« Sans imagination, l’amour n’a aucune chance. » [Azalée Chêne, Alphonse Feldmann & Keyvan Hesediel]

Le cours de biologie s'était terminé depuis une dizaine de minutes et la jeune fille avait préféré tracer sa route pour éviter de croiser Nawel et ainsi la sauver d'une mort imminente. Il était préférable pour elle, mais aussi pour Azalée qu'elles ne se rencontrent pas, sinon elle allait l'égorger/l'éventrer/la pendre pour avoir mit ses nerfs à l'épreuve durant cette première journée. En conséquence, elle n'avait pas attendu Alphonse, qui devait sûrement avoir envie de passer du temps avec la furie et qui, par politesse restait avec elle pour pas lui faire faux bon.

L'adolescente avait donc regagné les jardins de l'orphelinat dont les fleurs avaient pour la plupart éclos et faisaient partager leurs doux parfums à ceux qui leurs faisaient l'honneur de passer à côté. L'adolescent mit ses écouteurs dans les oreilles, activa sa playlist en mode aléatoire et afficha un léger sourire lorsque Boum Boum Boum de Mika commença. Cette chanson avait l'honneur et l'incroyable pouvoir de réussir à la faire retrouver le moral en quelques secondes. C'est donc le sourire aux lèvres qu'elle se mit en route pour le saule pleureur, se situant au milieu de la cour, là où elle aimait passer du temps pour lire et aussi pour écrire. Seulement, une main se posa sur son bras, l'empêchant d'aller plus loin. Elle pouvait entendre l'essoufflement de la personne, qui avait donc dû courir -et manquait cruellement d'entraînement sportif- et se tourna. C'est sans surprise qu'elle découvrît Al.

- Tu n'es pas avec Nawel ? Demanda-t-elle, comme pour s'excuser d'être partie si vite.

Juste après la sonnerie qui marquait la fin du cours de bio, Al avait voulu prendre le temps de ranger ses affaires -qui se résumaient en tout en pour tout à un stylo bic et une feuille blanche, vierge bien sûr. Il fut donc prit au dépourvu lorsqu'Azalée se leva et quitta la salle de classe sans l'attendre. Al accéléra donc le mouvement, balança son sac sur son épaule et couru à la suite de la jeune fille. Dans sa précipitation, il entra en collision avec un autre pensionnaire et dû s'arrêter pour s'excuser et l'aider à ramasser les livres qu'il avait lâché.
C'est donc quelques précieuses minutes plus tard qu'Al se remit à la recherche d'Azalée, zigzaguant entre les élèves qui trainaient dans les couloirs. Toujours pas de tête blonde en vu. Diantre, elle avait fui au pas de course !
Finalement, Al déboucha dans les jardins, et déjà essoufflé. Lui et le sport, ça faisait trente... Le jeune homme repéra alors Azalée qui flânait à côté du saule pleureur qui faisait la fierté de la directrice. Al sourit, réajusta son sac à dos, et se remit à courir dans sa direction, en soufflant comme un boeuf. Une fois à sa hauteur, il l'attrapa par le bras pour la faire se retourner. Ce qu'elle fit.

- Tu n'es pas avec Nawel ? Demanda-t-elle.

Al cligna plusieurs fois des yeux et failli répondre "Qui ça ?". L'idée d'attendre Nawel ne lui avait même pas effleuré l'esprit... Il souffla un bon coup pour essayer de retrouver un rythme cardiaque normal, puis répondit à Azalée :

- Euuh... Ben non, tu vois. Même si c'est vrai que, maintenant que tu m'y fais penser, j'aurais bien aimé une explication sur sa soudaine passion pour les chats japonais...

Azalée le regardait avec un air moqueur. Le pauvre, elle l'avait bien fait courir. Remarque, ce n'était une si mauvaise idée que ça, de partir si vite, si elle lui faisait faire du sport en prime. Peut-être qu'elle devrait mettre en place des cours particuliers dans cette matière aussi. Mais qu'est-ce qu'il pourrait bien accepter en échange de quelques sueurs ? Peut-être un paquet de M&M's, mais ça, elle préférait le garder pour elle.

