de son ami.

HRP:

Si Alphonse voulait être rassuré, Keyvan non plus ne comprenait pas pourquoi Nawel était ainsi avec eux. Du moins, jusqu'à ce qu'il réfléchisse à la question. Oui, il avait sa petite idée, mais elle la trouvait légèrement trop simple pour que ça soit réellement le pourquoi du comment. Il soupira et remit en place ses lunettes tout en piquant un spaghetti avec ses doigts.

- En fait, je n'y avais jamais réellement réfléchit. Je l'ai toujours connu comme ça, alors pour moi, c'était son caractère et je devais faire avec. Mais il y a quelques petites choses qu'elle a pu faire ou dire qui sont venus semer le doute... Elle se trahit toute seule, finalement. Peut-être pas auprès de tous, mais vu que je suis assez proche d'elle, j'ai pu facilement le remarquer.

Il marqua un petit temps d'arrêt pour avaler son spaghetti et poussa doucement son plateau sur le côté pour libérer l'espace. Toutefois, il prit sa pomme dans ses mains avant de croquer dedans avec plaisir. C'était son fruit préféré et ça pouvait se lire dans ses yeux qui s'étaient mis à briller de milles feu.

- En faitch, che penche, que ch'est à cause de chon pashé !

Se rendant compte que ce qui disait était presque incompréhensible, il avala sa bouchée et regarda son ami en souriant débilement.

- Je pense que c'est à cause de son passé. Je ne suis pas psychologue, mais j'ai vu assez d'émissions pour confirmer que généralement, les personnes qui jouent un double jeu le font pour se protéger de quelque chose qui s'est produite par le passé. Je ne connais pas l'histoire de Nawel puisqu'elle a toujours refusé d'en parler, mais je mettrais ma..., il s'arrêta de justesse avant de dire une connerie plus grosse que lui et se racla la gorge pour reprendre, ma main..à couper que c'est ça. Peut-être que les autres enfants de ses précédents orphelinats étaient atroce avec elle et elle décide de se venger sur ceux d'Evergreen ? Et même si elle nous adore et qu'on est ses deux meilleurs potes, elle préfère se montrer détestable avec nous.

Il haussa les épaules, et se remit à manger sa pomme. Nawel était et allait demeurer un mystère. Pour lui, découvrir le vrai caractère de la jeune fille frôlait le rêve. Jamais ça arriverait et ils allaient devoir vivre avec. Ou tirer une croix sur elle. Ce qu'il n'avait pas spécialement envie de faire.

- Je me demande s'il faut qu'on se retrouve dans une tombe pour qu'elle ose dire qu'elle nous apprécie... Et encore, peut-être que même sur notre tombe elle continuerait de se montrer odieuse. Tu crois qu'elle verserait une larmichette pour notre enterrement ?

HRP:

Al resta pensif pendant que Keyvan développait ses idées. Tout cela tenait la route. Il avait déjà songé au fait que Nawel avait une "face cachée" (Oui, comme la Lune), et qu'elle devait être liée à son passé. Or, comme l'avait si bien dit Keyvan, Nawel n'avait jamais voulu leur raconter son histoire pré-orphelinat. Al avait arrêté d'insister après qu'elle l'ait menacé avec une paire de ciseaux. Pas fou. Il avait bien dressé plusieurs hypothèses mais justement, elles étaient aussi nombreuses que diverses, et il n'avait pas la moindre piste pour commencer. Un mystère qui restait entier.

- Je me demande s'il faut qu'on se retrouve dans une tombe pour qu'elle ose dire qu'elle nous apprécie... Et encore, peut-être que même sur notre tombe elle continuerait de se montrer odieuse. Tu crois qu'elle verserait une larmichette pour notre enterrement ?

Al haussa les épaules.

- Ça m'étonnerait. Elle se cacherait une fois de plus derrière sa fierté et lâcherait un belle Nawelade du genre "Enfin débarrassée de ces deux abrutis, c'est pas trop tôt !". Franchement, je vois pas ce qui pourrait la débarrasser de sa carapace. Même là, je suis étonné qu'elle pleure à cause de ce qu je lui ait dit. C'est pas son genre. Surtout qu'elle devait un peu s'en douter, non ? Je veux dire, on ne peux pas être si mauvaise tout le temps et ne pas en payer le prix à un moment donné...

Al poussa un long soupir, but une nouvelle gorgée d'eau et reprit la parole :

- Enfin bref. C'est plus mon problème de toute façon. Si elle n'est pas décidée à changer, tant pis pour elle.

