La vie c'est des étapes et la plus belle c'est les retrouvailles *♥* [Madelyn Treaty & Alphonse Feldmann]

Elle était revenue. Elle était de retour. Après dix longues années d'absence, elle était là, dans cet orphelinat qui l'avait vu grandir et s'épanouir. Ce n'était pas dans ses projets de base ni dans ses projets futurs d'ailleurs et pourtant, elle y était attachée à cette vieille bâtisse. Rien n'avait changé. La tapisserie était toujours vieillotte et commençait à tomber en lambeau, les lustres étaient toujours les mêmes et donnaient cette impression d'être dans une grande salle de bal d'un beau et magnifique château. Les tableaux étaient tous aussi laids les uns que les autres et montraient à quel point Madame Evergreen manquait de goût. Oui, elle avait de quoi aimer ces lieux semblable au conte de fées qu'elle avait pu lire dans son enfance. C'est une simple annonce postée sur internet qui l'avait fait revenir, elle avait besoin d'un job stable et la directrice embauchait, alors elle n'avait pas hésité une seule seconde à plier bagages et à sauter dans le premier train qui la conduirait à destination.

Elle s'était entretenue pendant plus d'une heure et demie avec la maîtresse des lieux. Evidemment, elle n'avait pas eu besoin de montrer CV ou lettre de motivations, bien qu'elle se soit particulièrement appliqué pour les faire, et elles n'avaient jamais parler du boulot qu'elle allait devoir effectuer. Les deux femmes avaient surtout laisser place aux retrouvailles, se racontant les souvenirs qu'elles avaient sur l'une et sur l'autre, expliquant ce qu'elles étaient devenue pendant ces quelques années de séparation, puis Madelyn prit soin de détailler tous les voyages qu'elle avait effectuer dans le monde afin de se faire connaître et de se trouver une place dans l'univers très restreint des stars. C'est seulement au bout d'une heure qu'elles entamèrent une discussion un peu plus sérieuse et qui concernait les élèves. La directrice lui fit rapidement un débriefing sur le nombres de pensionnaires, les règles et les sanctions et pour finir, sur le couvre-feu.

Dans l'idée de regagner sa chambre afin de pouvoir y déposer ses affaires, la jeune femme avait décidé de faire un détour par le hall pour avoir accès au plan de l'établissement. Bien qu'il n'est pas la carrure d'un château fort comme elle se l'imaginait étant petite, il était tout aussi grand et pouvait facilement devenir un labyrinthe quand on n'était pas ou plus habitué. Elle le prit en photo avec son smartphone et songea qu'elle avait finalement bien fait de se mettre à la technologie. Elle l'observa quelques instants pour tenter de mémoriser le trajet qu'elle avait à suivre et ainsi éviter de lancer un signal de détresse dès le premier jour et se mit en route.
Elle s'apprêtait à passer les portes pour atteindre les escaliers lorsqu'une silhouette qui marchait la tête basse et les mains dans les poches lui rappela vaguement quelqu'un. Elle fronça les sourcils et fit fonctionner sa mémoire. Après quelques secondes de réflexion, elle savait associer ce visage à un prénom. Elle sourit bêtement. Elle n'avait pas oublié le jeune homme avec qui elle avait passé une grande partie de son temps quand elle vivait encore ici et elle était heureuse de découvrir qu'il était encore là. Elle s'approcha de lui d'un pas de loup avant de prendre la parole.

- Al ? Demanda-t-elle une fois arrivé à sa hauteur. C'est bien toi ?

Al traversa le jardin sans se retourner une seule fois vers le saule pleureur. Il n'arrivait toujours pas à croire que Nawel ait pu lui faire un coup pareil. Bonjour la confiance... Et il n'avait même pas eu besoin de lui demander le pourquoi du comment, il s'en doutait. Nawel et sa possessivité légendaire... Et Keyvan, qui l'avait roulé pour un jeu vidéo. Au moins, Al était maintenant tout à fait rassuré sur le fait qu'il n'était pas un rival potentiel pour le coeur d'Azalée. Maigre consolation...
Al monta quatre à quatre les escaliers de pierre à l'entrée de la grande bâtisse qu'était l'orphelinat Evergreen. Il se fraya un passage entre les pensionnaires qui entraient et sortaient, et pénétra dans le hall.
Bon. Il fallait se ressaisir, et mettre au point un plan d'attaque. Enfin, de drague plutôt, puisqu'il fallait tout recommencer à zéro... Azalée ne lui pardonnerait pad de sitôt. Al se donna une petite claque mentale en guise d'encouragement. Aller ! Il avait réussi une première fois, il pourrait le refaire une deuxième, c'était pas la mer à boire non plus.
Al en était là de ses profondes réflexions lorsqu'une voix familière l'interpela.

- Al ? C'est bien toi ?

Il leva la tête et chercha des yeux celle qu'il ne pensait jamais revoir.

- Maddie ! s'exclama-t-il lorsqu'il l'eut repéré.

Al s'approcha et lui sourit, mettant de côté ses problèmes pour le moment.

- Alors, de retour au bercail ?

La jeune femme affichait le même sourire rayonnant depuis le début et rayonnait encore plus depuis quelques secondes. Il se souvenait d'elle et rien ne pouvait lui faire plus plaisir. Elle était arrivée en même temps que lui à l'orphelinat et bien que plus âgé de dix ans, elle s'était attachée à lui et avait finit par le considérer comme son petit frère. Un petit frère à protéger et à consoler. Elle gardait encore en mémoire le petit bout de chou qui lui courait après dans tout l'orphelinat en lui criant de l'attendre quand elle avait la mauvaise idée de s'éloigner un peu trop.

- Alors, de retour au bercail ?

- Il faut croire que oui !