- Euuh... Ben non, tu vois. Même si c'est vrai que, maintenant que tu m'y fais penser, j'aurais bien aimé une explication sur sa soudaine passion pour les chats japonais...

- Les chats d'Iriomote, dit-elle instinctivement, comme pour lui rappeler sur quoi le cours de bio avait porté, ils s'appellent comme ça. Et peut-être parce qu'elle apprécie le Japon, non ?

La jeune fille se fraya un passage entre les feuilles de l'arbre et posa son sac au pied de celui-ci. Elle ferma les yeux et prit un grand bol d'air frais. Elle aimait énormément cet endroit et peu de monde osait s'aventurer derrière les longues feuilles du saule pleureur, ils seraient donc tranquilles. Elle se tourna vers son ami en rouvrant les yeux.

- Tu ne trouves pas que cet endroit est romantique ?

Puis se rendant compte de sa gaffe, elle détourna légèrement le regard et se mit à rougir.

- Enfin... Je veux dire que...euh. Tu vois ce que je veux dire ? C'est...beau...

Minable. Elle était tout simplement minable.

Keyvan, poussé par Nawel n'avait pas eu d'autres choix que de suivre Alphonse qui suivait Azalée qui suivait... Personne. Et bien sûr, étant bien plus sportif que lui -enfin pas trop non plus- le jeune homme n'avait aucun mal à le suivre et avait failli se faire repérer plusieurs fois en le rattrapant. À chaque fois, il s'était arrêté juste à temps, évitant de faire capoter le plan de son amie, de devoir fournir des explications à son autre ami et de se faire botter les fesses par ses deux amis. Trop d'amis, on est d'accord. Il soupira à plusieurs reprises, promettant à lui-même de se venger. La vengeance est un plat qui se mange froid, voir glacé.

Il se mit derrière le tronc de l'arbre, presque collé à lui et écouta le dialogue entre les deux.

- Tu ne trouves pas que cet endroit est romantique ?

C'était la voix d'Azalée, et après un petit moment de silence, elle reprit.

- Enfin... Je veux dire que...euh. Tu vois ce que je veux dire ? C'est...beau...

Et, il choisit ce moment-là pour apparaître. Il sortit de sa cachette -Dans la mesure où on pouvait appeler le tronc d'un arbre une cachette, sauf si on est un elfe.- et se plaça devant les deux tourtereaux.

- Salut les jeunes !

- Les chats d'Iriomote, dit-elle, ils s'appellent comme ça. Et peut-être parce qu'elle apprécie le Japon, non ?

- Ça se tient. Même si au fond, ça reste des chats, japonais ou non...

Al soupira et suivit Azalée sous le saule, mais resta debout alors qu'elle s'asseyait. Il leva les yeux vers les branches touffues de l'arbre. Il s'étonnait de n'être jamais venu dans cet endroit, alors que ça faisait plus d'une douzaine d'année qu'il habitait à Evergreen. Nawel et lui avaient encore des progrès à faire en terme d'exploration de l'orphelinat...

- Tu ne trouves pas que cet endroit est romantique ? demanda Azalée. Enfin... Je veux dire que...euh. Tu vois ce que je veux dire ? C'est...beau... ajouta-t-elle précipitamment.

Un grand sourire fleurit sur le visage d'Alphonse, qui baissa les yeux vers la jeune fille. Il n'aurait pas dit mieux, et ça l'enchantait qu'elle m'ait dit la première. Or Al n'eût pas l'occasion de partager la réplique spirituelle qu'il préparait, puisque Keyvan débarqua.

- Salut les jeunes ! s'exclama son ami en se plantant en face d'eux, tout sourire.

Bon ok, Keyvan était son meilleur ami et tout ça, mais là, il débarquait au plus mauvais moment et Al se sentit soudain des pulsions meurtrières. Il lui sourit néanmoins et le salua d'une tape virile sur l'épaule.