Keyvan fit mine de réfléchir. C'est vrai que pleurer n'était pas le genre de Nawel. Enfin, ça, c'est ce qu'elle montrait à tout le monde. Peut-être qu'au fond, c'était une vraie madeleine et qu'elle pleurait pour un oui ou pour un non. Quoi qu'en réfléchissant bien, ce n'était pas vraiment crédible une Nawel qui pleure...

- Pourquoi on n'arrive pas à se l'imaginer différente ? Si ça se trouve, elle pleure dès qu'elle est seule et on ne le sait pas ! Et on ne peut pas lui reprocher de ne pas vouloir nous le dire ou de ne pas vouloir nous le montrer. Pas tout le monde aime pleurer devant les autres. On ne sait pas si elle est heureuse ici, on ne sait rien d'elle. Finalement, on ne la connait même pas.

Il jeta son trognon de pomme dans son assiette et bu une gorgée d'eau. Défendre son amie après ce qu'elle avait fait subir à Alphonse n'était pas la meilleure des idées, mais il voulait lui prouver qu'il devait lui pardonner un jour ou l'autre. Pas dans l'immédiat pour que ça lui serve de leçon, certes, mais ils ne pouvaient pas rester indéfiniment fâché.

- Tu sais pourquoi je suis là et moi je sais pourquoi t'es là. Mais qu'est-ce qu'on sait d'elle à part son prénom et son nom ? Rien du tout ! Je ne suis même pas sûr de connaître sa date d'anniversaire. En fait, j'en suis sûr, je ne la connais pas. Et même en la côtoyant plusieurs années, la seule chose qu'on sait vraiment, c'est qu'elle n'aime pas Noël.

Il posa les coudes sur la table et posa sa tête dans ses mains.

- Sincèrement Al, si elle pleurait par peur de te perdre ? Si c'était ça la raison de ses larmes ? Peut-être qu'elle tient réellement à toi, mais qu'elle ne veut pas s'attacher. Bref. Imagine que ce soit le cas, tu serais capable de la laisser continuer de pleurer ? Bon, ok, elle va bien s'arrêter, mais même si tu lui en veux, tu es bien trop gentil pour ça, non ?

- Tu sais pourquoi je suis là et moi je sais pourquoi t'es là. Mais qu'est-ce qu'on sait d'elle à part son prénom et son nom ? Rien du tout ! Je ne suis même pas sûr de connaître sa date d'anniversaire. En fait, j'en suis sûr, je ne la connais pas. Et même en la côtoyant plusieurs années, la seule chose qu'on sait vraiment, c'est qu'elle n'aime pas Noël.

Maintenant que Keyvan le lui faisait remarquer, c'était vrai qu'Al n'avait pas la moindre idée de la date d'anniversaire de Nawel. Pourtant avec sa mémoire des chiffres, il n'aurait pas eu de mal à la retenir. Seul solution possible : Nawel ne leur en avait jamais parlé.
Pourquoi faire tant de secrets ? Surtout que bon, ce n'était pas un secret national et strictement confidentiel non plus... Al croisa les bras sur son torse. Finalement, Nawel n'avait pas confiance en eux, et ils ne connaissaient rien de leur prétendue amie.

- Sincèrement Al, si elle pleurait par peur de te perdre ? continua Keyvan. Si c'était ça la raison de ses larmes ? Peut-être qu'elle tient réellement à toi, mais qu'elle ne veut pas s'attacher. Bref. Imagine que ce soit le cas, tu serais capable de la laisser continuer de pleurer ? Bon, ok, elle va bien s'arrêter, mais même si tu lui en veux, tu es bien trop gentil pour ça, non ?

- C'est bien ça le problème Keyv', maugréa-t-il. Je suis trop gentil. Nawel me traite comme un chien, et ce depuis plus de dix ans. Au moins maintenant, elle va apprendre à respecter un minimum ses amis et arrêter de croire que tout tourne autours de son nombril.

Enfin il l'espérait, rien n'était jamais acquit avec elle. Al soupira.

- De toute manière, je n'ai pas l'intention d'aller m'excuser ou quoi que ce soit. Ce n'est même pas envisageable.

Keyvan était en train de s'imaginer Alphonse traité comme un chien... Autrement dit, avec une laisse autour du coup, la langue pendante et une gamelle pour boire et manger. Ouais, ce serait vachement sympa à voir ! Il souriait comme un parfait débile en s'imaginant la scène et se mit à rire, tout seul. Se rendant compte qu'il ne pouvait pas encore partager ses pensées avec son ami -heureusement !- et qu'il devait passer pour un pauvre fou, il se racla la gorge nerveusement et passa une main dans ses cheveux.

- Je ne te parle pas d'aller t'excuser, juste de la secouer et de lui encastrer la tête dans un mur pour tenter de la comprendre. Ce n'est quand même pas la mer à boire !