Peu de temps après avoir fêté ses dix-huit ans, elle avait dû quitté l'orphelinat pour prendre le chemin de la fac et les au revoir ne furent pas des plus faciles. Il avait eu beaucoup de mal à se détacher de son étreinte et le laisser derrière elle, en pleure, lui avait brisé le cœur. Elle n'avait pas penser à prendre de ses nouvelles à l'époque, elle s'en était longuement voulu et avait hésité à plusieurs reprises de renouer contact. Seulement, le mal étant fait, elle se demandait s'il se souvenait d'elle et surtout s'il était capable de lui pardonner ces années de silence. Visiblement, c'était le cas. Vu l'expression qui était affiché sur son visage, un mélange de surprise et de joie, il ne devait pas lui reprocher quoi que ce soit et elle lâcha un énorme soupire de soulagement.

- Bon sang, qu'est-ce que tu m'as manqué ! dit-elle en lâchant la poignée de sa valise et en posant l'étuis de sa guitare au sol. Aller, dans mes bras le frangin !

Sans attendre la moindre autorisation de sa part, elle le tira dans ses bras et le serra contre elle. Il n'était peut-être plus en l'âge de serrer qui que ce soit dans ses bras, à part une petite-amie, évidemment, mais elle s'en fichait comme de son premier hochet. Tiens... En parlant de petite-amie, il devait sûrement en avoir une dans sa vie. L'expression qu'il affichait il y a deux minutes était bel et bien celui de quelqu'un en plein chagrin d'amour. Elle se retira et frotta gentiment ses cheveux pour les ébouriffés.

- Alors, qu'est-ce qui se passe ? Problèmes de cœur pas vrai ? Demanda-t-elle en souriant. Tu sais, les filles c'est compliquées.

- Bon sang, qu'est-ce que tu m'as manqué ! dit-elle en lâchant la poignée de sa valise et en posant l'étuis de sa guitare au sol. Aller, dans mes bras le frangin !

À ses mots, Madelyn le prit dans ses bras, comme elle l'avait toujours fait depuis des années. Après un instant de surprise et d'hésitation purement instinctives, Al s'abandonna finalement à l'étreinte avec un grand sourire, redevenant le gamin de cinq ans qui cherchait réconfort auprès de sa frangine. Il ne s'était jamais attendu à la revoir un jour, mais maintenant que c'était fait, il se rendait compte qu'elle lui avait énormément manqué.
Madelyn s'écarta après quelques secondes et lui ébouriffa les cheveux en souriant de toutes ses dents.

- Alors, qu'est-ce qui se passe ? Problèmes de cœur pas vrai ? demanda-t-elle. Tu sais, les filles c'est compliqué.

- Je suis si transparent que ça ? grimaça Al en retour.

Cependant, Al esquissa un petit sourire en coin. Elle n'avait vraiment pas changé... Al avisa un banc situé à côté de l'entrée et s'y laissa choir lourdement. Il attendit que Maddie l'eut rejoint avant de reprendre en soupirant :

- Bon ok, t'as raison... Et les filles ne sont pas compliquées. Elles sont indéchiffrables.

- Je suis si transparent que ça ? grimaça Al en retour.

Maddie se contenta d'hausser les épaules, comme ci la réponse était évidente. Elle le connaissait par cœur et malgré les dix ans de séparation, elle savait reconnaître quand il se passait quelques choses ou non. Et qu'est-ce qui peut se passer pour déprimer un gars de dix-sept ans ? Un chagrin d'amour, une rupture amoureuse, une peine de cœur et tout ce qui peut être semblable à l'amour. Ainsi, il ne lui était pas grandement difficile de deviner ce qui tracassait tant le jeune homme.
Elle s'installa à côté de lui sur le banc, prenant soin d'apporter ses affaires prés d'elle. Elle allait renfiler son tablier et reprendre son rôle de grande sœur. Enfin, s'il était d'accord pour lui expliquer dans les moindres détails ce qui se passait et qu'il acceptait de se confier de nouveau à elle. Et contre toute attente, il fini par craquer et par lui répondre.

- Bon ok, t'as raison... Et les filles ne sont pas compliquées. Elles sont indéchiffrables.

Elle fit mine de réfléchir, ouvrit la bouche puis la referma. Elle savait qu'elle avait raison. Et elle ne pouvait pas nier. Les filles étaient belle et bien indéchiffrables. Pourtant, dans ses souvenirs, Alphonse étaient plutôt à l'aise avec les chiffres, il devrait donc n'avoir aucun mal à les comprendre. Elle croisa les jambes et posa ses mains dessus, se balançant légèrement. C'était un tic qu'elle avait depuis petite et qui lui permettait de réfléchir ou de trouver ses mots.

- C'est juste que tu t'y prends mal, mon grand. En plus, je suis sûre que tu n'as pas choisit la plus compliqué de l'orphelinat. Mais tu as raison. Les filles c'est un peu comme les maths.

Et elle en savait quelque chose, puisque après une bonne dizaine de ruptures, elle avait fini par comprendre que le problème venait sûrement d'elle. Bien sûre, elle n'oubliait pas l'option inverse. Elle était seulement tombé sur des imbéciles, mais ça faisait un peu trop pour que ce soit le cas. Elle soupira. Elle allait finir vieille fille si ça continuait dans ce sens. Bref.

- Explique-moi donc depuis le début. Je pourrais sûrement t'aider. Et qui de mieux placer qu'une fille pour comprendre une autre fille ?

- C'est juste que tu t'y prends mal, mon grand. En plus, je suis sûre que tu n'as pas choisit la plus compliquée de l'orphelinat. Mais tu as raison. Les filles c'est un peu comme les maths.

Al haussa un sourcil, sceptique.

- Si les filles étaient comparables aux maths, ça ferait longtemps que j'aurais un harem à mes pieds...

- Explique-moi donc depuis le début. Je pourrais sûrement t'aider. Et qui de mieux placer qu'une fille pour comprendre une autre fille ?