- Salut Keyv'. Je te présente Azalée. Keyvan, Azalée. Azalée, Keyvan... On peut faire quelque chose pour toi ? lui demanda-t-il sans parvenir à cacher son air grognon.

Le jeune homme eut un petit sursaut lorsque son ami le salua avec une frappe sur l'épaule. Ça faisait longtemps qu'il n'y avait pas eu le droit et il préférait de loin quand ils se saluaient d'une façon moins...agressive. Si se faire la bise n'était pas un truc de filles, c'est avec plaisir qu'il lui aurait embrassé -en levant la jambe droite- les deux joues.

- Salut Keyv'. Je te présente Azalée. Keyvan, Azalée. Azalée, Keyvan... On peut faire quelque chose pour toi ? lui demanda-t-il sans parvenir à cacher son air grognon.

Le concerné se retint de dire qu'il la connaissait déjà. Et que les présentations ne servaient donc à rien. Alphonse aimait trop la politesse pour qu'il se permette de le couper. Il s'approcha donc de la charmante jeune fille, enfin, il se persuadait qu'elle était charmante, car lui, il préférait les brunes -et avec des atouts un peu plus avantageux- que les blondes. Et avant qu'elle ne puisse se relever, il se mit dans la position du chevalier servant, pas très charmant, lui prit sa main et déposa un baiser dessus.

- Enchantée ! Dit-il en lui lançant un doux regard.

Il se releva et passa un bras autour des épaules de son ami, qui devait intérieurement, bouillir de rage et sourit à Azalée.

- Je viens juste tenir compagnie à mon meilleur ami et à cette charmante demoiselle !

Puis à l'attention d'Alphonse, il baissa un peu le ton pour que seulement lui entende.

- Un roturier et une princesse, ça le fait moins, on est d'accord ? Donc le prince, sur son merveilleux chevalier blanc arrive. Et me voilà !

La jeune fille s'attendait à ce qu'Alphonse réponde, mais un jeune homme qu'elle avait déjà croisé plusieurs fois dans la bibliothèque et avec qui elle avait fait équipe pour un devoir de sciences se joint à eux. Elle jeta un léger coup d'œil à son ami et leva les yeux en ciel en voyant qu'il aurait préféré ne jamais le voir arriver.

- Salut Keyv'. Je te présente Azalée. Keyvan, Azalée. Azalée, Keyvan... On peut faire quelque chose pour toi ? lui demanda-t-il sans parvenir à cacher son air grognon.

Azalée cligna plusieurs fois des yeux quand il la salua d'une façon un peu trop distinguée, presque princier et qu'il embrassa sa main. Un simple sourire ou même une poignée de main aurait suffi. D'ailleurs, elle sentait déjà ses joues s'empourprer. Elle se mordit la lèvre inférieur et répondit en hésitant un peu.

- Enchantée !

- Euh... De même, Keyvan...

Il se redressa et elle fit de même, en époussetant sa robe pour la déplier et enlever l'herbe et/ou la terre qu'il devait avoir dessus. Et regarde les deux amis tour à tour et ne pas put s'empêcher de soupirer en l'entendant répondre à la question qu''Alphonse avait posé un peu avant. Ils ne seraient jamais, tous les deux, en paix ne serait-ce que deux heures. Elle les regarda s'échanger quelques paroles à voix basse et croisa les bras. Si elle les dérangeait, fallait lui dire tout de suite !

Al regarda le petit manège de Keyvan avec des yeux rond comme des soucoupes. Qu'est-ce qu'il lui prenait !? S'il ne le connaissais pas aussi bien, Al croirait que Keyvan draguait Azalée...

- Je viens juste tenir compagnie à mon meilleur ami et à cette charmante demoiselle !

...Ah bah non, il était bel et bien en train de draguer Azalée. Al se sentir bouillir intérieurement. À quoi il jouait au juste cet abruti ? On ne flirtait pas avec la copine de son meilleur pote, et devant ses yeux en plus ! Enfin la copine... Vous l'aurez compris. Al serra les points pour tenter de se calmer. L'amour rendait parano (et jaloux surtout), peut-être qu'il se faisait des idées et que Keyvan était juste en train de le taquiner. Pas de quoi en faire un drame.