Ceci étant dit, Keyvan se demandait si son ami ne préférerait pas boire la mer et l'océan plutôt que de se retrouver face à Nawel ne serait-ce qu'une seconde. Il soupira. C'était la première fois qu'il avait vu la jeune fille pleurer et dès qu'il se remémorait la scène, un léger pincement au cœur apparaissait. Il aurait préféré la voir sourire. Un si beau sourire...

- Je suis sûre qu'elle est encore plus belle quand elle sourit... Dit-il entre ses dents. Je suis même persuadé qu'on pourrait en tomber amoureux...

Al allait avancer la main pour attraper sa bouteille d'eau lorsqu'il s'arrêta net. Il dévisagea son ami en haussant les sourcils, comme si une deuxième tête venait soudainement de lui pousser sur les épaules. C'était une fantaisie de son cerveau ou Keyvan venait d'insinuer qu'on pouvait tomber amoureux de Nawel ? Sûrement pas. Bon, ne vous méprenez pas, Al souhaitait tout le bonheur du monde à son amie (enfin ancienne amie, pour ce qu'il en savait), mais de là à l'imaginer en couple, il y avait un gouffre monumental. Imaginer Nawel moqueuse, oui. Manipulatrice, sans problème. Mesquine, bien sûr. Mais amoureuse... Sûrement pas !
Al cligna des yeux plusieurs fois avant de se radosser à sa chaise, sans toucher à sa bouteille. En même temps, Nawel était plutôt jolie avec ses grands yeux gris et ses longs cheveux soyeux. Pas vraiment son style (lui, il voyait parfaitement la lueur mauvaise dans son regard), mais il ne pouvait nier qu'elle était attirante.

- Je plains le pauvre mec naïf qui tombera dans le p... sous le charme de Nawel, soupira Al. Je le plains. Sérieusement, tu pourrais vivre avec elle toute la journée ? En couple j'entends.

Keyvan releva la tête vers son ami et fronça les sourcils. Il ne voyait pas pourquoi le mec qui tomberait amoureux de Nawel serait "naïf" ! S'il en tombe amoureux, c'est parce qu'il la connait un minimum et l'apprécie pour ce qu'elle est. L'acceptant avec ses qualités, comme ses défauts. Il pouvait quand même comprendre qu'Alphonse soit choqué, mais quand même ! Nawel n'était pas le diable. -Ou pas tout à fait.- Il ne fallait pas non plus pousser mémé dans les orties !

- Pourquoi pas ? Peut-être qu'elle changerait de comportement. Ou peut-être qu'elle n'aurait pas le même avec son copain... Puis de toute façon, à notre âge, on ne vit pas sous le même toit que son copain ou sa copine ! Et elle va grandir et murir un jour ou l'autre. Enfin, j'espère. Donc je n'aurais pas à la supporter toute la journée avant quelques années.

Se rendant compte de sa bourde un petit peu trop tard, le jeune homme s'enfonça dans sa chaise en espérant disparaître comme par magie. Malheureusement pour lui, le jour où la magie existerait n'était pas encore arrivé. Il se racla la gorge.

- Avant que tu ne poses la question, oui, tu as très bien entendu... Et ne te fout pas de moi !

Al haussa les épaules en faisant la moue, moyennement convaincu. Nawel pouvait changer de comportement, pourquoi pas, mais de là à devenir gentille...
Puis la dernière phrase de Keyvan le percuta comme un camion rentre dans un mur. Genre avec un gros BAOUUUM. Al fut incapable d'articuler un mot pendant au moins cinq secondes.
Pas possible. Ai-je bien entendu ce que j'ai bien entendu ? Par Toutatis, Keyvan louchait sur Nawel !
Et apparemment, cette petite pépite n'était pas sortie consciemment de la bouche de son ami puisque celui-ci reprit plus rapidement ses esprits que lui.

- Avant que tu ne poses la question, oui, tu as très bien entendu... Et ne te fout pas de moi !

Toujours choqué par cette révélation, Al ne sut pas tout de suite quoi répondre.

- Mec, j'avoue que là tu m'as scotché. Et c'est pas évident avec moi, tu le sais ! Mais là, franchement... Wouaw.

Finalement, un immense sourire fleurit sur son visage.

- Tu m'avais caché ton côté suicidaire masochiste Keyv'. Je suis impressionné.

Al lâcha un éclat de rire. S'il c'était attendu à ça en se levant se matin... Il reprit son souffle après un bon petit fou rire et s'essuya le visage de ses mains.

- Désolé, s'excusa-t-il ensuite avec les yeux toujours pétillants. De-depuis quand t'es... enfin... pourquoi ?

Question stupide, mais qui s'imposait.