Al contempla le bout de ses chaussures. Ça, c'était l'effet Maddie. À peine arrivée, ils se parlaient comme s'ils ne s'étaient jamais quitté, et elle retrouvait -avec grand plaisir apparemment- son rôle de confidente. Pas vraiment le même genre de confidente que pouvait l'être Keyvan. C'était différent.
Al soupira et se passa la main dans les cheveux, retirant son bonnet au passage.

- Ok t'as gagné. Je suis attiré par une fille depuis deux ans, et j'ai enfin osé l'aborder ce matin. Me regarde pas comme ça, c'était un acte très courageux, même si je ne suis absolument pas du genre  timide en général... Bref. On a passé une super journée ensemble. Enfin, jusqu'à ce que Nawel s'en mêle. Tu dois la connaitre, elle est arrivée à l'orphelinat quelques années avant que tu partes, plutôt grande, brune, avec un air pas aimable à faire fuir un troupeau de lions... Et mon amie, accessoirement. Elle a donc décidé de tout gâcher entre Azalée et moi, et je te passes les détails, mais en gros, elle a réussi à acheter mon meilleur ami, à me rendre jaloux -quel sentiment horrible d'ailleurs-, et à ce qu'Azalée me déteste... Elle est parti en me plantant là, à grands renforts de "vous êtes des abrutis sans cervelle" et de "je veux pas de petit copain, laissez-moi tranquille". Rude journée en somme... conclut Al en se frottant le visage d'un air fatigué.

Dès que le jeune homme prit la parole, elle le dévisagea du regard. Ce qui ne passa pas du tout aperçu, et il lui en fit la réflexion. Mais soyons honnête, il était amoureux de cette fille depuis deux ans et venait seulement de l'aborder, c'est quand même étonnant ! Surtout pour lui. Il continua et au fur et à mesure qu'il avançait dans son récit, Maddie ne voyait pas du tout où était le problème. La journée s'était déroulé à merveille, c'est ce qu'il venait de dire. Seulement, il y a toujours un hic et celui-là, il s’appelait Nawel. Et bien entendu qu'elle s'en souvenait de cette petite effrontée qui menait la vie dure à tout le monde. Comment aurait-elle pu l'oublier ? D'ailleurs, elle était étonnée qu'il la considère comme sa meilleure amie. Elle allait devoir lui expliquer la véritable signification du mot amitié et très vite. Il fini par conclure et la jeune femme le regarda en souriant. Bon, ce n'était pas très joyeux sur la fin, mais ce n'était pas non plus la mer à boire ! Elle avait connu bien pire.

- On va prendre dans l'ordre. Et je vais commencé par te donner la définition du mot amitié. Dit-elle en se raclant la gorge. Alors, l'amitié c'est un sentiment d'affection entre deux personnes et qui généralement, se caractérise par de la bienveillance, de la courtoisie, de la gentillesse et tout ce que cette Nawel ne possède pas. Donc, je vais te poser une question, pourquoi tu es amie avec elle ? Elle te fait souffrir. Elle n'est pas digne de toi et ne mérite pas ton amitié.

Elle marqua une petite pause, mais ne souhaitant pas avoir de réponse tout de suite afin de le laisser réfléchir, elle reprit la parole.

- Ensuite, Keyvan, ce n'est pas un mauvais garçon dans le fond, j'en suis persuadée. Mais méfie toi. S'il peut te la mettre à l'envers maintenant, il pourra te faire bien pire par la suite. Mais passons ces petits détails et venant s'en au fait. Elle doit t'en vouloir. Azalée je veux dire, elle t'en veut, mais ça lui passera. Elle a agit sous le coup de la colère et elle ne devait absolument pas penser un mot de ce qu'elle disait. Laisse lui un peu de temps, mais pas trop ! elle ne doit pas croire que tu ne lui porte plus aucune attention, sinon, elle finira par croire que tu t'es rapproché d'elle pour tout autre chose, si tu vois de quoi je veux parler, et retourne lui parler.

Elle posa une main sur son épaule, qui se voulait réconfortante et tenta de le rassurer du mieux qu'elle pouvait une nouvelle fois, en lui assurant et en lui prouvant de toutes les manières possibles qui existent qu'il était bien trop génial pour qu'elle lui en veuille longtemps.

- Et beau garçon comme tu es, tu ne peux que la faire tomber raide dingue de toi à un moment ou un autre !

Après un court temps de réflexion, Maddie lui rappela la définition de l'amitié et Al leva les yeux au ciel. Il savait ce que c'était que des amis, et là n'était pas la question... Même si au fond, elle méritait réflexion, surtout pour le cas de Nawel. Son amie l'avait vraiment roulé dans la farine, comment avoir confiance en elle après un coup pareil ? Comme d'habitude, elle n'avait pensé qu'à elle et à son petit bonheur personnel, lui, il pouvait aller cueillir des pâquerettes. Ras-le-bol. Il était bien gentil comme mec, mais il fallait pas pousser non plus.
Plongé dans ses pensées, Al ne remarqua pas tout de suite que Maddie changeait de sujet.

- (...) Mais passons ces petits détails et venons en au fait. Elle doit t'en vouloir. Azalée je veux dire, elle t'en veut, mais ça lui passera. Elle a agit sous le coup de la colère et elle ne devait absolument pas penser un mot de ce qu'elle disait. Laisse lui un peu de temps, mais pas trop ! elle ne doit pas croire que tu ne lui portes plus aucune attention, sinon, elle finira par croire que tu t'es rapproché d'elle pour tout autre chose, si tu vois de quoi je veux parler, et retourne lui parler.

Al ne répondit pas tout de suite, le menton posé sur les mains, coudes sur les genoux. Les conseils de Maddie étaient précieux, il le savait, mais il restait un peu... perplexe.