- Un roturier et une princesse, ça le fait moins, on est d'accord ? Donc le prince, sur son merveilleux chevalier blanc arrive. Et me voilà ! lui chuchota Keyvan.

Si Al avait été un tigre, il aurait feulé en hérissant l'échine. Or il n'était pas un tigre, donc il se contenta de croiser les bras d'un air menaçant et se dégagea du bras de son ami. Un peu moins impressionnant que le tigre, certes.

- Je ne sais pas à quoi tu joues Keyv', rétorqua-t-il sur le même ton, mais je te conseille d'arrêter tout de suite. Conseil d'ami.

Alphonse se dégagea de son bras et parût tout de suite moins accueillant -déjà qu'il ne l'était pas beaucoup- qu'il y a quelques minutes.

- Je ne sais pas à quoi tu joues Keyv', mais je te conseille d'arrêter tout de suite. Conseil d'ami.

Il avait comprit qu'il se passait quelque chose, mais il ne savait pas quoi. Tant mieux. Ou Tant pis. Il n'aurait pas à subir sa colère, même s'il s'attendait à y avoir le droit un jour. Il détestait jouer des sales coups à Al, bien plus qu'à Nawel. La jeune fille cherchait la mouise, contrairement à lui. Mais, s'il avait découvert qu'il était de mèche avec Nawel, il n'aurait pas eu à continuer et serait une bonne fois pour toute débarrasser de ce fardeau. Il soupira et remit ses lunettes en place, ce qui accentuait encore plus son petit air de premier de la classe et de geek.

- Écoute-moi bien, mon cher ami, tu n'es pas le seul à avoir des vues sur cette fille depuis belle lurette. Dit-il en se retenant de grimacer. Alors, comme dit le dicton ; A l'amour comme à la guerre, tous les coups sont permis. Et je compte bien rentrer dans la danse moi aussi. Que ça te plaise ou non.

Il se mit en face de lui et posa ses mains sur ses épaules. Bon sang, qu'est-ce qu'il détestait faire ce job. (Oui, il ne faut pas oublier qu'il est payé pour ça.)

- Et moi, contrairement à toi, j'ai déjà travaillé avec elle par le passé ce qui, par conséquence, me place devant toi dans la course.

Il se tourna vers la jeune fille qui les regardait d'un regard désespéré et se racla la gorge.

- Alors, comment il avance ton bouquin ? Demanda-t-il avec un sourire collé -avec de la glue extra forte- aux lèvres.

- Écoute-moi bien, mon cher ami, tu n'es pas le seul à avoir des vues sur cette fille depuis belle lurette. Dit-il en se retenant de grimacer. Alors, comme dit le dicton ; A l'amour comme à la guerre, tous les coups sont permis. Et je compte bien rentrer dans la danse moi aussi. Que ça te plaise ou non.

Al lâcha un éclat de rire, sarcastique. C'était nouveau ça, depuis quand Keyvan louchait sur Azalée ? Surtout que, d'autant qu'il s'en souvienne, son ami s'intéressait davantage aux Mila Cunis et autres Megan Fox, rien à voir avec Azalée. Et même si c'était vrai, pourquoi ne l'avouer que maintenant, alors que lui avait enfin osé approcher la jeune fille ? Hmm.

- Et moi, contrairement à toi, j'ai déjà travaillé avec elle par le passé ce qui, par conséquence, me place devant toi dans la course.

Toute réflexion logique oubliée, Al fusilla son ami du regard.

- On verra bien... maugréa-t-il tandis que Keyvan se retournait vers Azalée.

- Alors, comment il avance ton bouquin ? demanda-t-il avec un sourire collé aux lèvres.

Al leva les yeux au ciel. Son ami faisait un bien piètre Dom Juan, Azalée ne tomberait jamais dans le panneau. Al enfonça ses mains dans les poches de son jean et shoota rageusement dans le petit caillou qui avait osé se trouvé devant sa chaussure.