Keyvan s'enfonça encore plus dans sa chaise en entendant son ami rire aux éclats. Bon sang ! Il allait passer pour qui maintenant ? A part pour un suicidaire et un masochiste comme il l'avait si bien dit. Il soupira et ferma les yeux. Aussi difficile à croire que cela puisse paraître, oui, il était tombé sous le charme de Nawel et ce depuis qu'il l'avait rencontré. Malgré son caractère de cochon, quelque choses d'inexplicable l'attirait et la rendait, à ses yeux, merveilleuse. Peut-être ses irrésistibles yeux gris, qui lui donnait encore plus un petit air mystérieux. Évidemment, l'amour rend aveugle et le jeune homme n'avait jamais réellement comprit que la jeune fille était une peste et avec un p majuscule. Toutefois, il continuait de la trouver belle à en tomber par terre et persistait à croire qu'elle avait un bon fond.
Une fois son ami calmé, Key' rouvrit les yeux et le fixa très sérieusement. Sérieux qui disparut aussitôt qu'il eut posé sa question. C'était quoi cette question débile ?

- Al, des fois, tu me déprimes ! C'est comme ci je te demandais pourquoi tu es amoureux d'Azalée ! Ça ne s'explique pas ce genre de truc. Je l'aime parce que tout, ou presque tout, me plait chez elle.

Il soupira et bu une grosse gorgée d'eau. Ils devraient en parler encore plus fort, comme ça, tout l'orphelinat serait au courant, sauf Nawel, puisqu'elle était partie sans manger.

- Et bon sang, ouvre les yeux ! Elle est magnifique comme fille !

- Al, des fois, tu me déprimes ! C'est comme ci je te demandais pourquoi tu es amoureux d'Azalée ! Ça ne s'explique pas ce genre de truc. Je l'aime parce que tout, ou presque tout, me plait chez elle.

Oui, bon. C'était vrai que lui aussi n'aurait pas pu répondre à cette question pour le moins primitive. Mais son cerveau embrumé par l'incroyable nouvelle n'avait pas été apte à produire plus élaboré. Tant pis, il arriverait bien à tirer les vers du nez de Keyvan.
Al croisa les bras d'un air très intéressé, en attendant que son ami développe un peu plus sa pensée. Ce qu'il ne tarda pas à faire.

- Et bon sang, ouvre les yeux ! Elle est magnifique comme fille !

Ben voyons. Al leva les yeux au ciel avec un petit sourire au coin des lèvres. L'idée que son meilleur ami ait des vues sur sa meilleure amie, l'amusait au plus haut point. C'était tellement... absurde, surtout en de telles circonstances.

- Oui c'est sûr, approuva-t-il avec une lueur malicieuse dans le regard. Avec ses grands yeux gris, sa peau de porcelaine, sa bouche bien dessinée...

- Oui, exactement. Surtout ses grands yeux gris ! dit-il avec une pointe d'admiration dans sa voix. Et ses cheveux aussi soyeux que de la soie...

Keyvan se sentit bien débile à l'issue de cette phrase. Il avait parlé sans réfléchir, laissant les premières choses qui lui passaient par la tête être dites à voix haute alors qu'il aurait mieux fait de se taire et de garder ses plus profondes pensées uniquement pour lui. Il soupira discrètement. Maintenant, c'était sûr, il était fichu. Alphonse allait se foutre de lui comme il ne s'était jamais foutu de quelqu'un. Il allait avoir droit à toutes sortes de moqueries et de regard malicieux comme celui qu'il avait en ce moment. En soit, tout ce que le jeune homme détestait. Il était grand temps qu'il s'achète un cerveau. Et pas un d'occasion qu'on pourrait facilement trouver sur e-bay. Un vrai de vrai, neuf et même plus que neuf !

- T'es pas cool, marmonna-t-il dans sa barbe inexistante, pas du tout même. Il y a quoi de si étonnant là-dedans ?

En réfléchissant bien, tout était étonnant. Keyvan était un vrai romantique. Du genre à écrire au glaçage "Je t'aime" sur un gâteau au chocolat, visiter Venise et ses gondoles pour lune de miel. Alors que Nawel devait haïr tout ça. Lui, il ne souhaitait qu'une chose. Enfin trois. Avoir une maison, un bon travail et des enfants. Encore une fois, Nawel n'était pas de cet avis. Elle détestait les enfants, alors en avoir, sûrement pas. Tout les oppose, absolument tout. Les contraires s'attirent, certes, mais qui se ressemble s'assemble.

- De toute façon, je n'espère pas grand-chose avec elle... Avoir, ne serait-ce qu'une attention de sa part, ce serait trop demandé. Alors nous voir mains dans la main, ce n'est pas près d'arriver...