- Et beau garçon comme tu es, tu ne peux que la faire tomber raide dingue de toi à un moment ou un autre ! ajouta Madelyn.

- Si tu l'dis !

Al lâcha un petit rire. Il savait qu'il n'était pas moche comme gars, mais de là à se trouver "beau gosse"... Les yeux de l'amour semi-familial sans doute ! N'empêche que la jeune femme avait réussi à le décompresser.

- Donc tu préconises quoi, madame la conseillère conjugale ? Pour me faire pardonner d'Azalée, j'ai réagis comme un gamin je sais mais... Elle ne m'a pas vraiment facilité la tache ! T'aurais vu comment elle jouait le jeu de ce petit dragueur à la noix ! J'ai rien compris...

Al soupira un grand coup et se radossa au dossier du banc.

- 'Faudrait un décodeur pour comprendre ce que veulent les filles... J'te jure, vous êtes complètement illogiques parfois !

- Donc tu préconises quoi, madame la conseillère conjugale ? Pour me faire pardonner d'Azalée, j'ai réagis comme un gamin je sais mais... Elle ne m'a pas vraiment facilité la tache ! T'aurais vu comment elle jouait le jeu de ce petit dragueur à la noix ! J'ai rien compris... Faudrait un décodeur pour comprendre ce que veulent les filles... J'te jure, vous êtes complètement illogiques parfois !

Ah ? Maintenant, elle était conseillère conjugale ? Mouais. Elle ne se considérait pas du tout comme telle, sinon, elle aurait déjà réglé son problème avec les hommes depuis fort longtemps. De plus, jamais l'idée lui aurait traversé l'esprit. Entendre des problèmes de couple à longueur de journée l'énerverait un peu trop et elle finirait par perdre patience. Elle réservait ses talents de conseillère en tout seulement pour Alphonse et quelques autres personnes, mais elle ne se voyait pas gagner de l'argent avec un job comme celui-là.

- Je te remercie, Al, je n'ai pas tellement l'impression d'être illogique. dit-elle en levant les yeux au plafond. Et elle est sûrement rentrer dans son jeu pour voir ta réaction, qui a certainement dû lui déplaire car elle était fort stupide, mais bon, tu es trop amoureux pour t'en rendre compte, alors tu es pardonné.

Elle sourit et l'observa silencieusement. Il manquait toujours un peu d'assurance et d'estime de soi. En dehors de sa croissance et de tous les signes de l'adolescence, il n'avait pas changé. Ce qui ne déplaisait pas du tout la jeune femme. Il ne pouvait que lui plaire, elle en était persuadée, et elle finirait bien par lui pardonné d'avoir agit comme un idiot amoureux.

- Fait comme je t'ai dit. Laisse là tranquille pour aujourd’hui et essaie de lui reparler demain ou dans quelques jours si tu sens que c'est encore tendu. N'hésite pas à lui dire bonjour ou à lui sourire. Mais pas un grand sourire qui pourra te faire passer pour un faux-cul. Et évite de lui dire que c'est la faute de Nawel et de Keyvan, que c'était un coup monté par ta soit disante meilleure amie, elle pourrait croire que tu cherches des excuses pour te faire pardonner.

Elle se leva pour se placer devant lui, s’accroupit devant lui. C'était la position typique qu'elle prenait à l'époque avec lui quand il avait un gros chagrin. Et pas d'amour.

- Et par pitié, arrête de croire que tu es plus nul que les autres. Tu verras, ça s'arrangera plus vite que ce que tu crois !

- Je te remercie, Al, je n'ai pas tellement l'impression d'être illogique. Et elle est sûrement rentrée dans son jeu pour voir ta réaction, qui a certainement dû lui déplaire car elle était fort stupide, mais bon, tu es trop amoureux pour t'en rendre compte, alors tu es pardonné.

- Va expliquer ça à Azalée... ronchonna Al.

Tout de même, quel sentiment affreux que la jalousie. Lui qui se croyait bien au-dessus de ce genre de puérilité, il se découvrait maintenant jaloux comme c'était pas permis. Pas jaloux gentil hein ! Plutôt Du genre jaloux-homme de Cro-Magnon : "À moi ! À moi ! Bas les pattes !". Brrr. Il allait vraiment falloir qu'il prenne sur lui de ce côté-là, sinon Al pouvait bien imaginer que ça déplaise à Azalée. Comme à toutes les filles d'ailleurs...

Al écouta attentivement le plan que lui expliquait Maddie. Il n'en comprenait pas toutes les subtilités (Sérieusement, depuis quand il fallait mesurer la taille de son sourire ? Aah les filles...), mais décida de l'appliquer à la lettre. Les conseils d'une fille étaient sensés être les plus avertis dans de pareils circonstances. Et puis bon, c'était pas comme s'il avait un meilleur plan à proposer.

- Et par pitié, arrête de croire que tu es plus nul que les autres, ajouta Madelyn en s'accroupissant devant lui. Tu verras, ça s'arrangera plus vite que ce que tu crois !

Al leva les yeux au ciel, mi-agacé mi-amusé.

- Je ne me crois pas plus nul que les autres, comme tu dis,  -ce qui était vrai. Je pensais même me débrouiller super bien avec Azalée avant que Keyvan et Nawel ne s'incrustent. Non vraiment Maddie, c'est pas d'estime de moi dont j'aurais besoin, mais d'un manuel. Un manuel du style, "Comment attacher solidement ses meilleurs amis pendant que vous draguez tranquillement une jolie fille".

La jeune femme ne put s'empêcher de lâcher un petit rire. Oh, qu'est-ce qu'elle pouvait le comprendre ! A elle aussi, ce n'est pas l'envie qui lui manquait, surtout par rapport à cette Nawel. Sauf qu'elle ne se contenterait pas seulement de l'attacher solidement ou alors, elle irait la menotter au fin fond d'une forêt sans eau et sans nourriture pendant trois jours. Ouais, elle est un peu trop protectrice, donc si on touche à son petit Alphonse, elle bouffe et tout cru.