Azalée regardait en soupirant de temps en temps, impuissante face à ce qui se tramait. Elle voyait très bien où ils voulaient en venir tous les deux et franchement, ça lui déplaisait beaucoup. Elle aimait les deux garçons, certes, mais en tant qu'amis et rien de plus. S'ils s'imaginaient qu'ils allaient devoir se battre pour l'avoir ou être celui qui réussira le premier à la faire rire, il s'enfonçait le doigt dans l'œil et jusqu'à la cataracte. Elle s'apprêtait à récupérer son sac pour partir et les laisser seuls à se chamailler comme deux gamins de cinq ans lorsque Keyvan lui posa une question. Ah. Au moins, il se souvenait qu'elle était encore là.

- Alors, comment il avance ton bouquin ?

- Aussi vite que la lumière. Répondit-elle en lui souriant. Je pense qu'il sera bouclé avant la fin du mois. Enfin, si j'arrive à avoir une minute pour moi.

Autant rentrer dans leur petit jeu, avec un peu de chance, ils se rendront bien vite compte qu'ils ont l'air complètement stupides à ce chamailler pour elle. Surtout, que s'ils la connaissaient, ne serait-ce qu'un peu plus, ils sauraient qu'elle refuserait de sortir avec qui que ce soit. Les études et ensuite les amourettes.

- Et toi, tu as réussi à faire ton clafoutis aux cerises pendant ton cours de cuisine ?

Elle ignorait si Alphonse était au courant que son ami prenait de tels cours et de toute façon, elle s'en fichait, puisque son but étant de faire une gaffe, ça l'arrangerait bien. Elle guetta leurs réactions et tant pis s'il était déjà au courant.

- Aussi vite que la lumière. Répondit-elle en lui souriant. Je pense qu'il sera bouclé avant la fin du mois. Enfin, si j'arrive à avoir une minute pour moi.

Comprendre : "Vous êtes lourds les gars, j'aimerais bien bouquiner tranquille". Aïe. Autant pour lui que pour Keyvan cette fois. Zéro partout, balle au centre. Note personnelle : éviter de se comporter en pervers psychopathe en suivant Azalée partout. De l'espace Al, de l'espace.

- Et toi, tu as réussi à faire ton clafoutis aux cerises pendant ton cours de cuisine ?

Cette fois, Al ne se gêna par pour éclater de rire. Il aurait embrassé Azalée sur le champs. Il ignorait que son ami prenait des cours de cuisine, il ne lui en avait jamais rien dit évidemment, mais cette révélation tombait à point nommé. De plus, il en aurait mis sa main au feu, Azalée savait que c'était sensé être secret. Elle l'avait fait exprès. Un à zéro, avantage à Alphonse.

- Sans rire Keyv', tu fais de la pâtisserie ? T'aurais dû m'en parler, je t'aurais pris en photo pour immortaliser cet instant magique pendant lequel les blancs d'oeufs se transforment en neige ! Ça doit être super émouvant pour un prince si sensible comme toi.

- Et toi, tu as réussi à faire ton clafoutis aux cerises pendant ton cours de cuisine ?

Keyvan ouvrit la bouche et la referma aussitôt en entendant Alphonse rire aux éclats. C'est justement pour éviter cette réaction qu'il n'avait jamais rien dit à son ami. Même Nawel aurait moins rigolé en l'apprenant. Bon. Il faut dire que Nawel serait sans doute ravis de l'apprendre. Gourmande comme elle est, elle se jetterait sur lui pour qu'il lui prépare un gâteau. Mais revenons à Alphonse. Il savait qu'il se foutrait royalement de lui et il avait préféré garder le secret. Pour tout le monde. Sauf Azalée. Ce jour-là, il lui avait dit sans vraiment réfléchir et maintenant, il commençait à regretter de ne pas s'être acheté un cerveau sur e-bay plus tôt. Il croisa les bras et foudroya du regard Al.