- Bon, pour le guide, je ne peux malheureusement rien faire, mais si tu veux, j'ai plusieurs cordes dans mes bagages et j'ai même une guitare pour les assommer. dit-elle avec humour. Je peux aller te les chercher si tu veux ?

Il est vrai que dans sa valises, Maddie avait largement de quoi faire, mais ses cordes étaient tout simplement destiner à lui servir d'étendage lorsqu'elle faisait du camping pendant ses petites semaines de vacances. Peut-être qu'elles auraient une autre fonction d'ici peu. Quant à sa guitare, là, elle plaisantait. Le premier qui osait poser la main dessus en sortait rarement vivant. Elle y tenait comme à la prunelle de ses yeux.

- Je n'arrive toujours pas à croire que tu puisses les considérer comme des amis et encore moins comme des meilleurs amis. Sincèrement Al, faut que tu m'expliques pourquoi c'est le cas... Tu n'es quand même pas désespérer au point de rester avec eux ? Tu as bien réussit à te lier d'amitié en une journée avec cette fille, alors pourquoi ? De ce que tu en dis, tu mérite largement mieux.

- Je n'arrive toujours pas à croire que tu puisses les considérer comme des amis et encore moins comme des meilleurs amis. Sincèrement Al, faut que tu m'expliques pourquoi c'est le cas... Tu n'es quand même pas désespéré au point de rester avec eux ? Tu as bien réussi à te lier d'amitié en une journée avec cette fille, alors pourquoi ? De ce que tu en dis, tu mérite largement mieux.

Al grimaça. Elle y allait un peu fort là.

- Keyvan est mon meilleur ami, ya pas de doute là-dessus. Outre le fait qu'il soit légèrement stupide et traître sur les bords, on a les mêmes hobbies et on se marre bien. Pour ce qui est de Nawel en revanche... Je sais pas. Disons qu'on se taquine tout le temps mais c'est comme un jeu. Enfin, c'était un jeu. Cette fois elle est allée beaucoup trop loin.

Son visage s'assombrit. Il en était où avec Nawel maintenant ? Il ne pouvait pas simplement lui pardonner, même s'il n'était pas très rancunier, là c'était trop gros pour être pardonné si facilement. Peut-être qu'il était temps de mettre un terme à leur "amitié"... Al secoua la tête pour s'éclaircir les idées et inspira profondément.

- Bref, je ne suis pas désespéré au point d'aller me chercher de nouveaux gentils amis. Et sinon toi, qu'est-ce qui t'as fait revenir au bercail ? Moi j'espère ! supposa-t-il avec un clin d'oeil malicieux.

- Bref, je ne suis pas désespéré au point d'aller me chercher de nouveaux gentils amis. Et sinon toi, qu'est-ce qui t'as fait revenir au bercail ? Moi j'espère ! supposa-t-il avec un clin d’œil malicieux.

Madelyn lui adressa un sourire. Elle savait qu'il se moquait d'elle et qu'il devait sans doute se douter que la réponse n'était pas un magnifique "évidemment", mais intérieurement, elle s'en voulait. Elle ne l'avait pas oublié, loin de là, mais elle avait presque -oui, presque- tirer un trait sur lui. Pourquoi ? Elle ne pensait pas le retrouver un jour...

- Sans te mentir, Al, j'ignorais que tu étais encore à Evergreen. Pour moi, tu étais déjà majeur et sûrement bien loin de cette ville. dit-elle en soupirant. Il faut croire que mes dix ans d'absence m'ont fait oublier pas mal de choses.

Elle soupira de nouveau. Si elle avait bien fait ses calculs, elle se serait bien vite rendu compte qu'il n'allait pas fêter ses dix-huit ans tout de suite. Evidemment, elle se souvenait de son jour et son mois de naissance, mais l'année, c'était une autre histoire.

- Et mon retour était un peu précipité. J'ai quitté les Etats-Unis il y a seulement quelques mois et je devais trouver un travail. Tu te doutes bien que sans diplômes, ça allait être compliqué. Et à vingt-huit ans, les bancs de l'école, ce n'est plus pour moi ! Alors en fouillant quelques annonces sur internet, je suis tombé sur celle de la directrice. Je savais qu'elle ne me demanderait pas d'avoir de réels qualifications, alors me voilà ! Bon, vous surveillez ce n'est franchement pas un cadeau, mais j'aurais au moins le privilège de m'occuper de votre club de musique.

Elle se redressa pour venir se rasseoir à côté de lui, sur le banc.

- Et j'ai bien fait de revenir, puisque tu es encore ici... Je pense d'ailleurs que c'est le bon moment pour m'excuser de ne pas avoir prit de tes nouvelles. Donc tu m'en vois sincèrement désolé.

- (...) J'ai quitté les Etats-Unis il y a seulement quelques mois et je devais trouver un travail. Tu te doutes bien que sans diplôme, ça allait être compliqué. Et à vingt-huit ans, les bancs de l'école, ce n'est plus pour moi ! Alors en fouillant quelques annonces sur Internet, je suis tombée sur celle de la directrice. Je savais qu'elle ne me demanderait pas d'avoir de réelles qualifications, alors me voilà ! Bon, vous surveillez ce n'est franchement pas un cadeau, mais j'aurai au moins le privilège de m'occuper de votre club de musique.

Al écouta attentivement Madelyn lui raconter son histoire post-orphelinat. Les Etats-Unis hein ? S'il se souvenait bien, Maddie avait toujours souhaité être chanteuse. Al jeta rapide un coup d’œil à l'étui à guitare qu'elle transportait. De toute évidence, son rêve était devenu réalité. Al s'en voulut tout d'un coup de ne pas avoir cherché à en savoir plus à propos de Madelyn Treaty, la chanteuse en voyage chez les Américains. Pour sa défense, il n'était pas hyper branché people. Surtout à huit ans.