- Sans rire Keyv', tu fais de la pâtisserie ? T'aurais dû m'en parler, je t'aurais pris en photo pour immortaliser cet instant magique pendant lequel les blancs d'oeufs se transforment en neige ! Ça doit être super émouvant pour un prince si sensible comme toi.

- Sans rire Keyv'. Dit-il en l'imitant très exagérément pour se foutre de lui ou de lui-même en l’occurrence. Figure-toi que c'est tout un art de monter les œufs en neige et que ça demande un certain entraînement. Puis j'aimerais bien t'y voir, moi ! C'est déjà à peine si tu sais que pour faire de la purée Mousseline il faut rajouter du lait.

Il n'était donc pas au courant ? Tant mieux ! Son plan allait donc marcher à merveille. Elle laissa les deux jeunes hommes discuter. Enfin. Discuter. Oui, si on veut. Ils parlaient avec le ton de la voix un peu trop haute à son gout pour que ça soit une simple discussion, mais elle mit ça sur le compte de l'étonnement et peut-être un de l'énervement pour Keyvan. Après qu'il est débité de quoi se défendre et enfoncer un peu plus Alphonse, la jeune fille sourit et le regarda d'un air tendre.

- Moi, je trouve ça mignon un garçon qui cuisine ou fait de la pâtisserie. Dit-elle en jetant un petit coup d'œil à Al. Plus qu'un garçon qui t'écrit un poème ou te chante une chanson d'amour à la guitare. C'est moins courant et un peu moins gnangnan.

Evidemment, la jeune fille bluffait. Rien de mieux qu'un poème ou qu'une chanson d'amour joué à la guitare -ou au violon, piano etc.- pour la faire craquer et tomber dans les bras du jeune homme. Mais bon, cela, ça existe uniquement dans les livres girly qu'elle lit. Les garçons, même s'ils s'intéressent à la musique, n'auront jamais le cran de se la jouer poète ou musicien. Décidément, elle n'était pas du tout née à la bonne époque.

- Un joli gâteau avec marquer "Je t'aime" avec du glaçage. Ou alors un cookie en forme de cœur. C'est vraiment...trop mignon. Et délicieux aussi.

Elle devait vraiment se calmer, sinon, ça finirait par être louche. Heureusement qu'elle avait fait du théâtre et qu'elle était très bonne comédienne.

- En tout cas, je suis contente pour toi, Keyvan. Tu pourras me faire goûter un jour ? Et puis, on demandera à Alphonse de se joindre à nous. Peut-être qu'il verra qu'il n'avait aucune raisons de se moquer de toi si ouvertement.

- Sans rire Keyv', dit-il en l'imitant très exagérément. Figure-toi que c'est tout un art de monter les œufs en neige et que ça demande un certain entraînement. Puis j'aimerais bien t'y voir, moi ! C'est déjà à peine si tu sais que pour faire de la purée Mousseline il faut rajouter du lait.

Al leva les yeux aux ciel, plus amusé qu'autre chose. D'autant que son niveau en cuisine était loin d'être aussi lamentable que le laissait entendre Keyvan. Pas pâtissier non, mais il savait se débrouiller pour mijoter de bons petits plats.

- Moi, je trouve ça mignon un garçon qui cuisine ou fait de la pâtisserie, dit Azalée en jetant un petit coup d'œil à Al. Plus qu'un garçon qui t'écrit un poème ou te chante une chanson d'amour à la guitare. C'est moins courant et un peu moins gnangnan.

Et paf ! Prends ça pour ton grade Alphonse ! Lui qui avait justement prévu de lui jouer de la guitare -pas chanter, fallait pas pousser non plus-, c'était un peu fichu... Elle commençait franchement à le faire tourner en bourrique cette fille, il allait devenir fou si ça continuait ! Un coup elle était toute douce et gentille, et deux minutes plus tard... complètement différente.
Mais Azalée n'avait apparemment pas l'intention de s'arrêter en si bon chemin, et continua de vanter les mérites de l'art noble qu'était la pâtisserie. Pour le coup, Al n'aurait jamais imaginé qu'elle soit du genre à aimer les gâteaux et les glaçages d'amour. Trop niais pour lui en tout cas..

- En tout cas, je suis contente pour toi, Keyvan. Tu pourras me faire goûter un jour ? Et puis, on demandera à Alphonse de se joindre à nous. Peut-être qu'il verra qu'il n'avait aucune raisons de se moquer de toi si ouvertement.

Ben tiens, allons-y ! Organisons un petit cours particulier de cuisine tant qu'on y est ! Je vous tiendrai la chandelle pendant que vous montez des oeufs en neige ! Tss. Al fusilla Keyvan du regard. Quoi qu'il manigance, il le découvrirai. D'ailleurs quoi qu'il découvre, il allait regretter de s'intéresser à la même fille que lui.

Plus Azalée parlait, plus le jeune homme se forçait de sourire pour montrer que ce qu'elle disait le touchait, et de sourire ironiquement, pour bien mettre la pression à Alphonse, alors qu'au fond, il en avait absolument rien à faire et qu'il pensait à une seule et unique chose ; son argent et son extension de World of Warcraft. Il pensait également au moment où Nawel lui dirait d'arrêter ou au jour où son ami découvrirait qu'en fait, Azalée ne l'intéresse pas le moindre du monde et se dit qu'il avait plutôt intérêt à avoir une bonne assurance ou à fuir le pays illico presto.

- En tout cas, je suis contente pour toi, Keyvan. Tu pourras me faire goûter un jour ? Et puis, on demandera à Alphonse de se joindre à nous. Peut-être qu'il verra qu'il n'avait aucune raisons de se moquer de toi si ouvertement.

- Avec grand plaisir !

Cette fois, il parlait en tant qu'ami et pas en tant que petit ami potentiellement pas du tout intéressé. (Ne vous inquiétez pas si vous ne comprenez pas la phrase tout de suite. Prenez un Ricard et vous verrez que c'est tout de suite plus compréhensible !) Il s'avança vers Azalée et lui murmura quelques mots à l'oreille.

- Je pourrais même te faire un dîner. Mais, sans lui. Dit-il en pointant du doigt le volcan -Soit Alphonse- qui n'allait pas tarder à rentrer en irruption. Prend ça comme un rendez-vous.

Il lui sourit et se tourna vers Alphonse, d'un air triomphant. Il savait que Nawel n'était pas très loin et écoutait tout ce qu'il disait et épiait ses moindres gestes. Ça le rendait un peu nerveux d'ailleurs. Il ne devait pas la chercher, ni même faire comme ci il savait qu'elle devait être là et surtout, Alphonse ne devait pas la voir ou soupçonner qu'elle était de mèche, ou qu'il était de mèche. La vie de son extension était entre ses mains, et il savait qu'il pouvait la perdre à cause d'un raté.

Elle était ravie ! Ah, ça, pour l'être, elle l'était ! Ils tombaient tous les deux dans son piège et avec ça, elle pouvait prouver qu'ils ne valaient pas mieux l'un que l'autre. Une vraie bande d'idiots. Ils se battaient -presque- pour elle comme ci elle était un vulgaire objet avec plus ou moins de la valeur et rien de plus ne pouvait autant l'énerver. Elle était déçue de l'attitude de Keyvan, mais encore plus d'Alphonse, en qui elle avait totalement confiance. En quelques minutes, il s'était retrouvé avec les autres types qu'elle avait pu croiser. Tous sans cervelle. Elle soupira et lui adressa un petit regard désolé qui en disait long et haussa les sourcils lorsque Keyvan s'approcha d'elle pour lui murmurer quelques paroles.

- Je pourrais même te faire un dîner. Mais, sans lui. Dit-il en pointant du doigt le volcan -Soit Alphonse- qui n'allait pas tarder à rentrer en irruption. Prend ça comme un rendez-vous.