- Et j'ai bien fait de revenir, puisque tu es encore ici... Je pense d'ailleurs que c'est le bon moment pour m'excuser de ne pas avoir prit de tes nouvelles. Donc tu m'en vois sincèrement désolé.

- Tu m'en vois navré de même, rétorqua-t-il pompeusement. Je n'ai pas pris des tiennes non plus. Enfin bref, c'est super cool que tu sois de retour ! Et bonne chance pour ton club de musique, j'en connais une qui sera ravie de s'y inscrire...

- Tu m'en vois navré de même, rétorqua-t-il pompeusement. Je n'ai pas pris des tiennes non plus. Enfin bref, c'est super cool que tu sois de retour ! Et bonne chance pour ton club de musique, j'en connais une qui sera ravie de s'y inscrire...

Maddie l'observa sans dire un mot pendant qu'il s'excusait. Il avait huit ans, il n'avait pas à s'excusé pour quelque chose qui n'était pas de son âge à l'époque ! Toutefois, elle se garda bien de lui dire, préférant sourire à la fin de sa phrase. Elle avait déjà sa petite idée sur le sujet.

- Merci. Et je suppose que cette personne s'appelle Azalée, n'est-ce pas ?

Elle aurait donc le privilège d'avoir la future petite copine de celui qu'elle considère comme son petit frère dans son club de musique. Elle pourrait donc conseiller encore plus le jeune homme dès qu'elle en saurait plus sur elle. Si ce n'était pas parfait tout ça ? Puis, tel une petite ampoule qui s'éclairerait au-dessus de sa tête, elle se souvint que lui aussi, il était plutôt attiré par la musique.

- Et toi alors, tu ne fais pas de musique ? Dans mes souvenirs, tu me piquais assez souvent ma guitare pour que tu deviennes un grand musicien un jour. D'ailleurs, sache que tu m'en dois une neuve. Elle ne c'est toujours pas remise de ses cordes coupées. D'ailleurs, pourquoi tu les as coupé ?

Puis, tandis qu'Al lui fournissait une réponse, qu'elle n'entendit ou n'écoutait même pas, elle commença à se sentir nauséeuse et avant même qu'il puisse terminer ses explications qui devait sûrement être les mêmes qu'il lui aurait procuré il y a dix ans, elle parti en courant en direction des toilettes qui par chance, se trouvaient juste à côté.

- Et toi alors, tu ne fais pas de musique ? Dans mes souvenirs, tu me piquais assez souvent ma guitare pour que tu deviennes un grand musicien un jour. D'ailleurs, sache que tu m'en dois une neuve. Elle ne c'est toujours pas remise de ses cordes coupées. D'ailleurs, pourquoi tu les as coupé ?

Al se tortilla sur son banc, légèrement mal-à-l'aise. Avec le bol qu'il avait en ce moment, Maddie allait le supplier de s'inscrire dans son club de musique si elle apprenait qu'il jouait de plusieurs instruments. L'idée de le séduisant que très peu, il préféra utiliser sa technique dite de "la faufilade".

- Hmmoui, je fais toujours de la musique. Un peu. Pas beaucoup. Pas top niveau. Rhm rhm. Mais t'as question est étrange si tu veux mon avis. Pourquoi j'ai coupé les cordes de ta guitare ? Demande plutôt à un gamin de dix ans pourquoi il crise sans cesse. Aucune idée.

Or Maddie n'avait pas l'air captivée par cette réponse des plus pertinentes. À peine Al eût-il terminé de parler qu'elle se levait et se dirigeait précipitamment vers les toilettes. Un peu surpris, Al resta assis sur le banc une demi-seconde avant d'aller rejoindre la jeune femme. Il s'arrêta devant la porte des toilettes réservées aux filles, contempla le sigle quelques secondes, hésita, puis finalement, choisit de ne pas aller plus loin.

- Maddie ? Tout va bien ? demanda-t-il à travers la porte.

La tête au dessus de la cuvette des toilettes. Voilà comment était Maddie depuis quelques secondes et elle détestait déjà ça. En même temps, pas grand monde apprécie ce genre de situation. Et en plus des affreuses nausées qui commençait à lui courir sur le haricot, vint se rajouter des crampes abdominales et des ballonnements. Elle devait couver quelques choses, mais quoi ?

- Maddie ? Tout va bien ?

Elle releva la tête de la cuvette et prit une grand respiration. Ne pas régurgiter, ne pas régurgiter, ne surtout pas régurgiter... Elle se releva en prenant appuis sur la poignée se situant à côté des toilettes et ferma les yeux. Tout va bien dans le meilleur des mondes.

- Oui, dit-elle en réponse à Al, ne t'inquiète pas...

Elle se lava les mains une bonne dizaine de fois avant de sortir et de croiser le regard inquiet du jeune homme. Elle haussa un sourcil interrogateur.

- Je vais bien. J'ai du mal digérer mon repas du midi. Je vais mettre de côté les sushis et le poisson crus pendant un moment je crois...

- Oui, ne t'inquiètes pas... fit la voix de Maddie à travers la porte.

Al se détendit légèrement et s'adossa contre le mur en attendant qu'elle sorte. Même si son ton plutôt essoufflé n'était pas pour le rassurer entièrement.

- Je vais bien. J'ai du mal digérer mon repas du midi. Je vais mettre de côté les sushis et le poisson crus pendant un moment je crois...

Maddie et les sushis, une grande histoire d'amour. Elle avait toujours aimé ça d'autant qu'il s'en souvienne. Comme quoi, il ne fallait pas abuser des bonnes choses. C'était en quelques sortes, la rébellion du saumon...
Al la considéra de la tête aux pieds en haussant un sourcil circonspect. En effet, Maddie avait l'air de quelqu'un qui vient de descendre d'une montagne russe. Après l'avoir fait trois fois de suite. Dans les deux sens. Autant dire qu'elle n'avait pas l'air dans son assiette.