Un dîner ? Rien que ça. Azalée ne dit rien, un peu trop perturbée par sa proposition pour savoir quoi répondre. Elle ne voulait pas manger en tête-à-tête avec lui, bien qu'il soit fort sympathique, quand il n'essayait pas de la draguer, ce n'était pas son style de mec. Et de toute façon, elle ne souhaitait pas sortir avec un garçon tant qu'elle n'avait pas quitté l'orphelinat. Après tout, elle pouvait trouver bien mieux à l'université. Elle croisa les bras d'un air furieux. Elle leur laissait une dernière chance, pour la journée, sinon, elle partait. Et ce n'est pas l'envie qui lui manquait.

- Avec grand plaisir ! s'exclama Keyvan.

- Sans blague... marmonna Al dans sa barbe en croisant les bras sur son torse.

Mais alors qu'il pensait changer de sujet et passer à une discussion moins tendue, sinon il sentait qu'il allait exploser de frustration, Keyvan s'approcha d'Azalée -beaucoup trop près au goût d'Alphonse- et lui murmura quelque chose à l'oreille. Al serra les dents en se retenant de toutes ses forces de ne pas frapper son ami. Jusqu'au moment où ce dernier le pointa du doigt, tout en continuant à chuchoter de sorte qu'on ne pouvait entendre. C'en fut trop pour Al.

- Vous avez bientôt fini vous deux ? Non parce que je peux vous laisser papoter tranquillement aussi. Tenez, je peux même aller chercher une harpe, histoire de mettre l'ambiance !

Al n'était pas du tout du genre à chercher le conflit, encore moins quand il s'agissait de ses amis, il préférait largement la méthode "je laisse couler, ça finira bien par se tasser un jour". Or là, il était furieux -déjà il fallait y aller pour le mettre dans cet état- et plutôt que de se jeter sur Keyvan, il se défoula sur un caillou qu'il envoya voler du pied vers le fond du jardin.
À peine le caillou atterrit, Al inspira un grand coup pour essayer de se calmer. Sa réaction impulsive avait été complètement stupide et puérile. Azalée n'était pas sa copine, elle avait le droite de parler à un autre garçon. Arrête de te comporter comme un gamin capricieux Al, t'es ridicule, se morigéna-t-il intérieurement.

- Je vais y aller je crois, soupira-t-il finalement, vaincu, en faisant mine de tourner les talons.

- Vous avez bientôt fini vous deux ? Non parce que je peux vous laisser papoter tranquillement aussi. Tenez, je peux même aller chercher une harpe, histoire de mettre l'ambiance !

Azalée écarquilla les yeux et dévisagea Alphonse. Il avait donc fini par craquer. Même si la jeune fille n'attendait que ça pour pouvoir leur dire la vérité en face, elle était relativement déçue du comportement de son ami. Elle espérait qu'il aurait réagi autrement. Elle croisa les bras sur sa poitrine et regarda le pauvre cailloux sur qui il avait jeté son dévolu, voler à l'autre bout du jardin.

- Je vais y aller je crois. dit-il en soupirant.

Mais elle ne lui en laissa pas le temps. Elle l'attrapa par le bras, le tirant jusqu'à ce qu'il reprenne place à côté de Keyvan et se plaça devant eux. Elle regarda les deux garçons qui ne devaient plus rien y comprendre, prit une grande respiration et se lança.

- Vous êtes qu'une bande d'idiots sans cervelle ! Je vois très bien à quoi vous vous amusez et sincèrement, je ne trouve pas ça drôle. Pas du tout même. Vous pensez que vous pouvez m'acheter ou vous battre pour moi comme ci j'étais un trophée ? Vous avez tort.

Elle attrapa son sac et le mit sur ses épaules.

- Je vais être franche avec vous. Je ne veux pas de petit copain ! Je veux juste des amis. Mais visiblement, vous êtes tous les mêmes, vous les gars. Alors merci de m'avoir pourrit ma journée qui avait si bien commencé. Dit-elle à l'attention d'Alphonse, car avant qu'ils viennent se disputer comme deux chiots pour une balle, tout allait à merveille. Et au revoir. Et pas la peine d'essayer de me rattraper en courant.

Sur ces belles paroles, elle tourna les talons, poussa rageusement les feuilles du saule pleureur et partie en poussant de longs et profonds soupirs.