- Sûre ? T'es plutôt... verte, en fait. Tu veux pas que j'appelle le SAMU ? grimaça-t-il en retour.

- Sûre ? T'es plutôt... verte, en fait. Tu veux pas que j'appelle le SAMU ? grimaça-t-il en retour.

- Verte, dis-tu ? Peut-être que c'est le bon moment pour que j'essaie d'être embaucher à Cetelem. Avec énormément de chance, je serais très loin de toi, de ton horrible regard inquiet et de ton idée fortement stupide d'appeler le SAMU. Je vais bien mieux que ce que tu crois.

Madelyn croisa les bras sur sa poitrine et le regarda avec un léger regard sévère. Evidemment, ça ne collait absolument pas du tout avec sa personnalité puisqu'elle détestait s'énerver ou montrer sa colère et son éternel sourire revenait au galop. Voir au triple galop. Elle se maudit intérieurement pour son humeur toujours enjoué et soupira.

- Juré. Je ne vais pas mourir ce soir, ça ferait bien trop plaisir à certaines personnes. Donc, on en était où ? Ah oui ! La musique. Donc, tu oses me faire croire que tu n'as pas un bon niveau ? Ok...

Elle repartie en direction de sa guitare, posant sa main sur sa bouche à plusieurs reprises pour barré l'éventuel envie de régurgiter son plat du midi et attrapa sa guitare.

- Tu joues de quel instrument ?

- Verte, dis-tu ? Peut-être que c'est le bon moment pour que j'essaie d'être embaucher à Cetelem. Avec énormément de chance, je serais très loin de toi, de ton horrible regard inquiet et de ton idée fortement stupide d'appeler le SAMU.

Al leva les yeux au ciel avec un petit sourire. Ce caractère sévère n'allait pas du tout à Maddie. En fait elle n'était pas du tout crédible. Avec un point de compassion, il songea qu'elle allait en voir de toutes les couleurs en tant que surveillante. Non pas qu'il doutait de son autorité. Mais presque.

- Je vais bien mieux que ce que tu crois. Juré. Je ne vais pas mourir ce soir, ça ferait bien trop plaisir à certaines personnes. Donc, on en était où ? Ah oui ! La musique. Donc, tu oses me faire croire que tu n'as pas un bon niveau ? Ok...

Slurk. Voilà qu'elle remettait le sujet sur le tapis. Il n'étais pas sorti de l'auberge avec cette histoire de club. En même temps, il ne pouvait pas lui en vouloir de s'intéresser à lui après dix ans de séparation.
Al suivit donc Maddie jusqu'à sa guitare.

- Tu joues de quel instrument ?

- Batterie... et tamtam, grimaça Al à contre-cœur. Et j'essaye de me mettre à la guitare, ajouta-t-il d'une petite voix.

- Batterie... et tamtam, dit-il en grimaçant. Et j'essaye de me mettre à la guitare.

Cette fin de phrase avait été prononcé si basse qu'elle failli lui demander de répéter juste pour l'embêter. Mais elle avait un tout autre moyen pour le martyriser puisque visiblement, il n'avait pas du tout envie de lui montrer ses talents musicaux et encore moins ceux à la guitare. Serait-il probable qu'il est oublié les cours qu'elle lui avait donné ? Possible. De plus, elle n'était pas une très bonne professeur à l'époque... Voir même une très mauvaise quand on réfléchissait bien au sujet.
Elle lui tendit sa guitare avec un grand sourire.

- Montre moi ce que tu sais faire. On verra s'il était grand temps que je revienne ou non. Joue ce que tu veux ou n'importe quoi, la première chose qui te passe par la tête.

Elle s'assit sur le banc en croisant les jambes et posa ses mains sur ses genoux, prête à écouter le concert privé qu'il allait lui faire. Enfin, qu'il allait peut-être lui faire, car il n'a pas l'air très enchantée par l'idée. Elle lui fit signe de commencer, ne perdant pas son sourire radieux, et en oubliant presque ses petits maux de ventres et ses nausées.

- Si tu ne fais pas de fausses notes, peut-être que je te montrerais ce que moi, je sais faire. Dit-elle avec un sourire moqueur. Et tu auras droit à un petit chocolat...

- Montre moi ce que tu sais faire, déclara Maddie en lui tendant sa guitare. On verra s'il était grand temps que je revienne ou non. Joue ce que tu veux ou n'importe quoi, la première chose qui te passe par la tête.

Al grimaça. Super. Il allait devoir jouer d'un instrument qu'il ne maîtrisait pas devant tout le monde. S'il se ratait, il était bon pour une heure et demie de cours particulier, et si au contraire, il n'était pas trop mauvais, Maddie le traînerait de force dans son club de musique. Dans les deux cas, il était cuit. Al n'aurait pas pu rêver mieux.

- C'est bien parce que c'est toi et que tu viens de revenir, grommela-t-il néanmoins en attrapant la guitare.

Al s'assit à côté de Maddie et posa la guitare sur son genou croisé. Il chercha des yeux un capodastre dans l'étui, en vain, et se résigna. Le petit outil lui aurait été bien pratique pour s'éviter certains mouvements de doigts compliqués. Tant pis. Tout est dans le feeling...
Juste avant de commencer, Al ouvrit la bouche pour faire part à Maddie du morceau qu'il allait jouer, mais finalement la referma sans un mot. Au moins si la musique n'était pas reconnaissable, il pourrait dire qu'il l'avait inventée. Stratégie.
Al inspira profondément, plaça ses mains et se lança dans l'intro de Hotel California des Eagles. Le rythme était légèrement moins soutenu que dans l'originale, et Al ne pouvait retenir une grimace à chaque fausse note -moins nombreuses qu'il ne l'avait pensé, heureusement-, mais en somme, il trouva le morceau plutôt ressemblant. Du moins, suffisamment ressemblant pour un mec quasiment autodidacte en musique.
Après environ quarante secondes, Al arrêta de jouer.

- Voilà, voilà...

Maddie écouta attentivement le morceau que jouait Alphonse. Elle n'eut aucun mal à reconnaître le début d'Hotel California et hocha la tête comme pour confirmer ce bon choix de musique. Seulement, aïe, une fausse note. Elle fit une légère grimace et re-aïe, deuxième fausse note et donc deuxième grimace. Et ainsi de suite car il y en avait quand même quelques unes, certes, pas de très graves et qui se remarquait à peine pour quelqu'un ne connaissant rien à la musique, mais pour elle, musicienne aguerri, ça faisait mal aux oreilles.
Au bout d'une cinquantaine de secondes, Al termina l'intro et elle se leva pour s'approcher de lui, prenant un petit air déçue.

- Voilà, voilà...

- Franchement, commença-t-elle avec un petit ton sec, c'était...vraiment pas mal ! Bon, il y a eu quelques faux raccords, mais pas trop grave, je pourrais te faire corriger ça en à peine deux minutes. Je n'étais peut-être pas une si mauvaise professeur en fin de compte.

Elle lui reprit doucement la guitare des mains, passa la bandoulière autour de son cou et lui ébouriffa les cheveux, son passe-temps favoris depuis qu'elle était revenu. Et lui fit un clin d’œil.

- J'espère que tu viendras au club de musique. En fait non, je n'espère pas. Je t'y oblige. Et pas de mais ou d'excuses débiles. Tu viens, point barre.

Elle se mit en face de lui et prit son médiator afin de gratter quelques cordes de sa guitare.

- Tu veux entendre une pro ? Lui demanda-t-elle non sans ironie. Puis, pas n'importe laquelle, ta petite Maddie préférée.

- Franchement, commença-t-elle avec un petit ton sec, c'était...vraiment pas mal ! Bon, il y a eu quelques faux raccords, mais pas trop grave, je pourrais te faire corriger ça en à peine deux minutes. Je n'étais peut-être pas une si mauvaise professeur en fin de compte.

Bah bien sûr. Comme s'il se souvenait de ses soit-disant cours alors qu'il avait moins de huit ans... Surtout qu'Al ne s'était réellement intéressé à la guitare que deux ans plus tôt... Comment ça, "à la même date de sa première rencontre avec Azalée" ? Coïncidence, n'allez pas imaginer... Ouais bon ok. Al s'était intéressé à la guitare juste parce qu'il pensait que ça plaisait aux filles. Le plaisir de jouer était venu bien après.

- J'espère que tu viendras au club de musique. En fait non, je n'espère pas. Je t'y oblige. Et pas de mais ou d'excuses débiles. Tu viens, point barre.

Al ouvrit la bouche pour protester, mais Maddie ne lui en laissa pas le temps en reprenant la parole. De toute manière, elle ne pouvait pas l'obliger à venir. Et il comptait bien en profiter.  

- Tu veux entendre une pro ? lui demanda-t-elle non sans ironie. Puis, pas n'importe laquelle, ta petite Maddie préférée.

- J'ai le droit d'esquiver ton club si je dis oui ? répondit-il avec un grand sourire innocent.

Dire qu'elle s'attendait à ce genre de réponse serait mentir et dire qu'elle pensait une seule seconde qu'il ferrait du chantage, là aussi, ce serait mentir. Elle espérait sincèrement obtenir un joyeux et enthousiasme "Oui, va s'y" et à la place, elle devait faire face à cette pression supplémentaire. Surtout, qu'elle aurait du se douter qu'il ne lâcherait pas l'affaire si facilement. Le jeune homme était trop...intelligent, sournois, malin, rusé, et pleins d'autres synonymes encore, pour s'avouer vaincu si facilement. Elle ouvrit la bouche et la referma aussitôt. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien lui répondre ? Pas la moindre idée. Même pas une once d'idée. Rien du tout. Le néant total. Elle était partagé entre l'envie irrésistible de jouer -et pourquoi pas chanter- la chanson qu'elle lui jouait -et chantait- quand il était petit et l'envie folle de le voir au club de musique. En plus, elle pourrait être là lorsqu'il essaierait de renouer contact avec Azalée et elle pourrait se débrouiller pour les rapprocher de nouveau. C'était purement stratégique. Elle se gratta la tête et dévisagea Alphonse qui ne perdait pas son sourire, sûrement ravis de venir semer la zizanie dans son pauvre esprit. Effectivement, elle n'avait toujours pas trouver quelque chose à rétorquer pour s'en sortir gagnante de ce maudit duel et soyons franc, il ne l'a laisserait pas avoir le dernier mot de si tôt. Bwarf.

- Non, en revanche, tu auras un joli petit bisou. dit-elle en lui adressant un clin d'oeil. Alors soit sage.

Waiiiiiiii ! Lui parler comme quand il avait six ans, mais quelle douce et délicieuse idée, elle avait eu là. Comme si un bisou allait réussir à l’appâter. Stupide. Autant directement lui proposer un sachet remplit de bonbons ou les dernières cartes Pokemons, tiens ! Peut-être que l'effet serait même immédiat. Elle devait vraiment revoir ses phrases d'appâtement en fonction des âges, ça devenait crucial et indispensable à ce niveau.

- C'est bon, t'as gagné. dit-elle à contre cœur. Je ne jouerais rien.

Elle sourit, posa sa guitare dans son étui et repartie s’asseoir sur le banc. S'il croyait qu'elle allait le laisser s'échapper du cour, il se mettait le doigt dans l’œil. Non, non, non. Il viendrait.